J3 – jeudi 14 avril – Lazzaretto (IT) / Kruncici (HR)

Après la visite du voisin d’à coté me demandant de plier les gaules demain matin, j’enfile ma chemise de nuit et bouquine alors que des sangliers se baladent autour de la tente. Nuit fraîche et réveil sous le ciel bleu. Je range le matos et descend déjeuner en bord de mer en Slovénie à 1km de mon campement.

Après ces 2 longues journées où j’ai tracé la route au plus vite, je redécouvre le plaisir de rouler sur de petites routes vallonnées en bordure de mer. C’est quand même beaucoup plus agréable. De plus, alors que j’arrive dans la ville portuaire d’Ankaran, j’ai le plaisir de la traverser en empruntant de superbes pistes cyclables avec de la peinture rouge à chaque croisement. De ce fait, les automobilistes s’arrêtent pour laisser passer les cyclistes. Je reprends le bord de mer pour suivre la côte.

Par contre, ça grimpe sec. Je comprends pourquoi les cyclistes slovènes (Pogacar, Roglic et consorts) roulent si fort ! Mais, malgré ces montées, quel plaisir de se balader ainsi en front de mer.

Ma trace me fait éviter la route principale 111 qui longe la côte. Et qu’elle n’est pas ma surprise de tomber sur une piste aménagée sur un ancien réseau ferrée et balisée EV8 dénommée « la route de la Méditerranée » ! Elle relie Cadix à Athènes. Je verrais si je continue à l’emprunter ou pas.

En milieu de matinée, je m’arrête prendre mon café à Portoroz. La serveuse n’est pas des plus aimables. Lorsque je lui demande l’accès à la wifi, elle me donne le mot de passe à la va-vite. Je suis au café « BlueBar » et je comprends « bluebar » et « n a » en phonétique. Je saisis. Incorrect. 2ème essai. Incorrect. Je m’adresse alors à la personne derrière la bar et lui demande de me l’écrire. Cela donne « bluebar1 » (éna doit être 1 en slovène !). Fallait deviner. M’enfin … Je bois mon café à 1$ (le diésel est à 1,50$ … cela fait qd même un peu loin pour faire le plein !). Et je reprends la route.

A la sortie de cette ville, je tombe déjà sur la frontière croate avec cette grande péninsule qui s’étend au sud nommée l’Istrie. Il y a une longue file de véhicules qui s’agglutinent devant le seul poste ouvert. Avec mon vélo, je grille toute la file et présente mon passeport. Et me voilà en Croatie. 3 pays dans la matinée, j’ai super bien roulé. Par contre, plutôt que de prendre la route principale A9, je suis le panneau cycliste sur la droite. C’est un chemin empierré qui grimpe sec sur le coteau. Au bout d’une centaine de mètres, je double une jeune allemande aux longues jambes comme des baguettes de pain blanc poussant son VTT avec sacoches à l’arrière. Je rattrape sa maman qui a l’air beaucoup plus sportive que sa progéniture. Alors que je la double en la saluant, elle me prend pour sa fille. Je lui dis qu’elle est loin derrière. Je ne sais pas s’il a pu arriver en haut de cette interminable montée avec vue imprenable sur les marais salants et la côte slovène.

Je poursuis mon petit bonhomme de chemin en suivant au plus près la côte pour arriver à Umag. Je m’arrête dans une boulangerie pour m’acheter quelques victuailles salées et sucrées en vue de pique-niquer le long de la mer. A ce sujet, « Questions pour un champion ! ». Quelle est la monnaie de la Slovénie et de la Croatie ? Quelle est la capitale de ces 2 pays ? Quelle est l’abréviation de la plaque minéralogique de ces 2 pays ? Et pas de Google mon ami ! Réponse en fin d’article.

Je trouve que les croates ne sont pas très souriants non plus. Malgré mes signes de la main en croisant les nombreux cyclistes croisés, je n’ai que très peu de réponses. Même les piétons que je salue ne me répondent pas. Pourtant, à part de la crème solaire sur le nez, je ne pense pas être spécialement spécial … Tant pis. Je continue à descendre la côte. Ce n’est que du bonheur. Je m’arrête pour me faire chauffer un café et profiter de ces paysages de vacances.

Je profite aussi pour me balader dans les villes en bord de mer au charme méditerranéen. Par contre, depuis la Slovénie, j’ai vraiment l’impression d’être dans une enclave germanique. D’ailleurs, la 2è langue de ces pays n’est pas l’anglais mais l’allemand. Je croise énormément de camping-cars allemands et autrichiens. Sans parler des terrasses de café où la bière et l’allemand coulent à flot. D’ailleurs à Porec, je traverse un immense camping teutonisant. A la sortie de cette ville, je dois faire gaffe de ne pas descendre au sud mais de couper à travers champs au risque de devoir traverser le « fjord » à la nage.

J’ai perdu l’EV8 depuis un bon moment. Après m’être arrêté à l’office de tourisme d’Umag, j’ai récupéré les plans des circuits vélos de la région. La personne ne connaît même pas l’existence de cet EV8 ! Je trace donc ma route en suivant des petites routes et chemins forestiers en faisant gaffe de ne pas me planter de circuit. Je me régale malgré tout mon barda.

J’ai prévu de bivouaquer en bordure du fjord. Je m’arrête dans un village faire quelques emplettes. Toujours pas de sourire. Je finis par arriver en haut de ce fjord. La vue est splendide. Cela ne vaut pas les Gorges du Verdon mais la vue n’est pas mal quand même.

Il ne me reste plus qu’à plonger dans la descente puis de trouver un endroit calme tout au bout de ce long bras de mer. Je plante le barda, fais ma toilette de chat et m’installe sur ma chaise en pierre.

Une nouvelle soirée en solitude (mais avec mes écrits et mes livres) commence. Après avoir dîné, je grimpe par un chemin de muletier chaussé de mes sandalettes à la grotte Romuald malheureusement barricadée. Avant de plonger dans mon duvet bien chaud, j’admire le coucher de soleil sur le fjord.

Avant que je n’oublie, les réponses au quizz sont : Euro, Ljubljana, SLO pour la Slovénie; Hrvatska Kuna (Kuna croate:1€/7,55kn), Zagreb, HR pour la Croatie. Bravo aux gagnants qui reçoivent toute mon admiration (surtout s’ils n’ont pas fait de fautes d’orthographe). A ce sujet, je vous ai épargné les lettres avec des chapeaux inversés ou des accents sur les consonnes.

Résumé : 90kms, 5h45, 20,3km/h, beau, bivouac

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :