Réveillé à 6h30 par une voyageuse qui n’avait pas préparé son sac à dos hier soir contrairement à moi. Je m’habille, prends mon sacoche, descends de mon lit, récupère mes 2 sacoches, ma roue de secours et mon masque et sors du dortoir. Je finis d’ajuster le tout. Je descends une dernière fois les 4 étages, rends les clés et sors récupérer Haka2. Je charge la mule et c’est reparti. Je quitte cette belle auberge de jeunesse.

Avant de prendre la route, je trouve un ATM pour retirer du liquide. Puis une gargote pour y déjeuner de riz et poisson frit. Vers 8h00, je reprends la route en direction du temple d’Angkor Wat. Je passe à nouveau devant l’immense lac et les douves qui le ceinture.

J’emprunte à nouveau la petite piste cyclable qui permet de circuler hors trafic. Je suis arrêté par une femelle singe assise au beau milieu de la piste.

Je pense qu’elle n’est pas loin du terme.

Dans les arbres, une jeune maman allaite son petit.

Je repars mais pas pour longtemps. Le léger problème de cette piste cyclable est qu’il y a des obstacles assez fréquents. Hier, ça passait. Aujourd’hui, avec les sacoches, ça ne passe plus. J’aimerais que les concepteurs de ces chicanes à vélo imagine la même chose pour noter dire l’accès aux camions avec des chicanes voitures … qui ne laisserait pas passer tous les gabarits. Imaginez le bordel !

Après avoir laissé le temple à main gauche, je bifurque à droite pour emprunte la « Route 66 ». C’est en fait une longue piste en latérite, avec quelques parties sablonneuses, pratiquement rectiligne que je vais emprunter une bonne partie de la matinée. Je me fais doubler par un VTTiste. Mais je parviens à revenir dessus.

Nous allons rouler toute la matinée ensemble. Comme il ne parle pas un seul mot d’anglais, à part OK, la conversation est limitée. Je comprends qu’il se nomme Haé. Par moment, il me montre quelque chose et me parle cambodgien. A part papaya, j’entrave queue de chique. Mais il est fort sympathique.

Cette piste est vraiment pittoresque. A part quelques secteurs sablonneux, c’est relativement roulant. Nous traversons des hameaux. Je m’arrête prendre quelques maisons typiques en photo. Haé m’attend.



Nous sommes en milieu de matinée. Il n’a toujours pas bu une seule goutte d’eau. A un moment, il m’indique une gargote en bord de route. Je comprends qu’il commence à avoir vraiment soif. Il m’offre une petite bouteille d’eau. Trop sympa. En retour, je lui donne deux petites bananes tirées d’un régime acheté avant notre rencontre.

On se vide la petite bouteille d’eau d’un trait. Puis nous repartons. On roule côte à côte sur ce chemin. Quand un scooter arrive en face, je me range. Après quelques kms, il me fait signe de m’arrêter sur la droite. Nous allons visiter un temple hindou où de nombreuses statues d’animaux sont présentes : éléphants, chevaux, tigres, …

Puis nous allons saluer le Dieu à l’intérieur.

Je profite de cet arrêt pour regarder de plus près son vélo. Il aurait grandement besoin d’une sacrée révision à mon atelier. Je lui ai déjà signalé que sa roue arrière était sacrément voilée. En regardant de plus près, je constate que c’est son roulement de roue qui est mort. De plus, il n’a qu’un seul frein avant et aucune manette de vitesse. D’ailleurs, son VTT est un fixie. Il ne possède qu’un seul plateau. Le dérailleur arrière, quant à lui, est calé sur le 3è pignon. C’est un caillou, coincé entre la partie centrale du dérailleur et le protège-dérailleur, qui empêche la chaine de redescendre sur le petit pignon. Véridicte !

Et je puis vous assurer que, le p’tit bonhomme, il envoie du lourd. Il est enflé comme une arbalète, dois mesurer 1,60 au garrot et peser à peine 50kgs tout mouillé. Et je ne saurais vous donner son âge. Autour de la trentaine peut-être. Je ne sais pas où il va, ni où il habite, ni quelle est sa vie. Mais on trace la route comme si on était de vieux potes. Peu avant 11h, je repère un kiosque à café. Cette fois-ci, c’est à mon tour de régaler. La serveuse, assise derrière la chaise rouge, est d’une charmante gentillesse; son café glacé d’un sacré requinquant les fesses.

