J126 – mercredi 5 avril – Bavet / Saigon (VN)

J’ai chopé le pli. Réveillé vers 5h30, je me lève dans la foulée. Je me prépare et boucle les sacoches. Puis je charge Haka2, frais comme un gardon. Il sort et dédaigne complètement la Merko et la Toyota à la robe pourtant identique à la sienne. A 6h00, nous sommes déjà prêts à partir en territoire inconnu.

Mais, avant cela, je retourne déjeuner dans la gargote d’à côté. Je dois, d’une part, recharger les batteries, et, d’autre part, dépenser mes derniers Riel cambodgiens avant de franchir la frontière. Je passe également au marché m’acheter des chaussons au riz et de l’eau avant de franchir la frontière cambodgienne. Il est 6h30. Le soleil m’indique la route à suivre : plein est pour l’instant avant de descendre sud-est.

Je quitte à regret ce merveilleux pays cambodgien. La vie y est rude pour beaucoup comme les paysages et les routes. Mais les sourires et les « Hello » vont terriblement me manquer. Je franchis les formalités et la frontière vietnamienne en 5’. Par contre, je n’ai pas pu prendre un visa mensuel avec possibilité d’entrer et de sortir du pays. Le douanier m’a tamponné un visa touristique gratuit pour 15 jours. Il va falloir que je passe la frontière laotienne avant le 20 avril. Je n’aime pas trop avoir cette contrainte mais je n’ai pas eu le choix. A 6h45, j’entre au Vietnam.

Contrairement à Bavet, la ville cambodgienne frontalière où foisonnent boutiques, restaurants, hôtel et casinos, la bourgade de Moc Bai côté vietnamien est minuscule. Je ne trouve ni distributeur, ni magasin de téléphone. Tant pis. Je suis ma trace qui m’emmène à Saigon. Par contre, les paysage sont identiques. Les gargotes, vendeurs ambulants et déchets en bordure de route également. Je bifurque de suite au sud pour emprunter la route secondaire DT786 qui évite l’axe principal AH1. Je descends vers le village de Phuoc Chi dont le nom me fait penser, avec mon esprit déformé, à « Chie (dans ton) froc ! ». Pour l’instant, ce n’est pas encore le cas …

La route est belle et rectiligne. Les paysages de rizière me rappelle que je suis toujours en Asie du Sud-Est. La première différence, par rapport aux autres pays déjà traversé, est le chapeau conique des femmes. Mais je n’ai pas osé en prendre en photo. En effet, de prime abord, les vietnamiens paraissent beaucoup plus fermés que thaïs et cambodgiens. Je franchis ma première rivière nommée Sông Vàm Có Dông. La seconde différence est aussi l’écriture latine avec des mots très courts.

Et puis, je remarque aussi la présence d’un énorme champ de panneaux solaires. Je n’en avais encore jamais vu depuis mon arrivée il y a 126 jours déjà. Pourtant le soleil tape fort dans le secteur. Arrivé à Loc Giang, je traverse une gigantesque zone industrielle dont des usines de textile qui alimentent nos magasins de fringue. Dans ces usines, les parkings sont blindés de scooters.

Je poursuis ma route en traversant de nombreux villages. J’ai beau chercher. Je ne trouve ni distributeur, ni banque. Cependant, vers 9h00, je me pose pour boire mon café glacé. D’ailleurs, ici, les cafés sont extrêmement nombreux. En arrivant, je précise et montre au patron que je n’ai qu’un billet de 10$. Je commande mon café servi également avec un thé froid.

Au moment de payer, je présente mon bifton de 10$ à la patronne. Elle me regarde interloquée et me demande des Dong, la monnaie vietnamienne. Je lui fais comprendre que je n’en ai pas. Elle me fait signe de la main de partir. Son mari arrive. J’essaie de lui faire comprendre la méprise mais pas évident sans parler une langue commune. Je lui demande « Bank ? ». Il me fait signe de retourner en ville. Je repars en arrière. Je cherche à nouveau mais aucune banque à l’horizon. Je m’arrête chez 2 vendeurs de bijoux mais me fais jeter du même geste méprisant de la main. Tant pis. Je repars sans avoir pu payer. Je traverse toujours autant de villages. J’ai l’impression qu’ils s’enchaînent les uns derrière les autres.

