Nuit calme bercée par le bruit des vagues en bas de la colline où je suis niché. Personne. Tranquille sur ma terrasse de cette grande maison avec un parc immense à l’abandon. Quelle tristesse ! Et dire qu’il y a des gens qui sont entassés dans des taudis. Le monde est vraiment mal foutu. En tant qu’agnostique, je ne peux croire qu’un Dieu quel qu’il soit régisse tout cela. Ou alors, c’est un grand psychopathe …

Comme je suis à l’abri sur la terrasse, il n’y a pas de rosée ce matin. J’ai décidé de me lever plus tôt pour profiter de la fraîcheur et surtout m’arrêter plus tôt afin de faire une lessive, des courses et la grande toilette du bonhomme et du vélo. A 8h, je suis donc parti et je retrouve l’itinéraire du Tour de Manche. Je quitte les grèves matinales pour m’enfoncer dans l’arrière-pays.

A St-Michel-en-Grève, c’est donc tout à droite à travers la bucolique vallée du Kerdu. Et pour être kerdu, c’est kerdu. C’est aussi ardu et pentu. Je suis une trace forestière et monte sur le 36 tout en rythme. Il fait frais. Je double un traîner matinal et deux VTTistes costauds qui tirent gros et la gueule aussi en me voyant passer. Je n’emprunte que de belles routes de campagne sans croiser aucune voiture. Le pied. De toute façon, je ne pouvais pas suivre la côte. Que des culs-de-sac. Finalement j’arrive à Lannion où je me pose pour mon café matinal dans un bar cool « Le Flambard » où le boss (Bruce Springsteen pour les jeunots) passe en boucle.
L’itinéraire nous fait monter à La Chapelle de Brélévenez où, certes, la vue est magnifique mais ensuite il faut redescendre pour basculer plein ouest vers Trebeurden.

Je repars dans les chemins de traverse, que j’ai nommé la voie 9 1/2 en référence au quai du train d’Harry Potter pour Poudlard (chacun ses références littéraires !) et il ne faut surtout pas rater un panneau sinon on part vraiment en pleine cambrousse. Un exemple du fléchage parfois compliqué à suivre. J’arrive dans un lotissement et il me faut tourner à gauche :

A gauche ça descend sec donc je descends sec mais bien planqué sur la droite, un panneau qui invite à prendre la voie verte ! Donc gros coup de frein (les patins avant sont nazes et je les changerai cet aprèm) et à droite toute. Si vous loupez le panneau, je pense que vous pouvez tournicoter un moment dans le lotissement.

Idem quand il y a des travaux sur une route. Des déviations sont indiquées pour les voitures qui sont renvoyées par de plus grands axes. Mais pour les vélos rien. Heureusement, les 3 fois que cela m’est arrivé (et la route était vraiment bloquée), les ouvriers arrêtent leurs engins et me laisse passer. En Allemagne, vous avez de beaux panneaux « ??? » pour les vélos. Des petits riens qui font toute la différence. Je me retrouve à nouveau sur un ancien chemin très sympa et ombragé.

Arrivé dans un hameau, je tombe sur une plaque qui me frappe la rétine puisqu’elle porte le prénom de mon ainé.

Digression. Yves-Marie est donc l’ainé de la fratrie né en 1960. Pour rappel, nous sommes 4 garçons comme la fratrie de mon grand-père maternel (cf chapitre précédent). Il vit dorénavant dans le charmant village d’Ampus au-dessus de Draguignan dans le Var avec sa non moins charmante épouse Florence et sera à la retraite dans quelques semaines. Après avoir exercé pas mal de petits boulots dans sa jeunesse, il a trouvé sa voie dans l’immobilier en tenant une grosse agence Century21 à Laval puis en devenant promoteur avant de créer « sa petite agence du Haut-Var » à Ampus pour finir sa carrière. Flo, elle, est podologue et exerce en libéral dans le secteur. Ils ont 2 fils Valérian et Hugo tous deux lavallois. Quant au recteur, rien à voir avec Yves-Marie, ancien président des PRG de la Mayenne et laïc convaincu.
Moi je suis le second pour ceux qui ont suivi le chapitre sur « le syndrome du Plan B ».
Puis Franck, né en 1964, qui habite et tient la supérette de son village de Limetz-Villez à côté de Giverny qui abrite la maison et le musée Monnet. Il est marié à Corinne, comptable, qui l’aide aussi à la compta et à la boutique et ont une grande choupinette Eloïse. Franck est parti jeune de chez les parents pour devenir compagnon pâtissier. Il a bossé par mal de temps dans de grands domaines dans le Vexin avant de reprendre cette supérette. Pongiste depuis de nombreuses années, il arrive à battre des petits jeunes par sa malice et son mental.
Et le petit dernier Emmanuel, Manu pour les intimes, né en 1968. Vous aurez remarqué que les frangins sont tous nés des années olympiques sauf moi … il y a dû avoir aussi un problème de confinement en 1961 … Après avoir sévi pendant de nombreuses années au bord des bassins en tant que MNS, Manu, employé territorial à la mairie de Montauban, bosse dorénavant à la médiathèque. Papa d’une charmante fille Zoé à la tête bien faite, issu de sa relation avec Cathy, il vit désormais à côté de Montauban avec Stéphanie qui bosse comme secrétaire hospitalière. Tous les deux passent leur dimanche à arpenter en marchant tous les alentours de Montauban et d’ailleurs. Fin de la digression
Arrivé à Trébeurden, je retrouve enfin mes paysages adorés. La campagne, c’est sympa mais bon …

Je décide de continuer sur la route principale et de ne pas repartir sur les coteaux campagnards. Je traverse Penvern, Kérénoc, Landrellec, Trégastel en empruntant quelque fois des portions du GR34 mais à mes risques et péril vu que ce sont des chemins piétons.

J’arrive enfin à Ploumanac’h où je visite à pied, vélo à la main, le site de granit rose.

Je m’arrête sur un banc et dévore les 2 tomates ainsi que les betteraves cuites achetées à une maraîchère sur le bord de la route. Le spectacle est aussi pour les badauds qui me regardent, dubitatifs, casser la croûte. Mais la vue est tellement grandiose que je me régale autant de mon repas que du paysage.



Après ce délicieux pique-nique, je repars et arrive à Perros-Guirec où je m’arrête au 1er camping venu. Les douches sont ouvertes. Il y a une machine à laver et un séche-linge. Et accès à la plage à 100m. Parfait. Fin de la petite étape aujourd’hui. Ce sera après-midi lavage, course, baignade et repos bien mérité sous le soleil breton.

Résumé : 60kms, 4h00, 15.0km/h, camping