J17 – jeudi 28 avril – Jankovic / Shengjin (AL)

Réveillé dès potron-minet, je traîne un peu en attendant que le soleil pointe au-dessus de la montagne. Je sors alors de ma tente pour aller déjeuner sur mon promontoire rocheux en attendant que le soleil fasse son office de sèche-tente. Une fois que tout est sec, je plie mon barda et reprends mon périple.

Je décide de prendre la petite route en direction de Krute plutôt que de redescendre sur le bord de mer. Bien m’en prend. Cette route, quoique bien défoncée, suit les courbes de niveau de la montagne.

Je chemine à travers la campagne verdoyante en-dessous de la montagne noire. C’est d’ailleurs la traduction de « Monténégro », Montagne Noire comme celle du Tarn chère à Guillaume, responsable du maraîchage à L’Arche. De petits cimetières mulsumans jalonnent cette route, toutes les sépultures tournées vers la Mecque.

Je croise aussi énormément d’anciennes Golf VW à la calandre carrée (pour info, le litre de diésel est ici à 1,75€). Elles crachotent noire, puent le caoutchouc brulé et doivent avoir pas mal de kms au compteur. Même constat déplorable pour l’environnement avec ces ordures en bordure de route et ces dépôts sauvages qui abiment Dame Nature. Pour en revenir à la Golf, j’avais le même modèle, que ceux croisés, à l’époque de mes 20 ans alors que je travaillais, en tant que prestataire, au service informatique du CRCAM de Tours. La mienne était de couleur bleue ciel. Elle m’avait été vendue par le secrétaire général du FC Tours qui jouait à l’époque en 1ère division. Omar Da Fonseca y plantait but sur but.

Arrivé à Krute, je bifurque à droite sur la route panoramique 3 pour redescendre vers Ulcinj. Je retrouve du bon bitume et un peu plus de circulation. Mais cela reste très calme. Je passe sous les éoliennes puis, plutôt que de rentrer en ville, je prends la direction des marais salants et de l’Albanie à quelques encablures. Je m’arrête dans un café à la musique arabisante. Pas de bol, la Wifi ne passe bien. Je pense à ce triste sire de Zemmour et sa cohorte puante de machos-fachos. Ils devraient venir passer des vacances ici. Ils seraient très bien reçus … Quant aux 13 millions de votants pour l’amie des chats, cela implique que la fracture sociale va être très compliquée à résorber. Bon courage à monsieur l’ami des riches.

Par contre, en consultant mes cartes, je découvre stupéfait qu’il n’y a pas de poste frontière le long de la côte ! J’avais tracé mon itinéraire jusqu’à Ulcinj. Je dois remonter à Krute à une dizaine de kms et basculer dans la montagne pour franchir le seul poste frontière. A la bifurcation de Krute, dommage qu’aucun panneau n’ait signalé l’Albanie à gauche. J’en suis pour une heure perdue. Il fait beau. Le paysage est splendide. J’ai encore toute la vie devant moi. Qu’est-ce qu’une heure dans une vie ?

A 13h00, j’arrive au poste frontière. Malgré l’heure du déjeuner, de nombreuses voitures attendent. Je prends la file avant qu’un douanier me fasse passer sur le côté, privilège des cyclotouristes ! D’ailleurs, en arrivant à ce poste frontière, je croise deux jeunes allemandes. Elles sont parties d’Athènes et remontent en Croatie. Décidément, c’est le trip à la mode !

Je file à bonne allure vers l’Albanie à travers une grande plaine verdoyante. De minuscules villages où un minaret surplombent les maisons, sont accrochés à cette montagne noire.

Une fois la frontière franchie, l’ambiance change radicalement. Alors que les croates est monténégrins sont très fermés et distants, les premiers enfants croisés me saluent d’un Hello. Deux ados en scooter me proposent de m’accrocher au bras du conducteur pour filer plus vite. Au départ, comme il me montrait son bras, je pensais qu’il me demandait ce que j’avais sur le bras. En l’occurence, mes manchons blancs que je portent pour éviter de prendre trop le soleil. De même, je porte une casquette. J’ai opté aussi pour un short Fox de VTTiste. Et, enfin, je me badigeonne le pif avec de la crème pour éviter que le p’tit cœur sur le bout de mon nez ne prenne trop le soleil, cancer de la peau oblige …

Vers 13h30, je m’arrête à Zues dans un restaurant nommé « Panorama »en bordure de la rivière Bojana-Buna qui marque la frontière entre ces 2 pays à l’emblème presque identique. La carte est très simple (ce qui est toujours bon signe) : 4 choix de poisson ou un mix -ou- 3 choix de viande -ou- 3 choix de salade composée. Je choisis le mix de poissons qui m’est servi avec une énorme galette de maïs. Je me régale et termine les 2 plats ! Tout cela pour la modique somme de 11€, bière et café compris.

