J79 – mercredi 29 juin – Yesiloba / Kinkkale

Comme sous mes auvents d’église orthodoxe, la nuit dans la mosquée a été sereine. Si ce n’est qu’à 5h du mat’, l’imam s’éveille et vient faire sa prière. Malgré mes boules Quiès, je l’entends psalmodier ses prières. Il est seul dans sa mosquée. Quelle foi incroyable il faut avoir pour se retrouver imam dans ce hameau perdu avec 3 fidèles et faire ses 5 prières par jour. Je suis admiratif. Il reste une bonne trentaine de minutes à réciter le coran. C’est un moment magique. Dans l’article d’hier, j’ai inséré l’audio de l’appel à la prière qu’il a psalmodié en direct. La plupart du temps, c’est une bande qui passe. Après qu’il soit parti, j’émerge et me prépare. Avant 7h, j’ai repris la route et quitte ce havre de paix.

Le ciel était clair au lever du soleil mais les nuages reviennent à nouveau. Je pars pour une longue matinée de crapahute. Je reprends la petite route qui m’emmène vers la capitale turque à travers les monts d’Anatolie qui culmine à 1.000 mètres d’altitude environs. Je les appelle comme cela vu le profil. Je quitte ce hameau après avoir laissé un mot à l’imam Hayri pour le remercier de son accueil et de son hospitalité.

La matinée se déroule presque sans encombre à travers ces paysages de monts. Je vous laisse contempler ces quelques photos prises pour me permettre aussi de reprendre mon souffle et de me reposer un peu à chaque fois. Les montées sont rudes et les descentes beaucoup trop courtes. Et cela ne fait que s’enchaîner !

Quand je disais presque sans encombre, c’est parce que, après avoir traversé le hameau de Deveci sur une route bien pourrie, j’ai à nouveau crevé du pneu arrière. Il faut dire aussi que mes 2 pneus sont sur la jante, mes 2 paires de patin sont en bout de course. Sans parler de ma tente qui est au bout du rouleau, de ma tenue vélo dont la fermeture éclair va lâcher, de ma bouteille de gaz Décathlon en fin de vie … et du rédacteur de ces lignes qui accusent la fatigue !

Dans ce hameau, alors que je cherche désespérément un café et/ou un market, je me fais jeter par la mère d’une jeune fille qui, du haut de son balcon, essaie de converser et de m’indiquer le prochain market. « çekip ! çekip ! » (va t’en !) me dit sa mère en me faisant comprendre par des gestes que je dois partir.

Alors que je vagabonde sur ce chemin et que je commence à avoir un échauffement à force de me faire secouer comme un prunier, je pense qu’il me faudrait de la crème pour la peau DermaJouveau fabriquée à Ampus (Var) par des amis à ma belle-sœur Florence et mon frangin Yves-Marie. Ils sont aussi originaires de Mayenne et se nomme Goupil. Alors que je pense à cela, j’aperçois quelque chose bouger sous un arbre devant moi. C’est un goupil (renard) ! Il me voit et s’enfuit en zigzaguant à travers la colline. Incroyable (mais vrai) coïncidence !!!

Il est midi passé. Depuis mon départ ce matin, je n’ai dû voir que autant de voitures que de doigts sur mes deux mains. Et quelques tracteurs aussi … J’arrive dans le hameau de (accrochez-vous) Haciömer Solaklisi dans lequel je tombe enfin sur un market vintage. Je prends une boisson fraîche et un paquet de gâteau que je dévore. En arrivant, il n’y avait que 2 personnes devant ce magasin qui ne vend presque que des chips, des barres, des gâteaux et des boissons gazeuses ! En repartant, il y en a une quinzaine. Je suis l’attraction de midi.

Vers 14h, alors que je devrais traverser le hameau de Kavurgali pour continuer dans la pampa, je décide de bifurquer sur une route plus importante (71-25) qui mène à Keskin, gros village en bord de la route D765. Je trouve enfin un endroit où déjeuner. Ce sera des pibe, sorte de pizzas turques. Je complète par des gâteaux orientaux dans une pâtisserie. Je peux repartir les réservoirs remplis. De cette ville, je fonce direct vers la grande ville de Kinkkale. Le profil est moins tourmenté, le bitume meilleur mais les paysages beaucoup moins sympas. Donc pas de photos !

J’y arrive vers 16h30. Je me pose à nouveau dans une pâtisserie où j’ai de la wifi. Cette pâtisserie est tenue par une jeune femme turque très dynamique et sympathique. Son employée est afghane de Kaboul. C’est elle qui confectionne les Izmir Bomba. Une tuerie ! C’est un chausson rond de couleur grise (pâte d’amande ?) emplie de chocolat noir. Il se mange chaud ou froid. J’essaie les deux chaussons. Ils me vont très bien tous les deux. La femme afghane me pose plein de questions, notamment si je suis marié, et me demande mes coordonnées pour venir en France. C’est sûr que sa bombe ferait recette en France. Quant à moi, je préfère m’esquiver avant que ça n’explose. Bonne partie de rigolade malgré la barrière de la langue.

Il me faut maintenant trouver un bivouac après quelques emplettes. Je pars vers la rivière Kizilirmark qui borde cette ville. Mais rien ne m’emballe. En désespoir de cause, je m’éloigne et prends un chemin de terre qui monte sur les côteaux. Je trouve un emplacement quelconque mais qui fera l’affaire pour ce soir. Je me pose et appelle mon bro Vincent. Alors que je m’apprête à diner, un homme descends de la colline. C’est le propriétaire de la ferme où mène ce chemin. Il s’appelle Hassan. Nous passons un moment à discuter via Google Traduction. Il me propose de m’héberger car il a peur que je sois attaqué par les chiens de ses bergers. Après bien des palabres, il me quitte à regret.

Il est presque 20h et je n’ai toujours ni dîné, ni rédigé une seule ligne de cet article. Et la nuit commence à tomber …

Résumé : 110kms, 7h35, 14,5km/h, variable venté, bivouac

Une réflexion sur “J79 – mercredi 29 juin – Yesiloba / Kinkkale

  1. Ccou Gaël
    Merci pour ton carnet de route 🤗.
    Après une longue interruption je reprends la lecture du blog… c’est un plaisir de te lire. Merci pour le partage et les photos. Prends bien soin de toi. Plein de bises. Leïla

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