J125 – lundi 3 avril – Phnom Penh / Kampong Trabek

Réveillé à 5h30 alors que j’ai regardé le Ronde en cyclisme puis la fin du match de Stade en rugby, je ne tarde pas à me lever. Je me prépare sans faire de bruit. Je fais mes adieux à Cathy la dynamique propriétaire de cette auberge de jeunesse. Elle est cambodgienne, marié à un français et a vécu très longtemps à Brive-la-Gaillarde. D’ailleurs, elle l’est elle aussi gaillarde. En effet, après avoir fait faillite pendant la crise du Covid, elle et son mari ont été obligés de vendre leur hôtel. Puis ils ont acheté cette maison et ont monté cette belle auberge de jeunesse, et, ce, à bientôt 60 ans.

Elle mène tout son petit monde à la baguette. D’ailleurs, quand je pars à 6h00 du mat’, il y a déjà un de ses jeunes salariés qui passe la serpillère. Quant à cet homme en bleu, il passe ramasser les cannettes et bouteilles en plastique. La patronne n’est pas loin et vérifie qu’il ne salope pas son entrée.

Il est 6h00, Phnom Penh s’éveille. Je repasse devant le Monument de l’Indépendance alors que le Dieu du soleil Surya s’éveille également. Quelques cyclistes et scooters rejoignent déjà leur travail.

De mon côté, je file vers le traversier. J’acquitte mes 500KHR (0,10€) Alors que j’arrive près du quai d’embarquement, un bateau n’attend que moi pour la traversée du fleuve. Un autre vient d’arriver et décharge son chargement de travailleurs et de lycéens.

De l’autre côté du fleuve, il y a beaucoup plus d’affluence. C’est même la queue pour embarquer. C’est un va-et-vient continu de traversiers entre ces 2 rives voire ces 2 mondes comme je le disais à mon arrivée. D’un côté, le calme, la ruralité, la pauvreté et la saleté, de l’autre, le bruit, la citadinité, la richesse et la propreté (toutes relatives pour ces deux derniers points).

Je me pose dans une des nombreuses gargotes pour y déjeuner d’un bol de nouilles, de sojas et de je-ne-sais-pas-quoi. Je quitte sans regret cette capitale qui ne m’aura pas laissé une forte impression excepté évidemment la visite de ce Musée du Génocide qui, à lui seul, valait ce détour. J’évite au maximum la National Road 380 qui longe le fleuve de ce côté-ci alors que l’AH1 est sur l’autre rive. Je retrouve avec plaisir mes pistes toujours aussi pittoresques.

Les premiers kilomètres sont cependant assez monotones. Le chemin est assez éloigné du fleuve et la piste trop empruntée à mon goût. Haka2 ne sera pas resté propre très longtemps. Il est déjà couvert de poussière. Heureusement, je peux récupérer des chemins de traverse où c’est beaucoup plus agréable.

En effet, je retrouve les rives du Mékong. J’enchaîne également des passages de passerelle. Le paysage est toujours aussi apaisant. Je me régale. J’en profite vu que ce sont mes derniers kilomètres le long de ce superbe fleuve sur sa partie sud.

Après avoir mangé un délicieux chausson au riz fourré à la noix de coco et un autre plus classique, je trouve enfin un kiosque à café le long du fleuve. La gamine de la propiétaire vient me tenir compagnie pendant cette pause sacrée. C’est dommage que la barrière de la langue ne permette pas plus de contact. Je mime ou montre mes cartes pour expliquer ma présence en ces lieux perdus.

Je reprends ma route alors que j’ai déjà pas mal avancé. A la sortie d’une bourgade, je tombe sur ces deux poulbots rentrant de l’école. Je leur demande la permission de les prendre en photo. Ils sont vraiment trop. Ils acceptent avec ce sourire toujours aussi radieux.

J’approche de la ville de Neak Loeung, important noeud routier avec son pont enjambant le fleuve et la route AH1 qui rejoint cette rive. Mais avant d’entrer dans cette ville fourmillante, je profite encore de la zénitude des paysages de rizières en bordure de fleuve.