Je reprends ma route jusqu’à la confluence de ce fleuve et 2 autres rivières : Drini & Kir (on dirait le nom d’apéros !) qui alimentent le fameux lac de Skadar. Je m’y arrête pour surprendre 2 pin-up en pleine prise de selfie.

Puis je poursuis en empruntant un réseau de petites routes de campagne afin d’éviter l’axe principal la route SH1. J’ai vraiment l’impression de faire un bond en arrière dans le temps. Beaucoup de personnes circulent à vélo ou en scooter (même à 3 dessus !) voire en charrette tirée par un cheval. Concernant les vélos, je pourrais monter un atelier d’entretien vu l’état de la plupart. Ces routes de campagne sont bien défoncées et je dois redoubler d’attention pour ne pas me prendre un méchant trou.

Dans les champs, j’aperçois des paysannes avec de grands fichus blancs sur la tête ou de vieux paysans travailler la terre à la bêche ou rassembler l’herbe fauchée à la fourche. Quand ce n’est pas un vieux berger menant son troupeau de moutons au pâturage …

Ce qui me choque également est ce nombre incalculable de bunkers disséminés dans la campagne. Celui pris en photo a été transformé en enclos à cochon ! D’ailleurs, alors que je suivais une route parallèle à la rivière Lumi Drin, j’arrive devant une barrière qui marque l’entrée d’un camp militaire avec, sur la droite, plusieurs bunkers (probablement des réserves de munitions) creusées dans la montagne.

J’ai raté la passerelle qui franchit cette rivière. Je dois faire demi-tour. Il est bientôt 17h et je me pose la question de m’arrêter là pour aujourd’hui. Quand je vois débarquer d’autres cyclistes qui ont fait la même erreur que moi. Ce sont 4 autrichiens de Graz qui sont en mode Gravel. Ils sont partis de Dubrovnik et se dirigent vers Athènes. L’an dernier, ils avaient roulé de Graz à Dubrovnik. Ils me disent qu’ils se dirigent vers Lezhë en bord de mer où ils ont réservé un hôtel. Finalement, je me décide à les suivre. Je prends le train en marche et colle aux basques de ce quatuor en roue majeure.

Cela fait du bien de discuter et de rouler en groupe comme lorsque je sors avec mes potes du Stade Toulousain Cyclisme. Ils sont d’ailleurs en stage à Rosas en Catalogne. Jean-Louis, mon président préféré, m’autorise à publier la photo de l’imposant groupe qui participe à ce stage. Évidemment, y’en a un qui distingue avec son maillot distinctif. Je ne dis rien mais je n’en pense pas moins !

Coucou les jeunes !!!

Revenons à nos moutons. Je finis par réserver aussi un hôtel à Shengjin. Non ce n’est pas en Chine, c’est bien en Albanie ! Une bonne douche bien chaude, une bonne bière bien fraîche, une bonne lessive et une bonne nuit dans un bon lit douillet m’attendent après cette longue mais encore très belle journée.

Résumé : 120kms, 6h00, 20km/h, beau, hôtel

Une réflexion sur “J17 – jeudi 28 avril – Jankovic / Shengjin (AL)

  1. Bien avant que l’Albanie ne devienne l’un des derniers pays les plus fermés au monde, à l’époque de l’Union Soviétique et de la Yougoslavie, il y avait un énorme trafic entre ce pays et le Monténégro sur le lac Skadar.
    Quand j’y suis passé, avant la guerre en Yougoslavie, on pouvait voir tous les bateaux, qui faisaient la navette entre ces deux pays, qui pourrissaient dans les roseaux qui prenaient le dessus.
    Apparement, le trafic n’a pas repris ?
    Si oui, c’est ballot, car tu aurais pu aller directement au sud en mini croisière.

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