J28 – jeudi 25/6 – Perros-Guirec(22)/Tréveneuc(22)

Ce matin, je suis comme cette vache allongée dans l’herbe : j’ai la tête dans le cul ! J’ai bouquiné tard hier soir dans ma salle machine à laver où j’étais tranquille peinard alors que mes voisins en mobil-home picolaient et discutaient fort.

Finalement, je décolle de Perros-Guirec à 8h30. Le temps de grimper la colline pour revenir au centre ville et faire la photo de l’église, le soleil dans le pif, me voilà reparti sur les chemins de traverse de l’EV4. Il fait déjà 24°c au thermomètre de la pharmacie du coin. La journée s’annonce chaude.

Mais je dois dire que je ne verrai pas la mer de la matinée. J’essaie bien de bifurquer de temps en temps mais toutes les routes mènent à des ports en cul de sac où il faut se taper une sacré grimpette pour reprendre le chemin initial. Je décide de suivre l’itinéraire même si j’ai l’impression de faire pas mal de zigouigouis pour éviter la route principale. Je visite la Bretagne légumière, ses champs d’artichauts et ses serres gigantesques qui alimentent principalement l’enseigne « le Prince de Bretagne ». Cela me change de notre production bio à taille humaine de l’Arche en Pays Toulousain …

A 10h30, je m’arrête à Tréguier, petite cité de caractère (j’adore), boire mon café matinal et discuter avec les serveuses du bar sur la place centrale. J’en profite aussi pour visiter la cathédrale qui abrite la sépulture de Saint-Yves (Yves Hélory de Kermartin : 1253-1303), saint patron des professions de la justice et du droit (avocats). D’ailleurs il y a aussi une plaque à la mémoire de Yves du Manoir, international de rugby, polytechnicien français mort à 24 ans aux commandes de son avion et qui a donné son nom au fameux challenge rugbystique. Voilà pour la petite leçon d’histoire matinale.

Je redescends dans la vallée où je traverse le Guindy puis le Jaudy. Si j’étais venu demain, j’aurais probablement traversé aussi le Vendraudy ! Je file à bonne allure toujours en coupant à travers champs et forêts vers Paimpol. Avant d’y arriver, je traverse le Trieux où une maman et sa fille prennent un bain de fesses. C’est charmant …

J’arrive enfin à Paimpol sur les coups de midi. J’admire la ville, sa falaise, son église et son Grand Pardon mais n’y trouve pas la Paimpolaise. Puis je descends sur le port où je retrouve « Justine et Thibault » (titre de mon prochain film ou roman) en train de casser la croûte. Je les avais croisés hier soir alors que je buvais mon verre de cidre dans le centre de Perros-Guirec. Ils sont en route vers Dinan où ils ont laissé leur voiture. Très sympas tous les deux, ils me proposent de m’attabler avec eux. Hélas, j’ai prévu un pique-nique périssable et je préfèrerais aussi déjeuner dans un restau avec vue sur mer. Je leur souhaite bonne route et reprends la mienne.

Je sors de la ville et ne peux m’empêcher de m’arrêter prendre une photo de ces fermes restaurées typiques tout en granit dont j’aime beaucoup le charme austère.

Je finis par retomber enfin sur l’Océan et l’anse de Beauport. Après être passé visiter l’abbaye, j’emprunte le GR34 en poussant mon vélo et finis par trouver une plateforme qui domine la baie. C’est paradisiaque. On se croirait aux Antilles. Je m’arrête pour y pique-niquer et faire un siestou au son de l’église dont les cloches sonnent le glas.

Le pépiement de 3 randonneuses et le cri des mouettes (ou vice-versa je ne sais plus très bien) me tirent de mon sommeil. Il est 15h, l’heure de reprendre la route. Je sors du sous-bois et retrouve l’itinéraire EV4 qui suit la route des falaises. Autant la matinée fût bucolique, autant l’après-midi fût atlantique. En effet, depuis Paimpol, le circuit a suivi la côte sur une petite route touristique sans circulation. Premier arrêt au moulin de Craca avec vue incroyable sur la baie de Paimpol. Et c’est clair que les habitants du coin ont dû en avoir pour restaurer entièrement et remettre en état de marche ce moulin du XIXé siècle.

Je continue mon chemin et découvre de superbes vues sur les criques et les falaises impressionnantes qui dominent une mer plate. Par contre, des nuages arrivent. La moiteur est prégnante. Je roule veste ouverte.

Quelques baigneurs se risquent dans l’eau. Je dois dire qu’hier après-midi, je l’ai trouvé bien fraîche et n’ai pas fait trop de longueurs. Déjà que …

J’ai soif et faim. Je fais un détour par Plouha pour m’acheter un gâteau et mon Schweppes agrume dans une des 3 boulangeries autour de la place de l’église. Je me fais une pause justement au pied de l’église. Puis branche mon GPS pour m’indiquer la route de St-Quay-Portrieux. Celui-ci m’indique la route directe que je suis. A un moment, alors que j’arrive devant un stand de dégustation de Muscadet fermé, je croise un panneau EV4. Je ne me pose pas de question, débranche mon Maps.me et suit les panneaux. Au bout d’un moment, ma boussole intérieure m’envoie des signaux. Je regarde l’autre boussole. Effectivement je devrais être S-E mais elle m’indique N-O ! Damned, je suis en train de revenir sur Plouha en ayant emprunté l’itinéraire dans le mauvais sens. Une remarque également pour nos amis qui tracent les EuroVélos, il serait pas mal de faire comme sur les autoroutes avec des couleurs inversées en fonction du sens de circulation. Je peste et m’insulte. Je dois me retaper les quelques côtes que j’ai descendues allègrement. Je fais demi-tour et retrouve mon stand de dégustation qui, lui, n’a pas bougé de place.

Je n’ai plus qu’à reprendre l’itinéraire dans le bon sens. A un moment, je file tout droit pour arriver au « Bout de la Ville » de Tréveneuc. C’est un cul-de-sac qui donne sur une plage accessible par un escalier vu que nous sommes en haut de la falaise. Il y a un bar-restau qui a l’air d’ouvrir et quelques voitures stationnées . Un peu plus loin, une aire de jeux, une table en dur et un pin accueillant. J’en ai pleins les bottes. Je m’arrête.

Je dois dire que la soirée est quelque peu spéciale. Sur ma droite, il y a une maison où 3 familles avec leurs enfants dînent sous un barnum. De l’autre côté de la rue, se trouve un bar-restau « Le crapaud rouge » où je vais boire mon cidre brut. Je suis accueilli comme ‘un chien dans un jeu de quilles’ comme disait ma grand-mère. C’est le début du service et je comprends que je les enquiquine avec ma commande. Je bois mon verre sur un bout de bar, le restau se remplit vite, puis retourne à mon campement. En-dessous des scouts de tous âges se sont groupés sous un arbre où ils entonnent des chants religieux ponctués d’applaudissements. Après ils sortent des collations et trinquent.

Le ciel s’est couvert et des orages grondent dans les terres et se rapprochent. Je monte rapidement ma tente au cas où et commence à casser la croûte. Quelques gouttes tombent mais rien de méchant. Je regarde autour de moi et éprouve la désagréable impression d’être étranger à ce monde. Personne ne me propose de trinquer. Tout ce petit monde doit se demander ce que je fous là. Je sors mon bouquin (« Bernard Quesnay » d’André Maurois, l’histoire de l’industrie du textile dans l’Eure après la 1ère guerre mondiale vu à travers une famille bourgeoise) que je termine avant d’aller me coucher.

Résumé : 100kms, 6h00, 17.0km/h, bivouac

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