J49 – jeudi 16/7 – Burdaard(PB) / Bierum(PB)

Sommeil perturbé par cette histoire de lunettes. J’ai horreur de perdre mes affaires d’autant plus que je m’étais fait plaisir avec cette paire pour laquelle j’avais aussi des verres correcteurs pour pouvoir lire mes cartes. Tant pis pour moi. Le ciel est encore bien chargé ce matin mais il ne pleut pas. Je plie bagage et repars déjeuner sur ma table. A 8h, Georges me rapporte mon iPad chargé à 100% comme prévu. On discute pendant que je prends mon déjeuner et viens l’heure des adieux toujours difficiles. Content d’avoir fait cette pause dans ce petit camping familial à un prix très correct (6,50€). Je reprends mon chemin le long des canaux et des prairies, où paissent d’immenses troupeaux de vaches, pour retrouver la côte et la CustRoute.

Même au milieu de nulle part, je circule sur un réseau cyclable très bien entretenu. C’est vraiment incroyable.

Je croise aussi des moulins de différentes époques …

… et fait parfois de drôles de rencontre au croisement d’une piste.

Je finis par retrouver mon EV12 qui longe à nouveau cette immense digue. Par contre, il me faut rouler sous la digue au risque de me retrouver coincer par une barrière fermée à clé qui délimite les enclos à moutons. Mais je n’arrive pas à trouver un café-restau ouvert (je pense qu’ils n’ouvrent qu’à partir de 11h) dans les charmants villages traversés.

J’aime aussi tomber sur ces belles maisons ou fermes où, souvent, une partie de la toiture est en tuile réfractaire et l’autre en chaume. Souvent aussi les volets sont peints en rouge et blanc. Si David pouvait nous éclairer sur ces 2 points …

Juste avant d’arriver au Nationaal Park Lauwersmeer, une mer intérieure formant un lac immense, je tombe sur un combi Mercedes à l’écart de toute circulation immatriculé en Vendée. Je m’arrête et discute un moment avec ce couple de vendéens à la retraite adepte des voyages hors des sentiers battus à l’image de mon oncle Dédé et de Claudie. Ils habitent en-dessous des Sables d’Olonne au bord de la piste cyclable de l’EV4 et sillonnent l’Europe à bord de leur combi aménagé par monsieur. Ils me donnent de précieux conseils pour l’UrtiGrünten que j’espère prendre en Norvège.

Je finis par trouver un café ouvert dans le port de Lauwersoog. Je me pose devant le port de pêche alors que des trouées de ciel bleu font leur apparition. J’en profite pour appeler le fiston qui est à sa salle de sport de bon matin (il doit 7h du mat’ à Montréal) et mon vieux pote Christian qui pense à me rejoindre. Je papote, je discute, je traînasse et il est déjà midi passé. Le restau-self se remplit mais je préfère continuer ma route et trouver un endroit plus calme. Je reprends donc la digue …

avec toujours ce choix de prendre soit côté mer mais avec le risque de se retrouver devant un « encloclo » et de devoir grimper puis redescendre la butte,

soit côté terre mais le paysage est plus monotone et les crottes de mouton plus abondantes.

Alors que je me suis arrêté pour prendre ces photos, je suis abordé par un couple de cyclistes allemands, Peter et sa femme, en goguette dans le coin. Ils sont de Leer où je devrais passer. Peter me parle d’amis qui avaient vendu tout leur bien et étaient partis du Cap Nord pour rejoindre Gibraltar à vélo avec un camping-car suiveur pour gérer l’assistance. Beau périple quand même … Cela me fait penser à ce mode de vie appelé « minimalisme » auquel je dois appartenir depuis bientôt 2 ans. Digression.

A 22 ans, alors que j’étais prestataire de service informatique et que j’accumulais les déplacements, et ses fameux frais de dép’ qui me faisaient presque doubler mon salaire, j’ai bien failli me marier. J’avais un bel appartement meublé « Roche & Bobois » sis sur les rives de Cher à Tours.

A 28 ans, j’étais marié avec la maman de Gwen et m’étais bagarré pour récupérer la garde de sa demi-sœur aînée Nathalie, qui vit actuellement à Mayotte avec son compagnon Thierry (gros bisous à tous les deux) et avais acheté une vieille maison périgourdine avec piscine dans le village magnifique de Lanquais à une vingtaine de kms à l’est de Bergerac.

A 30 ans (le jour même de mes 30 ans mais ça c’est une autre histoire), j’ai tout perdu : boulot, maison, fric et surtout mes fille et belle-fille.

A 32 ans, le crabe m’avait attaqué sur mon point faible : la peau. Un an sur la carreau à me battre et à comprendre que la vie peut s’arrêter du jour au lendemain. Ma vision des choses changea totalement.

A 38 ans, je vivais avec la belle Hélène, voileuse et baroudeuse, rencontrée au début de mes emmerdes de santé, et bientôt papa du Titouan. Nous vivions dans ce bel appart’ blagnacais tout retapé au 4é et dernier étage avec vue sur tout Blagnac et Toulouse.

A 44 ans, je rencontrais Coco avec qui je vécus une relation passionnée et orageuse. J’habitais, en mode garde alternée, dans sa grande maison beauzelloise avec sa fille Marine et aussi sa nièce Eva.

A 56 ans, Titouan parti étudier à Montréal, je vendais tout mon mobilier et électro-ménager de l’appartement où je vivais avec mon fils pour m’installer chez Coco dans son superbe appart’ de Compans-Caffarelli avec vue sur le jardin japonais.

A 58 ans, je décidais de tout envoyer balader à force d’à force et m’installais dans mon petit meublé de 25m2 à 800m de l’Arche et 600m de mon atelier vélo.