Il y a énormément de scooters et de tuk-tuks. Par contre, les camions et les voitures empruntant cet axe roulent à tombeau ouvert et klaxon hurlant. C’est hallucinant. Je surveille constamment mon rétro gauche quand je dois doubler un véhicule mal stationné au risque de me faire embarquer par un de ces chauffards. A 11h30, je rentre juste dans l’immense agglomération de Hô-Chi-Minh-Ville (que je vais désormais appeler Saigon, c’est plus rapide !). Cette ville compte plus de 3 millions d’habitants. Je vais vite m’en rendre compte.

A peine suis-je entré dans l’agglo que je trouve un distributeur. Enfin ! Je braque la banque et retire 2.500.000 VND (VietNam Dong) soit environ 100€. Il va falloir que je refasse ma gymnastique intellectuelle pour convertir cette nouvelle monnaie. C’est quand même plus simple de voyager en Europe avec notre monnaie unique, à part dans quelques pays réfractaires.

Les distributeurs font leur apparition. La circulation s’intensifie dans ces rues étroites de banlieue. J’ai l’impression d’être de retour à Bali avec tous ces scooters qui passent de tous les côtés. Je redouble d’attention.

La fatigue, le bruit, la faim m’incite à m’arrêter me poser et déjeuner bien que j’ai ingurgité mes 2 chaussons au riz en milieu de matinée. Je m’arrête dans une gargote où des étudiants déjeunent. L’accueil n’est, à nouveau, pas des plus chaleureux. Mais je me régale quand même avec ce plat de riz, de poulet, de courges et de légumes.

Il me faut repartir. Après une vingtaine de kilomètres parcourus en périphérie, j’arrive dans le centre. La circulation y est intense. Je longe des boulevards à 2*3 voies. Heureusement, je peux souffler un peu en traversant puis longeant ce bras de rivière.

Je me rends dans une auberge de jeunesse repérée sur ma carte et juste à côté d’où habite Guillaume, le fils de Marie-Pierre et Frédéric, mes amis bergeracois. Son quartier se situe de l’autre côté du sinueux fleuve Song Sai Gon qui coupe la ville en deux. Je franchis un pont à hauban et entre dans ce nouveau quartier en plein développement où les tours poussent comme des champignons en automne.

Malheureusement, mes recherches s’avèrent infructueuses. Une nouvelle fois, Maps.Me n’est pas à jour. Cette auberge n’existe plus. Comme je n’ai pas acheté de nouvelle carte SIM, je m’arrête pour boire un nouveau café et choper la Wifi. Cette fois-ci, je réserve avec Agoda une auberge de jeunesse située dans le centre. Je n’ai plus qu’à revenir sur mes pas, ou du moins, sur mes roues. Je franchis à nouveau le pont mais dans l’autre sens. Les gratte-ciels poussent plus vite qu’à Phnom Penh !

Il me faut maintenant trouver ma nouvelle auberge de jeunesse. Cette fois-ci, j’ai branché Google Maps avec l’adresse indiquée par Agoda. J’arrive au point indiqué. Je me retrouve devant l’Université des Sciences. Pour la jeunesse, ça va. Mais pour l’auberge, ça ne va pas. J’en ai plein les bottes. Je me pose à nouveau pour étudier ma carte. Je vais me fier à l’adresse et rechercher la rue. Par contre, le numéro de l’auberge est 39/26. Cela me rappelle la voie 9 3/4 dans Harry Potter. Je finis par dénicher cette auberge qui se trouve au n°26 d’une impasse donnant sur le n°39 de la rue indiquée. Je me retrouve à nouveau au 4ème et dernier étage dans le lit du haut. Après avoir posé mes sacoches, je prends ma douche et fais ma lessive. Puis je pars à la recherche d’un endroit où je peux me boire une bonne bière Saigon bien fraîche. Celle-ci est particulièrement méritée.

Je passe le reste de l’après-midi dans cet endroit. Les jeunes serveurs ne me calculent pas. Tant pis pour eux. J’irais diner ailleurs. Je trouve une gargote et m’installe à une table occupée par un autre célibataire aussi prolixe que moi. Décidément, ils ne sont pas très cordiaux ces vietnamiens. Le jour est tombé. Je rentre à mon auberge alors que le Times Square local (« Man driving a horse Statue ») est bien encombré. Je ne vous explique pas le bordel pour traverser ce carrefour et rejoindre ma chaumière en face.

Il est 19h00. Après une douce et calme journée hier, j’enchaîne par une rude et bruyante journée aujourd’hui. Ainsi va la vie des baroudeurs à vélo.

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