J52 – dimanche 19/7 – Langen(DE) / Brockdorf(DE)

Grasse mat’ en ce dimanche à nouveau ensoleillé et doux. Bien que cette nuit je me sois retrouvé à baigner dans mon jus sous mon duvet d’hiver tellement il faisait doux et que ma pissouille nocturne à loilpé m’ait permis de me rafraîchir puis de me découvrir en me recouchant, je suis réveillé à 7h30 par le bruit d’un tracteur dans le champ d’à côté. C’est vraiment un métier de ouf’. Je dédie d’ailleurs cette journée à la ruralité et aux paysans (exclus les gros céréaliers et les tortionnaires d’élevage intensif). A couvert de la forêt, tente et bâche vélo n’ont pas pris la rosée matinale, je décolle à 8h30 direction le port de Wischhafen au N-E. Quelques kilomètres après avoir retrouvé la route, je découvre la cause du bourdonnement nocturne. J’étais à proximité de l’A27, route du bruit et de la fureur, que j’enjambe sans aucun problème …

… pour retrouver le monde du silence et de la lenteur.

J’adore être en forêt. Je m’y sens bien. De plus, j’y croise de sacrés personnages : un solide gaillard à la moustache incroyable, vêtu d’une veste de survêt de la Mannschaft et chevauchant … une trottinette électrique, deux joggeuses frangineuses aux formes généreuses et à aux mines joyeuses, une vieille mamie toute fripée et ratatinée promenant son Yorkshire tout excité. Cela ne dure hélas pas et je ne peux faire autrement que de longer la route B495 mais toujours sur piste cyclable évidemment. Je traverse de charmants villages ruraux aux maisons, fermes et haras, très nombreux dans ce coin, de briques rouges.

Dans un village, je trouve encore une échoppe en libre-service et y achète des tomates pour mon déjeuner.

La route est quelque peu monotone et j’essaie de m’occuper l’esprit. J’écoute aussi un peu de musique. J’aimerais bien trouver un café pour me poser un peu mais tout est fermé dans les petits villages traversés. Je finis enfin par trouver mon bonheur à Hemmoor dans un kebab-café où l’ambiance est tendue entre le personnel. Ça s’engueule fort en turc. Cela me rappelle un Noël il y 3 ans passé avec Titouan à Istanbul. Malgré une météo compliquée (neige et pluie toute la semaine), on s’était régalé à tout point de vue. J’avais adoré cette ville (architecture, mosquées, ambiance, nourriture, stambouliotes) malgré la menace terroriste de l’époque; une bombe avait d’ailleurs explosé le 1er de l’an dans une discothèque au bord du Bosphore.

Je profite de la Wifi du club de fitness d’à côté pour passer quelques coups de fil, envoyer des Whatapps, lire mes mails et pianoter sur ce blog. A 13h, le club ferme et … coupe la Wifi. C’est le signal du départ. Je pars mais après quelques centaines de mètres parcourus, je me dis que je ferais mieux de déjeuner ici plutôt que de pique-niquer au bord de la route. Demi-tour et me revoilà. Je commande le n°51 un « City Döner überbacken » et je me régale.

Cette fois-ci c’est la bonne. Repus et reposé je peux repartir en suivant toujours cette route qui me mène au traversier. En ce dimanche, je m’arrête dans les villages traversés pour contempler les églises …

… et les magnifiques anciennes demeures au toit de chaume.

Je suis les panneaux d’indication pour les vélos et suis tout content d’arriver. Mais c’est bizarre, je ne trouve pas d’indication pour le traversier. J’interpelle une cycliste et lui demande « ferry, traversier, boat ?». Elle me regarde comme si j’avais fait une indigestion de döner et ne comprend pas. Je sors mon iPad avec Maps.me pour lui monter sur la carte et me rends compte que je suis à … Mittlesdorf à 28kms au sud de ma destination prévue !!! Là, je dois dire que j’ai l’air quelque peu ahuri, abruti, abasourdi, « ah bah oui » et qu’elle doit me prendre pour un grand malade. Ce ne sera que la 2è fois dans la journée (clin d’œil).

