Comme hier matin, le même coq me chante la sérénade peu avant 6h du mat’. C’est l’heure des braves. Malgré la fatigue et les courbatures causées par ma rude journée d’hier, je me tire du lit. Je déjeune de la mangue, de l’épi de maïs cuit et du café au lait en sachet offert par ma logeuse. A 6h45, je quitte mon petit logis.

Tout le monde dort encore quand je pars. Tant pis. Je traverse pour la nème et dernière fois la bourgade de Svay Leu bien animée en ce vendredi matinal. Peu après la sortie de la ville, je me fais doubler par un de ces engins agricoles tirant une longue charrette. J’accélère pour revenir dans ses roues, ou du moins dans sa charrette.

La petite famille est à l’arrière. La maman donne la becquée à ses 3 enfants. Seul celui de droite a repéré mon insolite présence. Il me fixe, le regard ébahi, comme si j’étais un extra-terrestre.

Puis, après quelques kms parcourus à bonne allure et bien à l’abri, ma charrette bifurque à droite. Dommage. J’aurais bien tracé la route comme cela. Celle-ci est moins monotone que prévue. De plus, le profil n’est pas plat. Ce ne sont que longues montées puis longues descentes dans un paysage rural. D’ailleurs, arrivé en haut d’une bosse, je fais une pause pour prendre en photo ces travailleurs laborieux. Ils sont en train de couper du manioc avant de le faire sécher au soleil.

La même scène se déroule un peu plus bas de l’autre côté de ma route 64. Il est presque 9h et le soleil commence à taper.

Quelques kilomètres plus loin, j’arrive dans la bourgade de Kuleaen. Je bifurque à gauche pour me diriger vers le temple de Koh Ker. Je vais me renseigner sur le prix du billet qui est de 15€. Cela reste raisonnable. Mais j’hésite à aller visiter ce site composé de nombreux temples. Je n’ai pas envie de rouler tout l’après-midi en pleine chaleur. Si je m’arrête, je vais y passer 2 bonnes heures selon la personne au guichet. Tant pis. Je repars mais pas pour longtemps. En traversant le village, je fais un nouvel arrêt au stand pour déguster ces fameux gâteaux de riz sucrés. J’en achète 2 ainsi qu’un régime de petites bananes. Cela ne me coûte que 0,50€ et me permet de remettre de l’essence dans le moteur. La route est encore longue.

En milieu de matinée, j’arrive dans la bourgade de Kuleaen Tboung. C’est déjà la sortie des classes. Comme souvent, les jeunes filles rentrent à vélo, les ados à scooter et les autres avec un des parents à 1, 2 ou 3 sur le scooter.

Plus loin, c’est un troupeau de buffles qui attirent mon attention. Les petits prennent le bain dans une mare boueuse sous la surveillance des mâles. Je ne m’approche pas trop près. Je me croirais au milieu de la savane africaine. A ce sujet, le guide francophone précisait que les zébus ne donnaient pas de lait. Ces animaux, originaires d’Afrique, s’acclimatent très bien à ces contrées sèches. Malgré le fait qu’ils paissent toute la journée, ils sont particulièrement maigres. Ils finissent quand même dans l’assiette. Seules quelques vaches donnent du lait. Elles ont ici une grande valeur et sont particulièrement choyées. Les bornes kilométriques continuent de défiler. La prochaine bourgade de Thmei est à 17kms.

J’avance toujours à bonne allure. Il faut dire aussi que je suis souvent encouragé par les « Hello ! » des gamins et gamines en bord de route ou depuis leur cabane. Lorsque je suis doublé par un scooter ou un tracteur, les grands sourires des cambodgien.nes me donnent également la patate. Comme ces asiatiques peuvent être chaleureux, joyeux et souriants malgré des conditions de vie ô combien difficiles. Nous, occidentaux, devrions prendre exemple alors que nous sommes gavés et que nous tirons constamment une gueule de 6 pieds de long. A ce sujet, je passe à nouveau devant une maison bleue adossée à la colline.

Cette petite montagne qui culmine à 500m d’altitude est en fait le Phnom Tbeng National Heritage. Il est possible d’y randonner et de faire de l’éco tourisme. Pour aujourd’hui, j’ai mon compte. Je reste sur ma route vallonnée. Peu avant midi, je m’arrête dans la bourgade de Srok Kulaen pour y déjeuner. Après avoir ingurgité un plat avec des abats et des insectes (véridicte) et du riz, je me pose sur une plateforme ombragée pour une sieste bien méritée. Je ne mets par le réveil. C’est une jeune femme, faisant la vaisselle dans une bassine, dans la cabane d’à côté qui me réveille. Il me reste une trentaine de bornes à parcourir. La chaleur est étouffante. Même mon iPhone se met en alerte chaleur. De toute façon, c’est toujours tout droit. A la sortie de cette bourgade, je me pose devant l’école pour prendre en photo le parc à vélos sur la gauche alors que sur la droite se tient le parc à scooters.

Je suis obligé de faire des arrêts fréquents aux stands boissons tellement ça cogne. J’achète à chaque fois une bouteille de 80ml qui fait la contenance de ma gourde. Je n’en prends pas plus. Au bout de 30 minutes, elle est chaude. Je fais un dernier arrêt pour visiter le joli temple à l’entrée de la ville.

A 15h30, je me rends à la première guesthouse repérée sur ma carte. Je négocie la chambre avec ventilo à 5$; avec clim, c’est deux fois plus cher. Le ventilo me va très bien. Je me fous à loilpé et dirige le ventilo sur moi. Après m’être installé et douché, je vais me chercher un café glacé à un kiosque juste à côté. Pas de café. Tant pis, je prends une Ganzberg bien fraiche. Andy m’informait hier soir que c’était la marque d’un brasseur allemand mais qu’elle était fabriquée au Cambodge. Et, surtout, qu’il fallait surveillé la tirette lorsqu’on l’ouvrait. 200 voitures, 2000 motos … ou une autre bière peuvent être gagnées. Hier soir, malgré notre lourde conso, nous n’avons rien gagné. Là, coup de bol, j’en gagne une autre. Ce sera pour ce soir.

Comme j’ai éclaté un bifton de 50$, je me suis amusé à faire une présentation des billets cambodgiens, comme déjà fait dans d’autres pays.

Vers 18h30, je pars dîner, non pas en ville vu que je suis à un km du centre, mais dans la 1ère gargote à proximité. Il n’y a aucun client et aucune personne de la famille ne parle anglais. Pas évident pour commander surtout que le présentoir ne ressemble en rien à ce que j’ai déjà vu. Et je comprends qu’il n’y a pas de riz. Je demande au maître de maison de me servir à manger. Je verrais bien. Sa jeune fille me prépare une mixture dans un bol.

Et, c’est ma foi fort bon ! C’est un mélange de tapioca, d’omelette sucrée, de deux fruits confits, d’un morceau de gélatine et d’un autre ingrédient sucré. Le tout servi dans de la glace pilée et arrosée d’une sauce. Je me régale et en prends un 2eme bol. Après ce festin sucré, je rentre dans ma chambre. Fin de cette nouvelle étape de 100kms. Demain, je continue ma route vers l’est.