Finalement, j’ai très bien intuité de m’arrêter dormir dans cet endroit insolite. En effet, au lever du jour, je suis réveillé par le bruit de trombes d’eau qui s’abattent sur les gueux. Bien à l’abri, il n’y a que quelques gouttes qui arrivent à percer cet ouvrage. J’attends que ça se calme. Mais nada. A 8h00, j’émerge de mon refuge et déjeune bien planqué sous une pierre inclinée. Je plie la tente et mes affaires et patiente. Le ciel est noir et ça continue de dégringoler. Je sors ma tenue de scaphandrier et me décide à partir alors qu’une légère éclaircie fait son apparition. Je quitte cet endroit avec un brin de nostalgie bien que j’aie dormi dans une sépulture ! Mais que le repos y fût agréable …

J’arrive très rapidement à Douarnenez sous un crachin breton de circonstance. Je fais le tour de la ville, fait une balade au marché puis descends au port-musée où j’étais déjà venu mais je ne sais plus à quelle occasion. Malheureusement il est fermé. Comme il est déjà tard, je trouve un bar le long du quai, compte mes piécettes restantes (1,34€) et demande le prix du café : 1,40€. Le patron me dit de m’installer. Je commence à discuter avec un jeune couple attablé à côté et qui a déjà fait de courts voyages à vélo. Un autre client se mêle à la conversation et a du mal à me croire quand je lui dis arriver de Toulouse. Finalement, au moment de partir, le patron me dit que le jeune couple a payé mon café. Trop sympa.

Je reprends la route direction la presqu’île de Crozon. La météo s’améliore. Je sors de la ville par le parc des Plomarc’h et récupère la D7. À nouveau ça grimpe sec. Par contre, je ne trouve plus de panneaux « Véloroute de Bretagne ». Tant pis. D’autant plus que j’ai changé ma stratégie. J’ai téléchargé les cartes Maps.me sur mon iPhone et je m’en servirai pour me guider au cas où. Je peux en effet brancher la prise en haut du téléphone et avoir la carte dans le bon sens ce qui n’est pas le cas de Géovélo. Donc aux oubliettes cette appli d’autant plus que le coup des pistes de VTT m’est un peu resté en travers du gosier notamment à cause des vis perdues en cours de route. Je me servirai donc de l’iPad pour faire les photos plutôt que d’avoir à sortir sans arrêt l’iPhone de son étui-guide.

Au bout d’un moment la D7 et ses bagnoles me fatiguent. Je décide donc de descendre sur la côte. La lumière est toujours aussi magique. Par contre, les côtes sont pour le moins ardues. Et ce n’est que le début …



Puis je suis obligé de remonter sur la D63 et traverse alors les bourgades de Plonévez, Ploéven, Plomordien avant de replonger vers les plages et les toboggans. En descente, je suis à 45km/h et dès que ça remonte (panneaux 10%), je tombe à 6 ou 7km/h tout à gauche. Bonjour les cuissoux. Je m’arrête déjeuner au bord de la belle plage de Lestrevet mais à l’abri du vent car ça souffle fort. Puis j’arrive à Pentrez où des ouvriers construisent une belle piste cyclable. J’emprunte la partie achevée et me retrouve sur la D667 qui mène à Crozon que j’accède via une voie verte. Dommage que la piste ne soit pas encore achevée car le trafic devient intense à l’approche de ce carrefour urbain.
Entre-temps j’ai croisé mon 1er couple de cyclo-touristes que j’encourage vu qu’ils sont en pleine pente. Digression. J’aurais également dû être en couple à voyager. J’avais toujours dit que, pour moi, le voyage était source de partage et d’échange avec l’être aimé. La vie fait que je me retrouve à voyager seul. Le voyage est différent. Je suis seul maître à bord et je me confie à ce blog donc j’échange aussi avec vous mes lecteurs. Retrouverai-je une baroudeuse avec qui partager mes folies et mes délires ? Je ne sais pas. Le fameux « Plan A », si cher à Jessy, existe-t’il ? Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que, dans ma vie tumultueuse, je n’ai souvent été que le plan B. Déjà à ma naissance, j’étais le numéro 2 derrière mon ainé Yves-Marie (bientôt 60 piges et retraité) très envahissant par ses facultés intellectuelles au-dessus de la moyenne et sa faconde. Quant à mes deux autres frangins, Manu et Franck, ils vivent leur vie. J’y reviendrai. Moi, j’étais en retrait. Besogneux. Discret. A devoir toujours prouvé. Que ce soit dans mes courtes études, dans mes amours, dans le boulot, dans le sport. En partant de loin, j’ai réussi dans tous ces domaines à force d’abnégation et d’effort. Je suis fier du chemin accompli même si celui-ci a été tortueux, même si j’arrive à la retraite seul et sans toit à moi. Qu’importe. J’ai deux beaux enfants Gwendoline et Titouan ainsi qu’une belle-fille, Nathalie, dont je suis très fier. J’ai de beaux projets devant moi. Et j’aime à citer cette phrase de Gandhi : « Le bonheur, c’est l’harmonie entre ce que je pense, ce que je dis et ce que je fais. » Je suis heureux tout simplement. Fin de la digression.

Une fois à Crozon, l’heure avançant et le temps menaçant à nouveau, je décide de contacter une personne sur WarmShower. On verra bien. Je m’arrête pour ma traditionnelle pause gâteau-boisson puis par en direction de la pointe de la Chèvre. C’est sauvage, comme toute cette magnifique presqu’île, hormis quelques jolis hameaux de maisons de pierre restaurées.

Je finis par arriver au bout de la presqu’île sud. Il fait à nouveau beau et chaud alors que j’avais ressorti mon ciré en cas d’averse. Je consulte le site. Pas de réponse. Je continue donc mon tour et m’arrêterai au 1er camping venu. Trop envie de prendre une bonne douche chaude, après ces 2 dernières journées à crapahuter et bivouaquer, et de me poser un peu.


Je m’arrête donc à Goulien en bordure d’une magnifique plage et je finirai mon tour de la presqu’île demain. Séchage des affaires, rasage et douchage, me voilà fin prêt pour dîner et papoter par clavier interposé. Puis petite marche digestive pour admirer un nouveau coucher de soleil sur la pointe de Pen-Hir.

Et dodo bien au chaud dans mon duvet !

Résumé : 80kms, 5h15, 15.0km/h, camping
Je te souhaite vraiment un peu de sec !! Bon vent.