J125 – mardi 4 avril – Kampong Trabek / Bavet

Couché tôt, réveillé tôt. A 6h00, je suis déjà prêt à enfourcher mon destrier. Le problème est que, comme hier après le gros orage, la porte métallique qui donne accès à la maison principale est fermée. J’ai beau tambouriné, tout le monde roupille là-dedans. Au bout d’un certain temps, la proprio arrive en petite tenue. Apparemment, ses clients ne sont pas trop matinaux. Après avoir ouvert la porte, il lui faut maintenant déverrouiller le portail qui donne sur la route. C’est une vraie prison ici. A 6h20, je peux enfin décoller.

Je traverse une dernière fois le pont. J’achète deux chaussons à la vapeur en guide de p’tit déj’. Puis je bifurque à droite le long de la rivière. J’emprunte à nouveau un chemin qui suit cette rivière. Vers 7h00, je me pose sur un banc. Comme ces vaches, il est l’heure de casser la croûte.

Une fois la panse remplie, je repars. Le long de cette rivière, les rizières sont approvisionnées en eau. Le paysage est verdoyant. La nature est apaisante. Le ciel est bleu. La journée s’annonce belle.

Je suis la trace que j’ai concoctée depuis Mapy.cz. Elle me fait passer par des sentes, toujours dans l’objectif d’éviter un maximum les grands axes. J’adore circuler sur ces chemins de traverse perdu au milieu de nulle part. De plus, à cette heure matinale, la température est agréable. Le soleil n’est pas encore au zénith.

Par contre, en me dirigeant vers l’est, j’abandonne le chemin en bordure de rivière. Seuls quelques canaux d’irrigation permettent d’abreuver les nombreux troupeaux de bovins. L’eau est couleur terre. Les cultures disparaissent. Les pâturages s’étendent maintenant à perte de vue. La température monte. La poussière est toujours omniprésente. Vers 9h00, je m’arrête en rase campagne boire mon café teuklo. A nouveau, ma présence en ces lieux perdus crée l’attraction.

A 9h30, je traverse une des nombreuses bourgades rurales. C’est la sortie de l’école. Je dois dire que j’ai un peu de mal à comprendre les rythmes scolaires. De nombreux écoliers rentrent chez eux à vélo. Dans ces contrées sauvages, aucune voiture n’attend devant l’entrée. Les gamins se démerdent.

J’aimerais bien voir cela un jour dans nos villes françaises et, notamment, devant l’école primaire Jean Moulin qui se trouve juste derrière l’Arche à Blagnac. Pour y venir, les jeunes cyclistes n’ont d’autres choix que de rouler sur les trottoirs malgré que ce soit interdit. Quant aux automobilistes, ils s’agglutinent devant l’école le long de la petite rue en sens unique pour y déposer leurs précieux rejetons. Mon asso 2P2R milite d’ailleurs pour mettre en place « les rues sans voitures aux abords des écoles » sachant que 1/3 des élèves habitent à moins de 2 kms et 2/3 dans un rayon de 5 kms. Ce n’est pas gagné vu que les projets vélo avancent à la vitesse d’un … vélo justement. Donc pas forcément aussi vite qu’on aimerait parfois.

Après avoir salué ces nombreux jeunes confrères, je poursuis mon chemin. A la sortie de cette bourgade, je m’arrête devant le temple bouddhiste pour photographier ces personnages juchés chacun sur un animal différent.

A 10h00, je rejoins la ville de Svay Rieng qui est également un noeud routier important au carrefour de cette « enclave » cambodgienne. Un énorme bassin, alimenté par la rivière Tonké Wayko, se forme à la sortie de cette ville. Je préfère m’arrêter faire une pause le long d’une autre rivière plus paisible. J’y déguste mes 2 chaussons au riz, enveloppés dans une feuille de bananier et achetés sur le marché. Le triangulaire à la noix de coco est toujours aussi savoureux alors que le long à la banane plus roboratif. Ces gourmandises matinales vont me manquer.

