J45 – dimanche 12/7 – Neeltje Jans(PB) / Port de Rotterdam (PB)

« Gut morgen Zeeland ! ». Après une pissouille nocturne où il a fallu que je m’extirpe de mon duvet puis de mon perchoir (mais la voûte étoilée valait bien cet effort obligé), je suis réveillé par le concert des mouettes sous un magnifique ciel bleu. Le camp est vite plié et à 7h30 je suis déjà le cul sur mon fidèle destrier. Le moral est, comme le ciel, au beau fixe malgré la seulitude et la barrière de la langue. Je sors de cette presqu’ile en contemplant à nouveau ces impressionnants barrages sensés protégés les polders. Mais entre le dérèglement climatique annoncé par les scientifiques depuis des années, les faibles mesures prises pour tous les gouvernements des pays riches et le manque d’implication d’un grand nombre de citoyens quant à leur consommation énergétique, il faut espérer que ces barrages soient suffisants. Dans les pays pauvres (pardon, « en voie de développement ») qui, en plus, n’y sont pas pour grand chose dans ce dérèglement, les populations n’auront, hélas, pas toute cette technologie pour les protéger. Et quand ils voudront venir chez nous plutôt que de crever, on les rejettera à la mer. Histoire connue. Triste humanité …

Je continue à remonter vers le nord-ouest toujours en suivant l’EV12 et traverse cette fois-ci la presqu’île de Schouwen-Duiveland. L’itinéraire emprunte une piste cyclable au pied des dunes en longeant la mer. Le spectacle des yeux est au rendez-vous en ce beau dimanche matin.

Par contre, j’essaie de rentrer dans les terres à Renesse pour trouver un café mais tout est encore fermé. J’y trouve quand même un joli moulin et ces maisons typiques en briques marron.

Je franchis à nouveau une digue pour arriver sur la presqu’île de Goree-Overflakee. Les cyclistes du dimanche matin s’en donnent à cœur joie et ce sont de nombreux groupes que je croisent ou qui me doublent roulant à bon rythme sur ce terrain plat et sans le danger permanent des bagnoles vous rasant les miches.

Comme je ne traverse aucun village pour trouver un café, je m’arrête finalement dans un superbe camping non loin de l’EV12. Puis je reprends ma route et, peu de temps après, me fais justement doubler par un important peloton de cyclistes aux couleurs bleues. Je m’accroche pour essayer de prendre la roue vu que j’ai vent dans le nez. Un des cyclistes me double et m’interpelle dans un très bon français. C’est un ancien capitaine de bateau, qui après avoir pas mal bourlingué, est parti avec femme et enfants vivre à St-Jean-de-Luz pendant 6 ans où il a bossé au centre Hélianthal. Nous discutons de concert et il m’indique que nous allons traversé le 1er barrage construit dans les années 1950 pour créer un polder sur cette région inondée auparavant. Manque de bol pour accéder au-dit barrage, il y a une grimpette et, avec mes sacoches, impossible de suivre le rythme du peloton. Je lui fais signe de continuer et de rejoindre son groupe. Je me retrouve à nouveau seul mais cela était sympa de pouvoir converser quelques instants en français.

Mais il est déjà midi passé et le p’tit déj’ est fort loin. Juste aprè s ce barrage, il y a une grande plage de sable blanc avec une terrasse devant. Je m’arrête mais ils ne font que restauration en ce dimanche ensoleillé. C’est bondé et cher. Je m’arrête quand même sur un banc et finis mes dernières provisions : 2 tranches de pain, le reste de mes rillettes du Mans du pays paternel, un morceau de fromage et mes derniers gâteaux secs. Cela va faire juste pour tenir jusqu’à ce soir à moins que je ne trouve une friterie sur la route. Puis je m’allonge sur mon banc et me tape une bonne sieste dominicale avant de repartir vers Rotterdam.

Je zigouiguite dans la campagne néerlandaise en suivant l’itinéraire EV12 qui n’emprunte que des pistes cyclables. C’est plat, calme, propre. Pas un bruit de voiture. Que des tintements de sonnettes de temps en temps pour avertir de l’arrivée d’un cycliste. Et, comme hier, ils sont fort nombreux à se balader en couple, en famille, en peloton de lycra. C’est vraiment impressionnant. Je m’arrête à nouveau en bordure de plage à Oostvoorne dans un café-restaurant classe pour y prendre un café-gâteau au bar vu que toutes les tables sont occupées. L’addition (7,75€) est plutôt corsée mais vu l’emplacement et le cadre. Ce sera mon petit plaisir dominical.