A 60 ans quand l’heure de la retraite aura sonnée, je pense que je larguerais les amarres et je verrai alors où le vent me mènera … Tout cela pour dire que, j’ai compris depuis fort longtemps déjà que la richesse matérielle n’était vraiment pas en finalité en soi. Je crois que je n’ai jamais aussi serein et heureux depuis que je suis libre comme l’air. Comme j’aime à répéter cette phrase de Gandhi : « Le bonheur est l’harmonie entre ce que je pense, ce que je dis et ce que je fais. »

En clair, je pense qu’il nous faut adopter un mode de vie beaucoup plus respectueux de la Nature et de l’Homme. Je le dis en militant au sein d’associations environnementales et de promotion de la marche et du vélo ainsi qu’au niveau politique. Je le fais en m’engageant personnellement dans des actions écologiques, solidaires et citoyennes et, aussi, en étant « minimaliste ». Ce voyage itinérant en est d’ailleurs une forme. Je suis heureux. Fin de la digression.

Je les abandonne et continue à tracer mon sillon en ayant abandonné la route de l’EV12 qui s’enfonçait dans les terres. Mais, alors que je ne trouve aucun village, ni aucun commerce sur ma route et qu’il fait faim, je m’enfile un demi paquet de gaufrettes au miel en attendant mieux.

Vers 15h00, j’arrive à Zielhos dans un port minuscule …

… où il y a une guinguette à la déco pour le moins ancienne. J’y mange un Toasti Classic avant de repartir.

Je reprends la digue et c’est reparti mon kiki. Grosse plaque et en avant toutes et tous, je pousse ! J’arrive en vue d’un énorme complexe d’éoliennes qui, d’après les panneaux, produit 8.000 MW. C’est impressionnant.

Par contre, à force d’appuyer comme un forcené sur les pédales, j’en ai une qui se barre. Depuis quelques kilomètres, j’avais du mal à changer les plateaux et je comprends maintenant pourquoi. Les vis se sont desserrées et la vis centrale en plastique est faussée. Je démonte l’axe et en profite pour nettoyer tout cela. Entre le sable, la boue, la pluie et les merdes de moutons, veaux, vaches, cochons … le matos morfle sacrément. Je remonte la pédale et … oui, je sais, pas trop fort quand même !

L’heure avance et il faut que je trouve du pain et autres denrées pour fêter dignement mon 49é jour de vadrouille. Et oui, moi c’est le 49 mon chiffre fétiche. 49 (Maine&Loire) pour mon département de naissance. 1h19’49 sur demi, 2h49 sur marathon, 9h49 sur 100kms en course à pieds. Et j’espère vivre en bonne santé jusqu’au 4.9.49. Je pense que 88 ans sera un bel âge pour passer à autre chose. Je dégote un commerce à Slijk et m’y rend. Le village est charmant avec son vieux moulin …

et son église ceinturée d’eau (je n’avais encore jamais vu cela !).

Sur les recommandations de mon pote David, je m’achète des harengs aux oignons avec quelques patates que je trouve au rayon traiteur, du pain Mueslibrood et une bière Grolsch. Ce sera repas de gala ce soir. Ensuite, il me faut trouver un bivouac sympa. Je me dirige vers la digue et, coup de bol incroyable, je longe une maison avec, sur le côté, une cabane avec un panneau OPEN.

Je m’arrête, pause mon vélo, frappe à la porte. Une femme m’accueille très chaleureusement. Je lui demande si je peux installer ma tente dans le jardin et elle acquiesce tout sourire en me faisant visiter son domaine. Finalement, je choisirais de dormir allongé dans le salon de thé et dîner dans la maison des sorcières. Et oui, la dame est une sorcière ! Incroyable mais vrai …

Fin de cette longue journée à suivre « la digue – la digue, de Nantes à Montaigu , la digue du cul » qui se finit en apothéose.

Résumé : 100kms, 5h20, 18.6km/h, bivouac

3 réflexions sur “J49 – jeudi 16/7 – Burdaard(PB) / Bierum(PB)

  1. Salut Gaêl
    Je vais pouvoir me consacrer davantage à toi avec la fin du love tour. Cela me faisait beaucoup de kilomètres par jour et le soir j’étais crevé. Surtout qu’ils s’ajoutaient à mes propres kilomètres journaliers… et puis toi avec beaucoup de pluie, le love tour avec de la chaleur, moi avec mes 44°C de moyenne, c’était trop pour un vieil homme.
    Tout ça pour te dire que je me régale de te suivre, et me donne envie d’enfourcher « vinso » mon compagnon d’aventure qui n’est plus réduit qu’à aller faire les courses.
    Bon vent!!
    amicalement

  2. Gael
    Je suis avec attention tes étapes je vois que tu as un fidéle lecteur en la personne de Marcelou
    as qui j’ai donné ton blog
    Marcelou est un homme extraordinaire et un gran humaniste mais aussi un énorme baroudeur
    Encore BRAVO
    Bise j louis

  3. Hello coach,

    Tu sais les Bataves sont assez pragmatiques. J’ai regardé rapidement la photo avec les deux toitures. C’et assez simple, la partie ferme qui est ancienne est en toit de chaume, la partie ‘récente’ (tout est relatif) est en tuile. Parfois, c’est aussi en fonction de la pente de la toiture, pour la chaume faut de grande pentes, un peu comme les toits en ardoises en France. Pour les volets, souvent c’est soit en carré, soit en croix (St Andréas) ou parfois encore en forme de l’emblème ancien du seigneur qui régnait localement. Le rouge en général aux pays bas représente le peuple, le blanc l’église.

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