Réveillé dès potron-jacquet (ça faisait longtemps !), j’ai le tort de ne pas me lever de suite. Je me rendors et émerge à 6h45. Le jour est déjà levé. Je me douche et me prépare vite fait. J’avale 3 bananes et 1 mangue toute fraîche, cueillie sur l’arbre, avec l’aide de mon hébergeur. Pour ce faire, il suffit d’une longe perche avec attachée à son bout, une bouteille d’eau de 1,5l évidée. Je repère une mangue ni trop verte, ni trop jaune. Je manie la perche de façon à placer la mangue dans la partie évidée. Je tire et le tour est joué. A 7h15, je reprends ma route direction plein est.

Je suis à l’extérieur de la ville. C’est très calme en ce samedi matin. A la sortie de la ville, je franchis la Stung Sen River alors qu’un pêcheur matinal manie le filet et que le soleil commence son ascension quotidienne.

Je retrouve ma charmante route n°64. Comme hier, l’écobuage est pratiqué intensivement dans cette région aride. Cela permet de brûler les buissons mais, aussi, les innombrables bouteilles et sacs plastiques balancés dans la nature. Comme dans tous ces pays pauvres, l’écologie n’est vraiment pas la priorité majeure.

Alors que l’activité principale de la région est l’agriculture, j’aperçois au loin une grande usine. Cela faisait longtemps que je n’en avais plus vue bien que cela ne me manque pas du tout.

Le spectacle est bien plus agréable quand je croise des colporteurs en tout genre. Celui-ci n’est pas mal. Je me demande toujours comment ils arrivent à diriger leurs scooters avec de tels chargements.

Vers 9h00, je m’arrête pour une de mes nombreuses pauses ravito en eau. J’en profite pour manger un chausson au riz, fourré à la viande, et cuit à la vapeur dans ce grand faitout. C’est chaud, délicieux et ça cale.

Comme hier, de temps en temps, j’essaie d’accrocher un véhicule roulant à peu près à ma vitesse. Cette fois-ci, c’est un side-car qui permet d’extraire le jus de canne à sucre (bien frais, c’est délicieux). Dommage, la photo est floue. Mais ce n’est pas évident de rouler derrière l’engin et de photographier avec mon iPhone en même temps. Je vous rassure. Auparavant, je me signale pour ne pas être surpris par un coup de frein intempestif.

J’ai aussi l’habitude de rouler en peloton notamment avec mes potes du Stade et, aussi, en course. Et il m’est souvent arrivé de rouler dans un paquet d’une vingtaine de barges à plus de 40km/h. Il faut être concentré et les mains sur les cocottes de frein au cas où. Je ne me suis jamais planté. Mais, j’ai quand même pris la décision de ne plus faire de cyclo-sportive depuis ma dernière ariégeoise courue pendant la canicule il y a 3 ans. Il y avait eu un mort et pas mal de casse. Je rentre maintenant dans la commune de Cchaeb. On se croirait au Maghreb.

Le pays est d’ailleurs découpé en Province, elle-même découpée en Commune. Vers 11h, alors que j’ai déjà bien roulé depuis ce matin, j’ m’arrête dans cette bourgade pour y acheter une nouvelle bouteille d’eau fraiche de 50cl. La patronne, qui déjeune avec sa maman, me propose du riz. J’ai faim. Je ne refuse pas. Je prends une belle assiette de riz et de légumes uniquement, et, ce, pour 1€.

Juste à côté, il y a un kiosque à boisson avec une table à l’ombre qui invite à la détente. Je me bois un bon café chaud accompagné de thé à volonté. De plus, la wifi passe bien mais toujours pas suffisamment pour télécharger mes photos.

Après cette longue pause, je reprends ma route. Il est plus de midi. Le soleil est au zénith. Ça tape fort. A la sortie de la ville, j’aperçois une enseigne de noix de cajou. Une usine est au pied mais personne à l’intérieur pour me renseigner.

