J50 – vendredi 17/7 – Bierum(PB) / Friedeburg(DE)

50é jour déjà ! J’ai l’impression que c’était hier lorsque nous partîmes avec l’ami Vincent en ce vendredi 28 mai. Mais que c’est loin aussi. Que de routes parcourues (4.400kms), que d’endroits et de paysages traversés, que de belles rencontres effectuées (en particulier mes suédoises du sud Bénédicte&Julie, ma bretonne sportive Sandrine, mes normands randonneurs Martine&Christian, mes ami.es de l’Arche et mes dunkerquois si accueillants Baligh, Tiss&Wael et bien d’autres …) et que de beaux souvenirs accumulés. Et ce n’est pas fini ! Après cette nuit dans cet endroit magique, il me faut le quitter à regret après une soirée aux bougies à bouquiner en présence des trolls et autres esprits de la forêt …

Comme je vais aussi quitter à regret ce merveilleux pays notamment pour son réseau cyclable incroyable (99% du trajet de 650kms effectué uniquement sur des pistes dédiées aux vélos), pour son calme, sa propreté, ses paysages sauvages et ses habitants si cool.

D’ailleurs, pour en remettre une couche sur le vélo, voici un exemple avec le plan de la province de Groningen et ses axes cyclables. A chaque noeud, vous trouvez une borne et son numéro, il suffit de vous diriger vers le numéro suivant. Vous pouvez aussi flasher le QR-code puis vous laisser guider par votre appli préférée. De mon côté, j’ai plus ou moins suivi la CustRoute – EV12 et cela va continuer encore pendant quelques temps j’espère …

Il serait aussi primordial que nos politiques franchouillards travaillent sur 3 points importants qui freinent la pratique du vélo dans notre bon vieux pays.

  • Le vol : En appelant mon pote Loïc, il m’a dit s’être fait tirer son vieux byclou (attaché avec un antivol de merde il faut dire). Je crois que ma copine coureuse, baroudeuse et loveuse Emilie s’est aussi fait piquer son VTT dans Toulouse. Sans parler de Coco qui s’en était fait piquer 2 en plein centre. Il est possible de les faire graver (Bicycode) pour empêcher de le revendre ou le retrouver.
  • Les obstacles : Depuis que j’ai quitté la France, je n’ai rencontré pratiquement aucun obstacle (potelet, barrière, tourniquet, …) pour empêcher l’incivilité d’automobilistes. Plutôt que de mettre des obstacles partout, les Pouvoirs Publics feraient mieux de verbaliser sévèrement les stationnements gérants voire mise en fourrière directe.
  • La méconnaissance de la pratique cycliste : La plupart des automobilistes n’ont jamais circulé à vélo en milieu hostile (urbain ou route de campagne) si ce n’est pour faire un tour à VTT ou se balader sur le canal du Midi par exemple. Je pense qu’il faudrait instaurer 1 heure de conduite obligatoire à vélo pendant la formation au permis de conduire et, également, rappeler les règles spécifiques au partage de la route (droit de rouler à 2 cyclistes de front si aucun gêne de la circulation, obligation de respecter 1,5m en campagne et 1m en ville avant de doubler, panneaux d’obligation ou pas d’emprunter une voie cyclable, …)

Je file donc jusqu’à Delfzjil où j’espère trouver un ferry pour traverser l’Ems qui marque la frontière entre les PB et l’Allemagne. Le réveil est d’ailleurs difficile pour certain en cette belle journée ensoleillée.

Arrivé dans cette ville portuaire et industrielle, je tournicote dans le port afin de trouver l’embarcadère. Une vieille dame promenant son chien m’interpelle et me demande si j’ai besoin d’un renseignement. J’acquiesce et elle me dit qu’il n’y a pas de ferry à cause du virus. Je dois donc contourner la baie pour aller de l’autre côté. Cela me rappelle quelques souvenirs bretons. Je passe devant quelques hameaux isolés aux maisons toujours aussi bien entretenues.

Et me tape finalement un marathon à longer la digue sans croiser grand monde. Je finis par arriver à 11h à la frontière que je traverse sans plus aucun contrôle ce qui rompt un peu le charme du voyage je trouve. Comme je n’ai pas trouvé un seul café, je me pose et me fais un café-gaufrette avant de poursuivre mon chemin.

Arrivé côté allemand, la signalisation change mais toujours sur réseau cyclable. Je me dirige vers Ditzum en espérant cette fois-ci que le ferry sera opérationnel.

J’arrive sur zone vers midi et trouve une file impressionnante de cyclistes qui attendent le ferry de 13h. Je pose le vélo dans la file et profite de ce temps mort pour déjeuner devant la famille de chalutiers DIT.

A quelques vélos près, je ne peux embarquer et dois attendre la prochaine rotation. J’en profite pour discuter avec un papa néerlandais et ses jumeaux (décidément, cela fait 2 jumeaux mâles en 2 jours) vêtus chacun d’un tee-shirt rose et qui vont à Legoland en arrivant de VéloLand. Le ferry arrive, débarque son chargement de cyclistes et en embarque un nouveau.

Sur le ferry, je remarque que, ici, beaucoup de cyclistes ont remis le masque alors qu’aux Pays-Bas, ils s’en battent les coucougnettes mais d’une force. Même dans les bars, restaus, magasins (notamment Décathlon où en France on ne rentre pas sans masque), personnne ne le porte.

