J114 – jeudi 23 mars – Svay Leu / Bantay Srei / Svay Leu

Ce matin, je me réveille au chant du coq. A 6h00 du mat’, je suis d’attaque. Je prends une bonne douche froide. Puis je finis ma gamelle d’hier soir accompagnée de petites fourmis qui ont réussi à rentrer dedans malgré un sac plastique bien attaché. Cela fait un peu de protéines. Une longue journée m’attend. Je profite de la fraîcheur matinale pour tailler la route de bonne heure. J’attaque presque d’entrée par le gros morceau de la journée. Je vais grimper à 400m d’altitude sur cette petite montagne en partant de 50m.

Je traverse d’abord la petite ville de Svay Leu. Il est 7h du mat’ et les écoliers, tous en tenue blanche, sont déjà au garde à vous dans la cour. Au bout de quelques kms, j’attaque les premières rampes. Cela monte comme dans un col pyrénéen. Heureusement que j’ai laissé les sacoches dans ma chambre. Je suis tout à gauche. Je dois être au moins dans du 10%. La montée fait 4kms pour 380D+ soit du 9,5%. Je n’étais pas très loin. Je traverse le village de Anlong Thom.

Je roule sur une route goudronnée en bon état. Je suis arrivé sur un plateau vallonné où de nombreuses plantations attirent mon attention. Des fruits rouges ou jaunes pendouillent. Je m’arrête pour en goûter un. Ce n’est pas mangeable.

Je prends en photo ce fruit non comestible avec une extrémité très dure. J’apprendrai plus tard qu’il s’agit d’un anacardier ou pomme-cajou. La partie en bois abrite la fameuse noix de cajou. Par contre, la cueillette de ce fruit provoque des brûlures aux mains.

A mon retour, j’aurais la chance de m’arrêter dans un magasin où une famille déguste ces fameuses noix de cajou après avoir brulé la coque en bois et écrasé cette coque avec un pilon en bois.En mode industriel, le fils de la famille parlant anglais m’apprend que, en mode industriel, ces coques sont brisés après avoir été projeté par une bazooka. (C’est ce que je comprends). Je me régale. J’adore la noix de cajou. Et je comprends maintenant pourquoi c’est si dispendieux.

Je comprends aussi pourquoi j’aperçois de belles propriétés le long de cette route, à l’instar de celles des producteurs d’huile de palme ou d’hévéas. Je remarque aussi ces grands avancées en zinc qui doivent permettre de bien se protéger de la pluie lors de cette saison.

Je poursuis ma route alors que la circulation est pratiquement nulle si ce n’est des scooters. De temps en temps, j’aperçois un drapeau multicolore attachée à des buissons. Je n’en connais pas la signification. Non, ce n’est pas le drapeau LGBT+

Après une vingtaine de kms parcourus, j’arrive à l’entrée du Phnom Kulen National Park. Une cabine en délimite l’accès. Un jeune garde me ait signe de m’arrêter lorsqu’il me voit arriver à bonne allure. Je stoppe. L’entrée du parc est fixé à 20$. J’essaie de négocier mais, même après avoir utilisé la carte « J’appelle un ami » (en l’occurrence son chef), je suis obligé de raquer. « It’s the policy » argumente-t’il. Je vais y avoir droit une autre fois. La route goudronnée fait place à une piste en latérite. Le paysage est sauvage. Je traverse une immense forêt. La route est ombragée mais poussiéreuse.

Des trouées, dans cette forêt aux arbres gigantesques, me permettent d’avoir de superbes points de vue. Cependant, je ne m’attarde pas trop sur les sites à voir. Je verrais cela à mon retour si le temps me le permet.

Je sors de ce parc national. La route retrouve son béton. Je redescends dans la vallée. Je m’arrête boire mon traditionnel café glacé avant d’arriver au temple de Bantay Srey. Il est un peu plus de 10h. J’ai mis 3 grosses heures pour faire ces 50 premiers kms. Je me dirige au guichet. Une nouvelle négociation démarre. J’ai beau montré mon Pass 3 jours (mais expiré hier pour la visite de ce petit temple en ruine), expliqué que je me tape 100 bornes à vélo en plein cagnard pour voir ce temple, argumenté que je ne suis ni russe, ni américain, ni japonais argenté, usé de mon sourire légendaire qui a fait craquer tant de femmes (les chevilles peuvent gonfler, suis en sandalette de moine), mimé des pleurs, appelé le responsable, rien n’y fait. « It’s the policy ! ». Je refuse de payer à nouveau 37$ pour un Pass 1 journée. Dépité, je me vois dans l’obligation de repartir. C’est quand même trop con d’avoir fait toutes ces routes pour ne pas voir ce temple hindouiste qui semble si bien conservé.

Je sors mes cartes d’état-major. Si on me refuse l’entrée par la porte, je peux peut-être essayer de rentrer par la fenêtre. Je repère un chemin menant à des maisons derrière ce temple. Je m’y rends. Je tombe sur deux frangins de 10 et 16 ans qui glandouillent devant leur cabane. Je suppose que les zébus qui paissent dans les champs alentours appartiennent à leurs parents. J’explique à l’ainé, parlant un peu anglais, mon problème. Il m’invite à les suivre.

Nous traversons ces champs et au bout de quelques minutes arrivons sur un promontoire à l’angle des murs du temple. Il me dit d’aller visiter et qu’il m’attend là avec son petit frère. Je franchis la fenêtre et arrive au temple principal.