Est-ce la digestion de ce copieux döner, le soleil qui tape fort … ou mon esprit qui était parti dans une autre dimension ? Toujours est-il que j’ai dû rater une bifurcation et qu’il me faut remonter au nord.

« Tutti va Bene », « No problem », « Zéro stress » me dis-je. Ce n’est pas comme si je faisais 100 bornes par jour à vélo avec des sacoches. 15kms de plus ou de moins, la belle affaire. Je repars donc en suivant cette fois-ci mon GPS (je le coupe pour éviter de bouffer la batterie inutilement dès que je trouve des panneaux d’indic vélo … seulement il ne faut pas rater les bifurcations et rêver à la princesse charmante gros nigaud !).

A l’approche cette fois-ci du traversier, je croise une file ininterrompue de voitures et motos. Je me dis qu’il vienne de débarquer et que ce serait cool de ne pas poireauter trop longtemps. J’accélère le rythme déjà élevé et rentre le dernier dans le traversier. Yes ! Je serai aussi le dernier à en sortir. Mais peu importe …

Je traverse l’Elbe et arrive à Glückstadt dans la province du Schleswig-Holstein. Je me tape une bonne glace Magnum Classic avant de retrouver mes chères digues avec ses moutons et sa piste cyclable. Cela faisait longtemps.

(Photo prise lors de ma promenade digestive)

Par contre, il y a un méchant vent qui vient de la mer à l’ouest et qui s’engouffre dans cet estuaire. Déjà que j’en ai pleins les bottes surtout avec ces bornes en plus et cette arrivée au taquet, je pense que je ne vais pas tarder à plier les gaules. D’ailleurs je m’arrête dans une ferme à l’heure de la traite et demande de l’eau pour remplir mes bidons avant de trouver un éventuel bivouac à l’abri du vent. Au bout de quelques kilomètres en direction de Brockdorf, je trouve mon bonheur dans une espèce de hangar à bateau qui me semble abandonné. Ce sera parfait pour cette nuit. De plus, j’y trouve une réserve d’eau et un arrosoir parfaits pour une douche et un bon shampoing.

Après avoir fait un peu le ménage de mon taudis, je vous fais l’inventaire de ma sacoche avant droit « ma salle de bain » et « mon garage » :

  • Sac vert : trousse de toilette contenant un pochon avec pharmacopée, un avec savonnette, un avec crèmes Nok, Biafine, solaire et Baume du Tigre, coupe-ongles&pince à épiler, rasoir&bombe à raser aéroport (ko), brosse à dents&dentifrice + serviette « Triathlon du Lauragais » (*) + gant de toilette indispensable pour se laver au bivouac.
  • Sac bleu : pinces à linge et fil à étendre, ficelles, fil&aiguille à coudre, épingles à nourrice, pochon avec câbles électroniques, PQ
  • Sac plastique blanc : boîte plastique avec chambre à air, kit crevaison, patins de freins, câbles (ko), démonte maillon&maillon de chaîne, clés plates de 8 à 15, multi-outils, pince, gants&chiffon, pompe, graisse chaîne)

(*) J’y avais participé en équipe avec super Juju pour la nat’ (1,9kms) qui avait rattrapé la plupart des individuels partis 3’ avant, bibi pour le vélo (90kms) et … bibi pour la càp (21kms) après que David se soit lâchement débiné pour participer avec son club de Muret; on avait quand même fini 3é par équipe mais à deux.

Avant de me coucher, je fais ma balade digestive autour de mon home-sweet-home; c’est la petite maison dans la prairie sur la gauche. A droite, sous la bâche bleue, il y a un petit bateau à moteur en réparation.

Alors que sur l’Elbe croise des porte-containers et autres monstres des mers venant, j’imagine, de charger leur cargaison dans le port d’Hambourg à 50kms au sud d’ici.

Résumé : 100kms, 5h15, 19.2km/h, bivouac

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