J80 – jeudi 30 juin – Kinkkale / Ankara

Réveillé vers 6h du mat’ quand le soleil pointe le bout de ses rayons sur mon bivouac. Je me lève pour aller pisser puis rentre sous la tente pour plier duvet et matelas. Soudain, j’entends des aboiements à l’extérieur. Je jette un œil. J’aperçois au moins 5 molosses jaunes haut sur pattes. Ils sont à quelques mètres de la tente. Je m’enferme à l’intérieur et récupère mon antivol en U au cas où … Je ne fais aucun bruit pour ne pas les exciter. Le temps paraît long. Au bout d’un moment, je me décide à appeler Hassan. Je compose son numéro, branche le haut-parleur et lui fais écouter le barouf au dehors. Il me dit quelque chose que je ne comprends pas et raccroche. J’attends. De guerre lasse, les chiens finissent par partir. Quelques minutes plus tard, Hassan arrive en voiture de la ville. Il me demande si tout va bien. Heureusement, plus de peur que de mal. Il attend que j’ai plié mes affaires avant de repartir. Merci Hassan ! Ce 80è jour de ce périple commence fort …

Vers 7h30, je sors de ce dangereux chemin pour suivre l’itinéraire vélo conseillé par Maps.me. Au bout de quelques kilomètres, je me retrouve sur une mauvaise piste dans la montagne. Elle mène aussi à des carrières. Je ne croise que des camions dégageant de la poussière. Puis un panneau indiquant Ankara m’indique que je suis dans la bonne direction.

Je poursuis donc sur cette route pour monter un col. C’est du grand n’importe quoi ! De plus, je risque de crever à nouveau. Et je suis à nouveau seul au monde. Je ne croise que Simir et son troupeau de brebis et moutons qui me demande ce que je fais là ? Je me le demande aussi !

Les paysages sont à nouveau superbes mais que c’est rude. Par moment, je suis encore obligé de monter en danseuse à 4 ou 5km/h tellement la pente est forte. Et, de plus, cela n’accroche pas trop d’autant plus avec mes 2 pneus lisses. A ce rythme, je serais à Ankara dans 10 jours ! J’aperçois au fond la vallée et la ville de Kinkkale.

Dans la montée, je me fais doubler par un pickup. C’est un couple de fermiers qui viennent rassembler leurs vaches éparpillées sur cette colline. L’homme me demande si je suis electrik veya electriksiz (électrique ou non ?). Et non, tout est mécanique mon bon monsieur !

Arrivé en haut du col, la vue est splendide.

Par contre, il me faut redescendre prudemment par ce même chemin les deux mains sur les freins pour arriver dans la bourgade de Kiliçlar. Je me pose dans le café du village pour reprendre mes esprits, me délasser les doigts tétanisés, faire le point et boire deux çay. Je m’installe à une table ombragée. Et, comme à chaque fois, une première personne arrive, s’installe à ma table, engage la conversation en turc et d’autres rappliquent. Je sors mon Google traduction et j’essaie de répondre à toutes les questions. La personne en face de moi s’intéresse notamment au salaire. Je lui dis que le SMIC est de 1.400€. Ici, de 300€. Quand je vois le prix du litre de gas-oil à 28LT (1,65€), cela fait mal au budget. Le vieil homme au fond à gauche me taquine en turc mais personne ne veut traduire ses paroles. Après une bonne partie de rigolade, je reprends mon chemin.

A la sortie du village, la route indiquée pour le vélo s’avère être à nouveau une piste qui repart dans la montagne. Je file tout droit pour retrouver le bruit et la fureur de la circulation sur la route D200. Mais, au moins là, je risque moins la crevaison et j’avance. Même s’il me faut aussi franchir un nouveau col avant d’arriver à Elmadag. Je m’y arrête pour déjeuner de 2 portions (le vélo, ça creuse) de bülent, une sorte de feuilleté au fromage. Je repars vers la capitale après avoir réservé un Airbnb pour ce soir (Booking ne travaille pas avec la Turquie apparemment). Après une nouvelle montée, j’amorce une longue descente qui m’emmène à Ankara. J’arrive dans la périphérie en début d’après-midi. Je branche le GPS Maps.me pour trouver l’adresse. Je n’ai plus qu’à suivre la trace.

Je continue au maximum sur la route principale avant de bifurquer dans la périphérie sur un beau réseau cyclable.

Las ! Cela ne dure pas bien longtemps. Je dégote une station de lavage où j’en profite pour me faire laver (gratis !) mon destrier et mes sacoches qui en avaient bien besoin. Je poursuis ma route en faisant gaffe aux chauffeurs de minibus qui ont tendance à me raser de près comme si je leur prenais leur route. D’autant plus qu’ils s’arrêtent à la demande et ne mettent ni clignotants, ni warnings. J’essaie quand même de profiter du « charme » de la ville.

Je suis tellement obnubilé par la circulation que je suis bêtement mon GPS qui m’emmène je ne sais où, malgré la copie de l’adresse Maps.me. Je suis furibard contre moi et contre ce foutu GPS qui me paume à chaque fois en ville. Je n’ai plus qu’à brancher Google.Maps et trouver l’adresse du Airbnb. De plus, les orages menacent à l’horizon. Il ne manquerait plus que je me prenne un orage sur le coin de la gueule !

Je prends les grands boulevards, itinéraire voiture, pour arriver enfin à destination. Il était temps. La pluie commence à tomber. Malgré un quiproquo avec le numéro de l’appartement et un autre locataire, j’arrive à destination. Je suis hébergé dans le grand appartement de Talha, journaliste de 38 ans à l’AFP Turque, parlant un peu français, russe, anglais et turc évidemment. Il également été correspondant d’un journal à Kiev en Ukraine au moment où la guerre a éclaté. Nous passons la soirée à discuter de nos parcours respectifs. Un très beau moment à nouveau. J’ai choisi cet appartement car il est à quelques encablures de la gare. ATTENTION SCOOP !

En effet, j’ai décidé de rentrer. Il devait me rester 550kms (ou 770kms en passant par la Mer Noire) en itinéraire vélo pour aller jusqu’à Istanbul. Mais les signaux me disent qu’il est temps de rentrer. Cependant, je voulais prendre le train mais ils sont tous complets pendant une semaine. Je vais donc essayer de prendre l’avion depuis l’aéroport d’Ankara. De plus, en tant que grand amateur de sport, j’aimerais suivre la Coupe d’Europe de foot féminin, le Tour de France bien sûr et les Championnats du Monde d’Athlétisme à Eugène (USA) où mon ami Vincent y sera, le veinard.

Je profite d’une bonne douche chaude. Je lave mon linge. Je bois une bonne bière Efes Malt. Je vais passer une nuit dans un bon lit alors que la pluie tombe. Cela sent la fin …

Résumé : 85kms, 5h45, 14,km/h, beau, habitant

3 réflexions sur “J80 – jeudi 30 juin – Kinkkale / Ankara

  1. C’est important d'”écouter et entendre” les voyants. C’est prendre soin de soi ☺Bon retour Gaël. À très vite. Bises,
    Leïla

  2. Gaël, merci pour tes 80 jours d’aventure à vélo. Bon retour. Malheureusement le séjour st lary tdf de l’asptt est annulé mais j’espère qu’on aura l’occasion de se croiser à vélo prochainement.

  3. Un sacré parcours Gael👍Merci pour tes articles qui nous ont fait rêver et nous ont donné l envie de nouveaux horizons.
    À très bientôt

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