Ce temple hindouiste khmer du Xè siécle est effectivement superbe. C’eût été dommage de rater cette visite. Je me balade en présence de quelques occidentaux accompagnés de leur guide. C’est d’ailleurs comme cela que j’apprendrai le nom de l’anacardier. Les tours très ouvragées sont parfaitement conservées.

Les fresques sont également remarquables avec des effigies de Shiva. J’imagine que cela doit être frustrant de ne pas voir les photos. Dès que récupère de la wifi 4 ou 5G, je passe ma journée à tout recharger. Promis.

Même les personnages assis, gardiens des tours à l’intérieur de ce temple, ont conservé leur tête.

Mes anges-gardiens m’attendent toujours. Je me contente de visiter ce temple principal et ressors comme j’étais venu. Ni vu, ni connu. Nous retournons par le même chemin à leur cabane. Comme je ne suis toujours pas Crésus, je leur octroie à chacun un bifton d’un dollar en échange aussi de l’eau de leur bonbonne. Ils me semblent satisfait de ce pourboire. Merci les copains. Midi sonne au clocher de l’église. Quand je vous dis que le soleil tape fort … Il ne me reste plus qu’à faire demi-tour et rentrer à mon hébergement. Je reprends un autre chemin pour retrouver le Parc National. Après quelques kms, je rencontre des drôles tout trempés.

Je pose mon vélo, tombe mon tee-shirt et me jette à l’eau dans cette ancienne carrière transformée en réservoir d’eau. Que c’est bon !!! Les loupiots sont explosé de rire et moi également. Je renfile mon tee-shirt à manche longue et repars trempé mais ça devrait sécher vite vu la cagnasse. Un peu plus loin, ce sont des vendeurs à la sauvette qui attirent mon attention. Je n’arrive pas à discerner ce qu’ils vendent. Je m’arrête. C’est tout bêtement de la cire d’abeille. Cela donne envie mais je me contenterai d’acheter, un peu plus loin, un nouveau régime de petites bananes. Je décide de ne pas déjeuner ce midi si je ne veux pas rentrer au crépuscule.

Je grimpe à nouveau cette montagne mais sur une pente moins raide qu’à l’aller. Cette fois-ci, je fais un léger détour pour admirer le paysage sur un impressionnant promontoire rocheux d’une centaine de mètres de hauteur. Cela me rappelle les gorges de Château-Double près d’Ampus dans le Haut-Var derrière chez mon grand frangin Yves-Marie et ma belle-soeur Flo. J’y serai le 14 juillet.

Des failles séparent ces énormes blocs le long de cette falaise vertigineuse comme si ces blocs avaient été taillés au burin.

Après le minéral, je retrouve l’eau et les fameuses Waterfall. Alors que je viens de sortir du Parc National, les chutes d’eau se trouvent un peu plus loin. Un parking et des gargotes sont principalement occupés par des autochtones. Je descends à la première cascade qui n’est vraiment pas impressionnante sauf pour se faire tirer le portrait en famille.

Par contre, la seconde l’est beaucoup plus. J’y descends par un escalier à flanc de rochers. De nombreux cambodgiens se baignent habillés. Quant à moi, je fais le même strip-tease que tout à l’heure et à la flotte. Celle-ci est beaucoup plus rafraîchissante que celle de ma carrière. J’en profite pour me faire masser par Dame Nature en me positionnant sous l’énorme chute d’eau. Ça cogne mais, à nouveau, que c’est bon !

Je retrouve Haka2 qui m’attend sagement. Il rouspète un peu quand je m’assieds trempé sur sa selle. Plus qu’une vingtaine de kms et nous serons rentrés à l’écurie. Malgré la chaleur, je tiens le bon bout d’autant plus que le profil est descendant jusqu’à la ville. Je la retrouve avec plaisir même si c’est toujours autant le boxon. Je m’y arrête déguster un nouveau café glacé. Toujours aussi agréable après une telle cavalcade.

Il est 16h30 quand j’arrive enfin à mon hébergement après cette journée à 100 bornes et 1200 de dénivelé positif quand même. Presqu’au même moment arrivent Mary & Andy, mon couple de berlinois rencontrés avant-hier à l’auberge de jeunesse. Nous sommes restés en contact et je leur ai filé des infos pour la route et l’hébergement. Je retrouve aussi avec grand plaisir mon coin toilette assez sommaire. Pas de lavabo. Pas de chasse d’eau. Mais une douche avec de l’eau chaude. C’est amplement suffisant pour mon bonheur. Et, pour 6$ la nuit, je ne demande pas non plus le top service. A ce sujet, j’ai tout de même mes mangues, un épi de mais et mon café qui m’attendent. Vraiment trop sympa la patronne …

Nous nous préparons pour aller diner en ville à vélo évidemment. Je retourne au restau où je suis allé hier midi avec riz à volonté. J’ai trop les crocs. En bons allemands qui se respectent, la bière coule presqu’à flot. De plus, ce charmant couple de globe-trotters m’invite à dîner pour clore cette journée en beauté. Je leur propose une glace Magnum en dessert mais sans succès. Nous revenons de nuit et quelque peu éméché en ce qui me concerne. Je retrouve mon grand lit et mon ventilateur avec grand plaisir également.

Demain, la journée risque d’être beaucoup moins fun.

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