Initialement, j’avais prévu de m’arrêter ici. De fait, si je continue à suivre le fleuve, il n’y a plus aucun hébergement avant une centaine de kms. Mais vu l’heure encore matinale, je décide de changer mes plans et de filer direct vers le Vietnam en suivant l’AH1. J’ai repéré un hôtel à une trentaine de kms. Cela devrait le faire. Après avoir dû emprunter cette « autoroute » pour sortir de la ville, je la fuis dès que je peux. Les camions y circulent à toute vitesse et tout klaxon hurlant. Un enfer. A l’entrée du village de Kompung Soeng, je bifurque à gauche pour rejoindre le chemin qui longe la rivière Prek Banam.

Des 2 côtés, une digue a été érigée pour transformer cette rivière en canal d’irrigation. Quelques centrales hydrauliques toutes récentes doivent fonctionner pendant la saison des pluies. Par contre, je vais me « taper » 18 bornes de pistes tape-cul pratiquement rectilignes. Je débranche le cerveau en pensant à la douche et au repas qui m’attendent.

De plus, il n’y a pratiquement personne sur cette piste. Il ne faudrait pas qu’il m’arrive un problème mécanique ou physique. Cependant, plus j’approche de la bourgade, plus les maisons et les paysans apparaissent. Comme sur marathon, les derniers kms paraissent terriblement longs. Des maisons de pêcheurs sur pilotis indiquent que j’arrive à destination. Ce doit être la première fois que j’arrive si tôt après une si longue étape. Mais j’ai bien intuité.

J’ai chaud. J’ai soif. J’ai faim. Je suis poussiéreux. Je file direct à l’hôtel repéré. Je demande pour le trouver vu que rien n’est indiqué. J’essaie de négocier le prix de ma chambre avec ventilo mais la propriétaire chinoise n’en démord pas. C’est 7$ point barre. Je n’insiste pas et récupère une petite chambre, à la déco imitation brique rose toulousaine, dans une maison sur pilotis au toit de tôle.

Je prends une bonne douche avant de me rendre à pied au village pour y déjeuner. En rentrant, je parviens avec difficulté à changer un bifton de 20$ en un billet de 10$ et 4 billets de 10.000KHR afin de payer ma chambre et de n’avoir pas trop de billets cambodgiens restants. Puis, il est l’heure d’une bonne sieste après ce réveil matinal et cette étape de presque 100 bornes dont une bonne moitié sur piste. Alors que je dors du sommeil du juste, un boucan infernal me réveille. Je mets quelques secondes à me rendre compte que c’est l’orage qui éclate. Il est 15h00. Je roupille depuis une bonne heure.

Le déluge s’abat sur le champ de lotus et l’école qui se trouvent derrière ma chambre. Comme il n’y a que des persiennes, la flotte rentre aussi à l’intérieur. C’est assez impressionnant surtout avec la pluie qui s’abat sur ce toit de tôle. Une fois l’orage passé, je repars à pied dans le village pour y boire un nouveau café glacé. J’y rédige ces lignes assis sur une chaise qui donne sur les petites rues commerçantes de cette bourgade.

Je me balade dans ces ruelles avant de rentrer à mon hôtel. Vu la façon dont on m’observe du coin de l’œil, j’imagine qu’il ne doit pas y avoir beaucoup de Barangs venant se balader dans le marché.

Il est 18h00, je pars m’acheter un plat à emporter et récupérer ma bière Cambodia gratis. Puis j’ai ma soirée tranquille pour bouquiner. Fin d’une nouvelle belle journée. Demain je devrais arriver à la frontière vietnamienne …

Une réflexion sur “J125 – lundi 3 avril – Phnom Penh / Kampong Trabek

  1. Salut Gael, toujours un plaisir de te lire, tu me fais voyager par procuration et en cette journée de retour vers le futur et la France, ça me fait du bien de passer par le Cambodge après ces 2 mois dans le pays des sourires. Je vois que tout est pour le mieux pour toi, bonne route et bonne chance pour la suite. Au plaisir!

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