Par contre, en pianotant sur ce blog pendant cet intermède, je m’aperçois du bond des connexions probablement dû à l’article de La Dépêche de vendredi. Bienvenue aux nouveaux lecteurs. J’espère que aurez plaisir à me lire et partager mes sensations, mes émotions, mes états d’âme, mon parcours de vie aussi, alors que l’heure de la retraite va bientôt sonner, qui m’a fait partir seul sur ce voyage itinérant. J’espère aussi que cela ne me mettra pas une pression supplémentaire bien que je l’ai abandonnée depuis quelques temps déjà avec ma nouvelle orientation de vie …

En sortant de ce restaurant, je retrouve mes panneaux avec celui de l’EV12 (en bas du poteau) que j’essaie de ne pas rater sinon c’est jardinage assuré.

Après quelques kilomètres, c’est changement radical de décor. J’arrive dans le port de Rotterdam, un des plus grands ports européens (si ce n’est le plus grand). Je roule un moment dans cet impressionnant capharnaüm en suivant attentivement les panneaux EV12 avant d’arriver devant un cul-de-sac, en fait un embarcadère, qui m’oblige à prendre un ferry. J’allais dire que j’étais content d’être dimanche et de ne pas avoir à subir la circulation, que j’imagine incessante, de poids-lourds et de voitures. Mais là, il me faut patienter …

D’ailleurs, en voyant tous ces porte-containers, je me souviens d’une anecdote d’un pote d’Atos qui me racontait que, pour ne pas se faire piller les containers de paires de chaussures Nike venant des pays d’Asie, ces chaussures voyageaient dans 2 containers différents : un pour les chaussures gauches, un autre pour les droites !

Il est 16h30 à l’arrêt « Aanlegplaats Antarcticaweg Maasvlakte ». Le prochain ferry à destination de Berghaven à 3kms au nord est annoncé à 17h01 en période estivale. Une bande de jeunes à scooter arrivent et me disent qu’ils attendent aussi ce ferry.

Je profite de cette attente pour regarder le trafic incessant de ces monstrueux navires tractés par des remorqueurs et transportant ces containers comme s’il s’agissait de simples fétus de paille.

Un autre navire étonnant me passe devant le nez; j’imagine qu’il doit installer des éoliennes ou des plateformes pétrolières en mer.

Par contre, l’horaire de 17h01 est passé et toujours pas ferry en vue. On patiente. 17h15 toujours rien. On vérifie l’horaire sur le panneau. C’est pourtant bien cela. Un des jeunes consulte le site RET et s’aperçoit que les horaires sont dorénavant ceux de la période d’hiver … donc pas de ferry les samedis et dimanches. D’ailleurs, sur la vitre de l’arrêt, c’est marqué en néerlandais. Dommage que mon pote David d’Utrecht, collègue d’AtoS parti bosser à Paris pour les J02024 avec Carole son ariégeoise de femme et leurs deux ados Néo et Eline (famille de triathlètes), n’ait pas été là pour me traduire ! Je vous embrasse tous les quatre.

Les jeunes ont les boules car ils ont acheté le ticket sur Internet. Ils repartent sur leur scooter et me laissent seul au milieu de ce no man’s land. Je consulte Maps.me mon ami et constate qu’il me faut faire au moins 40kms pour contourner tous les bassins et, encore, il me manque un bout de carte du nord de cette zone … Il est 17h30 et je n’ai vraiment pas envie de me taper au moins 2h30 de vélo dans ce foutoir. Je décide donc de m’arrêter là et d’attendre le premier ferry de 6h du mat’ ou celui de 7h10. Je suis protégé du vent dans mon abri de plexiglass et je bivouaquerai là en compagnie de Gustave bien que j’ai du mal à accrocher son lancinant récit.

Une nouvelle fois, il me faut accepter les impondérables de cette itinérance. Surtout rester cool et zen. Il est 18h00 et j’ai franchement les crocs après mon déjeuner très léger de ce midi. Je me prépare donc un sachet de Tipiak pour 3 personnes, malheureusement sans pain, que j’avale sans coup férir. En dessert ce sera ma dernière barre de chocolat accompagnée d’une casserole de thé ! Demain, il faut que je réapprovisionne le frigo. Fin de cette journée bizarre avec ce contraste saisissant entre, d’un côté, le calme verdoyant de la campagne et, de l’autre, le trafic et l’activité incessants de cette zone portuaire déshumanisée où j’ai droit au même concert qu’hier soir.

Résumé : 85kms, 4h45, 17.4km/h, bivouac

2 réflexions sur “J45 – dimanche 12/7 – Neeltje Jans(PB) / Port de Rotterdam (PB)

  1. Content que l’on soit de plus en plus nombreux à te lire, mais pas de pression, continues à être cool et à nous faire plaisir.
    Bon vent
    Amicalement
    marcel

  2. Salut Gaël,
    Bravo pour tous ces tours de pédales, quelle que soit la météo et les détours à faire pour arriver et merci pour ce récit quotidien palpitant de ton aventure européenne en binôme avec ton destrier. De mon balcon, je vois ta voiture, elle, elle n’a pas bougé… Bonne continuation sur les pistes et que les vents te soient favorables. Amicalement, Florence

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