A l’arrivée à Emder, de l’autre côté de l’Ems, 2 possibilités s’offrent à moi. Soit je file à l’ouest pour suivre la mer du Nord, suivre certainement une digue comme ce matin et en quiller plus de kms, soit je file nord-est à travers champs. J’opte pour cette 2è option et me voilà à nouveau sur le réseau cyclable allemand comme en septembre dernier. Après une partie pas très sympa avec piste cyclable mais en bordure de la route principale (pensée pour Béné … elle comprendra), je récupère la piste qui longe le Ems-Jade-Kannal qui m’emmène vers WilhemsHaven. Le moulin du meunier fonctionne. Je m’arrête dans une backereï non loin de là en espérant que la farine du pain complet acheté provienne de ce moulin. Je me prends aussi un gâteau noisette-chocolat-caramel qui ne devrait pas être dégueu pour ma pause 4h.

Je file à bon rythme en suivant cette belle piste cyclable longeant le canal et en croisant ou doublant toujours autant de cyclistes. Je profite aussi d’un espace avec des bancs, à côté d’où je prends cette photo, pour me faire ma pause 4h. Effectivement, le gâteau est délicieux.

L’heure avance mais j’ai envie de faire une grosse étape et de me rapprocher le plus possible, mais pas trop près non plus car cela devient compliqué après pour trouver un bivouac tranquille, de ce port de WillemsHaven où j’espère pouvoir prendre un ferry qui m’éviterait de faire tout le tour de cette immense bassin créé par la rivière Jade.

Je m’arrête tout de même devant une petite maison devant laquelle sont vendues des gelées de confiture à 1,50€ le pot. Je prends un pot de framboise et dépose mon unique pièce de 2€ dans la cagnotte au couvercle jaune. Je ne me rappelle pas avoir beaucoup vu ce système de vente libre en France. J’ai bien peur que la cagnotte et/ou les pots de confiture ne resteraient pas bien longtemps en vente libre. J’ai d’ailleurs vu le même principe aux Pays-Bas avec des légumes, des patates ou des fleurs. Là encore, on a encore bien du boulot de civisme …

Je continue ma route et j’arrive à un croisement avec une route qui va vers le village de Frideburg à 3,2kms du canal. J’aimerais bien y faire un détour, d’une part, pour me taper une bonne bière bien fraîche et, d’autre part, essayer de retrouver le nom du café où je me suis arrêté mercredi matin afin de le contacter pour leur demander si peut-être au cas où … et surtout avoir l’esprit libre. Le problème est qu’il n’est pas loin de 19h, que je ne sais pas où bivouaquer et que j’en ai aussi plein les bottes. Je décide de continuer le long du canal et d’attendre demain pour les lunettes. Je parcours 1km quand je trouve l’endroit idéal pour m’arrêter. « Demi-tour droite. En avant marche ». Je vais au village me taper ma bibine et lever mes doutes sur les lunettes. J’arrive à trouver les coordonnées (merci GoogleMaps), envoyer un message auquel j’ai un retour négatif très rapide. Tant pis. J’en aurais le cœur net au moins.

Photo bibine

Après ma pinte et ma longue pause, les 4 kms qui me ramènent au bivouac repéré me paraissent bien long. Mais il est tellement bon de se poser, se laver, même sommairement, au gant de toilette, de se changer et d’enfiler des vêtements propres et chauds puis de dîner copieusement. Voici d’ailleurs le menu du soir : pâté de foie à la germanique sur toast de pain complet à la farine ancienne, fricassée de boulettes de viande accompagnée de ses haricots blancs à la sauce tomate, vieux fromage hollandais à la gelée de framboise, gaufrette caramel façon Pays-Bas. Et pour finir une tisane thym-menthe avec sa barre de chocolat Côte d d’or l’original. Un vrai festin !

D’ailleurs ce qui est génial dans ce type d’itinérance, c’est que tous les sens sont exacerbés. La moindre des choses de la « vie normale », dont on ne se rend d’ailleurs même plus compte tellement c’est justement devenu « normal », devient un plaisir infini : dormir dans un lit, prendre une douche chaude, manger un bon repas, boire un bon verre de vin, se faire un ciné, passer une soirée entre amis … Et puis, j’ai aussi la chance de voir passer 2 biches qui traversent le chemin à quelques mètres de moi en sortant du sous-bois puis se baladent dans les environs.

Il est tard. Je vais rejoindre Morphée sans passer par la case Flaubert qui est d’ailleurs pas mal comme somnifère. Au fait, à la demande de certains, je vous propose à partir de demain de vous décrire tout mon barda. Bonne nuit les petits …

Résumé : 125kms, 6h15, 19.3km/h, bivouac

2 réflexions sur “J50 – vendredi 17/7 – Bierum(PB) / Friedeburg(DE)

  1. Hello coach, pas d’accord avec tes 3 consignes pour les pouvoirs publics français. J’ai toujours dit, et le dirais toujours, qu’en France dans les campagnes il faut arrêter les ramassages scolaires à l’intérieur des villages. C’est quand-même hallucinant, mes gamines qui faisaient 1,5km en bus tous les matins et soirs!!! En plus il faut un chauffeur et un acompagnateur. Il suffit ensuite d’interdire/rendre impossible de se garer à moins de 300m de l’école, utiliser le chauffer et accompagateur pour surveiller les allentours de l’école et sécuriser des carrefours un peu dangereux, voire organiser des cyclobus. Le problème se resoudra tout seul d’ici une génération!

  2. Bonjour Gaël, je découvre ton blog grâce au bel article que tu as eu dans La Dépêche. Avec Joël, nous te suivons désormais.
    Profite bien de ta liberté et régale nous de tes récits et de tous les liens que tu tisses.  » je suis les liens que je russe » disait Albert Jacquart. Voyager l’entendant permet celà.

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