Finalement, je ne regrette pas mon choix de m’être arrêté dans cette maison à vendre. En effet, la tempête s’est déclenchée dans la nuit ainsi que l’orage. Bien abrité dans mon appentis, j’ai dormi comme un loir.

Ce matin, je me réveille à 7h30 comme d’hab’ et à 8h30 je quitte ma maison à vendre avec vue sur la mer …

… pour arpenter le pays de l’Iroise, belle, sauvage, indépendante, avec de douces formes. D’ailleurs cette journée sera celle de la Femme. Je commence par rencontrer une joggeuse sur la plage …

puis une nageuse …

Je ne connaissais pas cette partie de la Bretagne mais je dois dire que c’est encore magnifique. Je me régale les yeux. Je m’enivre des odeurs iodées. Je touche du doigt le beau. J’écoute les bruits de l’océan. Je déguste le bonheur d’être libre. En résumé je m’emplis l’âme de toutes ces sensations.

Je croise et me fais doubler également par des cohortes de cyclistes mâles. Un hochement de tête, un petit signe, un bonjour me rappelle que je fais aussi partie de cette tribu des bouffeurs de bitume. Mais la finalité n’est pas la même. Je me fais aussi rattraper par une cycliste, Jacqueline, 62 ans, retraitée depuis 2 ans, du club de Plouvien qui m’accompagne pendant de nombreux kilomètres. Elle doit quand même m’attendre dans les bosses alors que j’arrive à la suivre sur le plat. On a vent dans le dos et avec les sacoches et l’inertie, ça envoie du lourd. Puis je l’abandonne devant un café et la laisse partir tailler sa route. Trois charmantes serveuses officient dans ce café bondé avec vue superbe sur la baie en ce dimanche ensoleillé.

Le paysage est somptueux. Je m’arrête assez souvent pour faire des photos mais cela ne rend évidemment pas comme en vrai. Je pense à mon ami Baptiste qui se régalerait. Vers 13h, je me pause sur une plage pour mon repas dominical : lentilles au pâté Hénaff, fromage breton, crêpes au caramel beurre salé.

Je fais un léger siestou sous le cagnard et repars. Je continue sur la route côtière et en prends plein les mirettes avec ses cailloux éparpillés, pas évident de naviguer par ici, ses chapelles, ses croix celtiques …

… ses plages de sable blanc et ses surfeurs !

Puis j’arrive dans le pays des Abers. Et là, c’est pas la mère à boire (facile …) mais ça redevient compliqué. Il faut faire le tour de l’Aber Benoît puis de l’Aber Wrac’h. Et, à chaque fois, ça pique : vent de face pour remonter vers la mer et de sacrés casse-pattes sur des chemins empierrés.

Entre-temps, j’avais fait déguerpir une jeune renarde, journée de la femme oblige, aux aguets devant une ferme qui avait dû projeter de se taper une poule aux pots pour son déjeuner.
Vers 17h, je m’arrête dans un petit port pour me retaper la cerise en ingurgitant mes crêpes restantes. Je discute un moment avec deux couples de retraités qui habite à-côté de l’aéroport de Brest. On discute aéronautique avant d’aller voir un marin-pêcheur débarqué des caisses de poulpe.


Je fais le tour de l’Aber et retrouve le front de mer. Je croise un cyclotouriste chargée de grosses sacoches jaunes Ortlieb. Un petit salut au passage et je file par la baie des Anges très fréquentée en admirant au loin la pointe de Pen Enez.

L’heure avance et il me faut penser à trouver un bivouac. Le problème est que mon iPad est presque déchargé et ma batterie autonome ne recharge pas grand-chose. je décide finalement de m’arrêter dans un petit camping 2* en bord de mer à 8€ la nuit. Douche chaude, montage de tente et une bonne bière après cette magnifique journée.

Et qui je vois débarquer au camping ? La cyclo croisée tout à l’heure. Elle a préféré faire demi-jour et s’arrêter ici. On discute en buvant notre bière. Elle se nomme Sandrine et fait le trajet dans l’autre sens en redescendant sur Vannes où elle était commerciale chez un vélociste. Mais le confinement, la pression (pas que des pneus), la vente à la chaîne de VAE à des camping-caristes blindés de tunes ont fini par la décider à se reconvertir et à monter sa boite de rédactrice-éditrice Web. Sacré femme : traileuse, baroudeuse (elle a fait la traversée du Canada à vélo après avoir vaincu le crabe), courageuse, auto-entrepeneuse et (je pense) heureuse. On partagera nos aventures et notre repas sous le auvent d’un mobil-home avant d’admirer le coucher de soleil sur la pointe de Pen-Enez. Rentré sous ma tente je tombe sur un message de mes suédoises qui ont repris la route, retrouvé le soleil et, j’imagine, la patate et le sourire. Avant de passer une bonne nuit bercée par le bruit des vagues, un dernier message à la Juju : « Femmes, je vous aime ! ».

Résumé : 105kms, 6h00, 17.5km/h, camping