Il faut dire que, à partir de 13h00, il n’y a plus grand monde dans les rues ou les campagnes. Tout le monde est soit dans son hamac, soit dans sur sa plateforme à roupiller. D’ailleurs, c’est ce que je vais faire en sortant de la ville quand je trouve mon bonheur en contrebas de la route.

Je roupille un bon moment sans réveil. Je ne suis plus qu’à une vingtaine de bornes de mon objectif du jour. Je repars frais comme un gardon. L’étape est presque terminée. J’avance bon train grosse plaque. De plus, j’accroche à nouveau un engin agricole bien chargé. Les deux gars, perchés sur leur cargaison de je-ne-sais-pas-quoi, sont explosés de rire. Le chauffeur, lui, roule bon train. Dommage qu’il bifurque trop rapidement à mon goût.

Alors que j’ai repris ma route en solitaire, je m’arrête à nouveau pour photographier cette pauvre baraque avec sa serviette jaune qui attire mon regard.

A 14h30, j’arrive au village de Sralau où, sur mon traceur, j’ai repéré cet hébergement au nom équivoque : At the temple with big French family. Effectivement, je trouve l’endroit facilement. Il y a un grand temple bleu aux fresques figuratives. Je m’adresse à un jeune moine qui apprend ses mantras. Il m’indique la bâtisse jaune à côté. Je m’y rends. C’est l’ancien temple en bois. A l’ombre, un jeune homme roupille du sommeil du juste. Je n’ose le réveiller tellement il pionce.

Je m’installe dans le temple et j’en profite pour rédiger ces lignes. Vers 15h20, j’entends de la musique moderne. Le réveil a sonné. En mimant, je lui demande si je peux dormir ici. Il m’indique la bâtisse au fond. Je m’y rends. Il y a 3 chambres mais c’est du monacal. De toute façon, je n’ai pas trop le choix. Le seul hébergement repéré était dans le village d’avant à 23kms. Le suivant est à une trentaine de kms dans ma direction demain.

Je pose mes sacoches dans ma grande chambre à la décoration minimaliste …

… puis je descends prendre ma douche. Ou tout du moins me rincer dans la bassine en m’aspergeant avec la soucoupe rouge. C’est rudimentaire mais que cela fait du bien quand même. La réserve d’eau se trouve derrière le muret. Les brosses à dent, dentifrice, savon des moines sont posés sur ce muret.

La baraque des moines est juste à côté. Malheureusement, la propreté et l’écologie n’est pas dans leur enseignement religieux. C’est à nouveau dégueulasse. J’ai ramassé le bordel qui trainait dans ma cabane mais je ne me vois pas faire le ménage dehors. C’est jonché de détritus et de bouteilles vides même au pied de leur baraque.

Une fois douché et une fois ma tenue de cycliste lavée et étendue, je pars au village boire un café glacé. Le décor est pour le moins rural. Des coqs et des poules se baladent dans la maison et dans la cour. Pas de poubelle. Les ordures traînent par terre. Les rares voitures et camions passent, sans ralentir, klaxon hurlant.

Il est 17h00. Le soleil commence à baisser. La chaleur redescend également. Je suis toujours attablé dans le poulailler. Je vais attendre ici en bouquinant avant d’aller dîner puis de retourner à mon monastère. J’ai dormi dans une mosquée en Turquie l’an dernier. Je rêvais de dormir dans un monastère bouddhiste. C’est en passe d’être fait. Demain, je devrais arriver sur les rives du Mékong avant de redescendre vers le sud. J’ai en effet changé mes plans. La suite au prochain numéro … Je publie pendant que j’ai de la wifi 2G ! J’ai oublié de vous raconter ma pause sensuelle « café glacé » de ce matin. Ce sera pour demain …
Toujours pas de photos?
Hélas non et j’en suis vraiment désolé. C’est d’autant plus dommage que les temples sont magnifiques, les sourires cambodgiens revigorants et les paysages vraiment paysans et dépaysants. Mais sans 4G (voire 5G mais faut pas rêver), le chargement des images coince. J’espère seulement que, lorsque je vais finir par choper la 4G ici ou au Vietnam, je n’aurais pas à tout recharger.