Nous avons rejoint depuis quelques kilomètres la route n°64. Et retrouver un bitume toujours aussi en mauvais état. Il faut dire que le passage de poids-lourds et de matériel agricole ne doit pas l’arranger. Haé devait me quitter à l’intersection mais il poursuit sa route avec moi. Je vais le ramener avec moi à Blagnac si ça continue ! Cependant, un temple khmer est fléché sur la droite. Comme mon pass est encore actif, je m’y rends. Mon compagnon d’échappée continue sa route seul. Je lui file quelques bananes. On se donne une franche poignée de main pour se dire adieu. Merci l’ami. Ce temple est donc celui de Boeing Mealea. Il faut parcourir une grande allée dallée avant d’arriver à une porte d’entrée en ruine.

Vu l’emplacement de ce lieu, autant dire qu’il n’y a pas foule. D’autant plus que ce temple est le moins bien conservé de tous ceux déjà visités. Il me faut suivre un cheminement en bois qui est construit entre les ruines. L’ambiance est étrange. Dame Nature reprend ses droits au fil du temps et finit par manger ce temple.

Les arbres et la végétation reprennent possession de l’endroit. J’ai même l’impression que les racines de cet arbre avancent doucement comme les pattes d’une araignée géante qui enserrent sa proie. Les racines pénètrent même dans le corridor encore debout.

La tour centrale, quant à elle, est complètement tombée. Ce n’est plus qu’un énorme amas de pierres agglutinées au centre de ce temple.

Après cette visite pour le moins étrange, je reprends ma route. Je croise de nombres engins agricoles trainant péniblement de grands troncs d’arbres ou de bois coupé comme ici ce convoi. Les scieries sont nombreuses dans le coin.

Vers midi, j’arrive enfin dans la petite ville de Svay Leu. Ce n’est pas encore ici que je vais trouver de la 5G. Les magasins sont pour le moins archaïques. Aucun café climatisé. Aucun restaurant à touriste. C’est du pur jus. Je trouve une gargote à la sortie de cette bourgade. J’y déjeune d’un plat de riz servi à volonté et d’une assiette de poulets/légumes. Je m’empiffre. Par contre, au moment de payer, c’est à nouveau la douche froide. Plus de porte-monnaie !
Décidément, c’est une maladie incurable. Heureusement que j’ai retiré de l’argent ce matin et laisser tous mes gros billets dans un autre endroit. Il n’y avait encore que des fifrelins mais ça m’agace. J’avais prévu de siester dans les hamacs mis à dispo. Et bien non. Je décide de retourner en arrière au temple et au café. Ce sont les deux seuls endroits où j’ai pu le laisser tomber en prenant une photo ou l’oublier. Je repars en plein cagnard. Au temple : rien. Au café où je reprends comme ce matin : rien. Tant pis. Ce ne sont que quelques euros perdus.
Je profite de cet arrêt imprévu pour consulter ma carte et trouver un endroit où dormir vu que mes plans changent. Je repère un GuestHouse à l’entrée de la ville. Je m’y rends direct. A 16h00, après une petite négociation, je prends possession d’une grande chambre avec ventilo. Avec clim, c’est 2 fois plus cher. La patronne est super sympa. Elle m’amène des mangues tombées de l’arbre et me sert un café au lait sucré. Je m’installe à cette table pour écrire ces lignes et profiter de l’air qui circule entre les bâtiments. Dans la chambre, c’est une étuve.

Je me fais livrer un plat avec une bière bien fraîche avant de me plonger dans mes revues quotidiennes. Par contre, la patronne a dû voir que je n’étais pas bien épais. La portion livrée est au moins pour 3 personnes. Je sais ce que je vais déjeuner demain matin. Et la bière est allemande et beaucoup plus forte que la Cambodia. Je vais bien roupiller cette nuit avec ces 90kms parcourus en plein cagnard.

Fin de cette journée contrastée avec cette nouvelle perte de mon porte-monnaie.
Ou porte monnaie soutiré par Hué…