Alors que je reprends mes pérégrinations, je me retrouve derrière un vieux monsieur perché sur son tuk-tuk hors d’âge. Celui-ci me paraît aussi bancale que son pilote. Impressionnant. Mais ça roule quand même …

Après quelques kilomètres bitumés, je retrouve une piste dure toute cabossée. Je suis secoué comme un prunier. J’ai les cuisses qui commencent à couiner avec toutes ces secousses matinales. Ce matin, j’ai d’ailleurs suivi une piste verte dans les rizières pour m’échauffer. Puis une piste bleue comme le ciel immaculé. Une piste rouge couleur latérite. Et cette piste noire complètement tôlée à défaut d’être glacée. Il m’est aussi arrivé de faire fausse-piste et devoir faire demi-tour. J’ai parfois brouiller les pistes en faisant du hors-piste pour ne pas être suivi par des hordes d’admirateurs. Et, d’ailleurs, ce fût parfois un vrai jeu de piste pour ne pas me perdre. Quant aux pistes cyclables, je n’en ai vu aucune. Concernant la piste aux étoiles, c’est déjà assez le cirque comme cela …

Vers 11h30, c’est sous un arc-de-triomphe que je passe pour commémorer le passage sur ma dernière piste cambodgienne. Je rejoins en effet un axe bitumé avant de retrouver la National Highway 1 qui me mènera à la frontière. Il me reste encore 20 kms à parcourir. Cela va être long. Alors que j’avance péniblement vent dans le pif sur cette longue route interminable, je me fais doubler par un engin transportant des bouteilles de gaz vide. C’est le moment ou jamais. Je fais l’effort pour revenir dans sa remorque. Je vais le suivre, sans faire un seul effort, pendant des kms jusqu’à l’entrée de la ville. Le pied. C’est ce qui s’appelle une entrée explosive en ville !

Il est plus de midi. Je m’arrête dans la 1ère gargote venue pour y déjeuner. Je profite de cet arrêt au stand pour me faire passer un coup de jet d’eau par un jeune qui nettoie son scooter à côté. Puis, je pars à la recherche d’un hébergement. Je voulais passer la frontière en début d’après-midi mais je n’ai rien trouvé du côté vietnamien à moins d’une quinzaine de kms. Je préfère assurer le coup. Il n’y a personne à l’accueil de la 1ère GuestHouse. La seconde est trop chère. Un hôtel visité également. La 3ème est soi-disant complet (les chinois qui tiennent ces établissements ne sont vraiment pas sympas). Je reviens à mon 1er choix. Un autre client cambodgien au gros pickup fait également le pied de grue. Il appelle le numéro inscrit sur la porte. Quelques instants plus tard, le gérant se pointe à scooter. La chambre est à 10$ avec clim. De plus, elle est spacieuse et propre. Certainement une des meilleures chambres cambodgiennes rapport qualité-prix. Je prends.

Après avoir fait un bon siestou, je pars à pied dans un café repéré en cherchant un hébergement. C’est également climatisé et assez cosy. Manque de bol, quelques minutes après avoir récupéré ma commande, l’électricité tombe en panne. Plus de clim, plus de ventilo, plus de wifi. Je reste quand même dans ce bel endroit à tapoter sur mon clavier. Au bout d’heure, tout revient à la normale. J’en profite pour charger les images avant de rentrer dans mes pénates.

En arrivant à ma chambre, je ne trouve pas le mot de passe pour la wifi. Il faut dire qu’il y a 5 adresses pour le même établissement. Décidément, j’aurais galéré jusqu’à la fin avec la wifi cambodgienne. Je finis par me rendre à l’accueil pour choper une wifi qui fonctionne. Puis je pars dîner juste à côté. Ce sera mon dernier dîner cambodgien. Je me prends une bière Angkor pour fêter cela.

Il est déjà 19h00. Je rentre dans ma chambre climatisée à 28°c. Fin de cette dernière belle journée cambodgienne avec 90 bornes au compteur dont les 3/4 sur pistes.

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