J13 – mardi 13 avril – Ortigueira/Mino

Il est 8h. Il est l’heure Monseigneur ! J’ai dormi comme un baigneur. Je sors la tête de la tente. Le ciel est plombé. La rosée s’est posée. Je m’extirpe de mon duvet bien chaud, m’habille, range mes affaires, plie la tente et vais déjeuner à mon petit restau d’hier soir : céréales et yaourt, pain et confiture d’orange, fruit et thé noir. Je nettoie un peu mon vélo et graisse la chaîne (tous les 3 jours environ). J’enfile mes gants d’hiver et mon buff. Et c’est reparti. Je reprends la route AC-862. Je suis surpris par le nombre de petites concessions automobiles qui jalonnent cette baie. Au bout de quelques kms plats, j’attaque mon 1er col de la journée : 5kms de montée et que des maisons à vendre tout au long de cette longue mais régulière montée à travers des forêts d’eucalyptus.

C’est impressionnant ! De plus, je ne croise que de petites vieilles toutes rabougries qui, trainant péniblement de vieux clébards au bout de laisse et du rouleau n’ayant même plus la force de m’aboyer dessus, qui, avançant péniblement en poussant un déambulateur (ou le déambulateur les tirant vers un sort inéluctable). J’ai l’impression d’être dans un pays mort. J’arrive en haut du col dans le hameau de « O campo do Hospital » (Paliativo !). Je tombe sur le Grand Hôtel Budapest (superbe film complètement déjanté) à vendre évidemment.

C’est d’un lugubre !!!. J’imagine qu’il y a dû y avoir une forte activité pour la plantation de ces immenses forêts d’eucalyptus. Sinon je ne sais pas ce que faisaient tous ces habitants dans ces montagnes ? Je bifurque à droite pour prendre l’AC-566 en direction du port de Cedeira. J’espère que ce sera un peu plus vivant en bord de mer. Je trouve un café « A Marina » à l’entrée du port où je peux me poser.

Il y a quelques ouvriers et retraités qui donnent un peu d’animation. Il faut dire que le patron pratique les prix bas pour attirer la clientèle : 1€ le café et ses mignardises. !

Je reprends la route. Il n’y a plus qu’à suivre la direction indiquée : plein sud vers le soleil !

Je sors de cette baie immense et suis à nouveau la côte sur une route moins vallonnée.

Je me pose sur les marches d’une église au-dessus de la baie de Valdovino pour casser la croûte avant d’emprunter la DP-5404. Celle-ci m’emmène dans la baie de Fene & Neda. Et autant dire que c’est bien moche. Ces 2 villes portuaires n’ont aucun charme. Et que dire des zones industrieuses (et pas rieuses) et industrielles (mais vraiment pas belles) bordant cette baie immense. Heureusement, c’est la douce et mélancolique (c’est de circonstance) Camélia Jordana qui m’accompagne.

Décidément, ce n’est pas terrible aujourd’hui. Plutôt que de suivre la route principale, je prends une petite route qui me mène jusqu’à dans la baie de Cabanas. Et là, je retombe sur le Camino de Santiago. Il doit traverser en direct. Je pense que les pèlerins doivent avoir une phobie des eucalyptus en rentrant. Par contre, j’aime bien ce panneau avec ce pèlerin qui marche peut-être pour oublier un chagrin d’amour.

Cabanas est beaucoup plus joli que les autres villes traversées. Je décide de suivre la côté en empruntant la DP-4803. C’est effectivement plus sympa. En approchant de la Corogne, je pense que je suis dans un coin résidentiel. Les belles villas longent cette côte. Ce ne sera pas évident de bivouaquer dans le coin.

Je repère sur mon Maps.me quelques campings au-dessus de belles plages de sable blanc. Le 1er où je m’arrête me dit qu’il est complet ! Il n’y a que des caravanes. J’insiste un peu pour trouver un endroit où planter ma petite tente. Mais refus. Il appelle un de ses collègues : complet aussi ! Je m’arrête à un autre et suis accueilli par un berger allemand en furie. Le proprio me dit que le camping est fermé. J’espère que la chaîne est solide sinon je vais me faire bouffer en tapas.

J’arrive dans la ville de Mino et trouve encore un camping mais qui m’a l’air fermé. Le portail est ouvert. J’entre. Personne. J’inspecte le coin. Cela m’a l’air à l’abandon. Il y a bien une vieille voiture stationnée mais je frappe aux fenêtres : personne. Je décide d’aller boire une bière à une terrasse à côté et de revenir plus tard voir si la voiture est toujours là et si le portail n’est pas fermé. Alors que j’allais partir, un vieux monsieur sort d’une remise. Il me dit que le camping est ouvert ! Il entre dans le bureau qui lui sert de réception. Ça pue le moisi ! Je lui donne ma Carte d’Identité. Il lui faut un bon 1/4 d’heure pour sortir la photocopie et remplir la fiche. D’ailleurs, je n’ai toujours pas compris pourquoi il enlevait ses lunettes pour écrire. 10€ pour prendre une douche chaude et me poser pour la soirée, c’est parfait.

J’installe mon bivouac, me douche, lave et étends mes affaires et me dirige à la terrasse du café-restaurant à côté. Je me pose et décide de dîner sur place pour terminer en beauté cette journée bien maussade. Il y a quand même pire comme endroit …

Résumé : 90kms, 5h15, 17,3km/h, camping

2 réflexions sur “J13 – mardi 13 avril – Ortigueira/Mino

  1. Tu sais que tu commence à nous faire envie avec tes cafés et tes restaurants ouverts dans chaque village ! Tout un monde perdu ici… ah le bonheur de l’arrêt cycliste au troquet pour un petit expresso revigorant, ça nous manque tant ! Bonne route, c’est vraiment super de suivre ton voyage, récit et photos toujours au top !

Répondre à Henri NotteboomAnnuler la réponse.