Malgré le ciel menaçant de la veille, il n’est tombé que quelques gouttes. Je me réveille sous un beau ciel bleu avec quelques nuages floconneux. La tente et la bâche vélo sont sèches. Je déjeune à l’abri du vent derrière La Chapelle et salue un couple de VTTistes tracté chacun par un chien esquimau; coïncidence troublante car je suis en train de (re)lire « L’appel de la forêt » de Jack London.

Je trainasse un peu en ce dimanche matin et finis par partir peu avant 9h sur les petites routes des polders pour arriver devant le majestueux Mt-St-Michel. Et dire que, quand j’étais ado (14 ou15 ans) à St-Servan, il nous est arrivé avec qq potes de prendre notre vélo et d’y partir pour la journée avec le pique-nique. On prévenait les parents qu’on rentrait pour dîner. Souvenir de grande liberté mais bien délimitée. Souvenir aussi de mes premiers amours avec Mattéa, une des filles de nos amis corses. Mais revenons à nos moutons qui paissent tranquillement dans les prairies.

Auparavant, j’avais rencontré un cyclo allongé dans l’herbe à fumer sa clope qui se rend à Roscoff. Il n’avais pas l’air trop stressé si ce n’est par le fait de s’acheter un tente pour pouvoir bivouaquer et éviter de débourser 50 balles pour uniquement roupiller dans un lit.
Après un dernier regard sur ce spectacle grandiose, je prends la route du Cotentin en contournant la Sélune. Je croise à nouveau un cyclo qui tracte une remorque et qui se dirige vers Brest. Il vient de trouver une sacoche avec du super matos de photographe. Je suppose que c’est un automobiliste qui a dû la laisser sur le toit de sa voiture et est reparti sans s’en rendre compte. Il la dépose dans une chambre d’hôte en face en laissant un mot sur la barrière. Je repars pour m’arrêter un peu plus loin dans un bar-rotisserie-chambre d’hôtes « Le Marquis de la Guintre » où le patron m’offre une crêpe avec mon café. Allez zou, c’est reparti.

Je prends la direction de Blainville/Mer où m’attendent Martine et Christian rencontrés à la pointe des Espagnols. Je pensais arriver en début d’après-midi pour le café mais Christian joint par SMS me dit qu’il y a 120 kms et que je ne devrais arriver que lundi. Bizarre Maps.me m’indique une cinquantaine de kms ? Bon, je taille la route et on verra bien. A la sortie de la baie du Mt-St-Michel, je retombe sur un fléchage EV4 qui indique le Tour de Manche. Difficile à comprendre la logique de ce fléchage … Par contre, cet itinéraire ne fait pas le tour du Cotentin. Je ne le suivrais donc pas.

Je branche mon GPS et direction Blainville. Effectivement la distance n’est pas la même que celle d’hier ! Ca va être chaud patate. De plus, je n’ai pas pensé à faire le plein d’eau lors de ma pause-café et les bidons, après le bivouac, sont presque vides. Je m’arrête dans une pissotière espérant trouver un lavabo ou un robinet. Mais c’est bien connu, en France, après avoir pissé, on s’essuie les mains sur son pantalon. Donc je remplis un bidon à l’urinoir sans me laver les chaussures, essaie de déchiffre la prose mais sans succès et reprends ma route.

Je m’arrête déjeuner juste avant l’aérodrome d’Avranches où doit se tenir une compèt’ de chute libre de bon niveau; j’aperçois en effet des parachutes au couleur tricolore et l’avion n’arrête pas de faire des rotations. Simple supposition. Le spectacle est dans le ciel et également devant moi avec mes moutons qui paissent toujours devant le Mt-St-Michel. Par contre, mon GPS me confirme bien que j’ai encore 70 bornes avant d’arriver à destination. J’appelle Christian pour le prévenir que je n’arriverai pas pour le café mais un peu plus tard …

J’entame ensuite ma remontée vers le nord en me baladant en ville mais sans faire d’emplettes. En effet, après avoir gravi la côte de Champeaux, j’entame ma visite de Jullouville et sa magnifique plage où fut aussi érigé par les allemands une partie du mur de l’Atlantique.

Puis j’arrive à Granville perché sur sa falaise avec ses fortifications, sorte de St-Malo miniature. Il y a foule aux nombreuses terrasses de cafés et de restaurants. Mais seul le personnel porte un masque. Allez comprendre la logique de ces mesures d’hygiène ?

Puis ce sera Donville, Bréville, Bricqueville, Muneville, Annoville, Hauteville, Agon-Coutainville et Blainville ! Entre-temps, Christian m’aura rejoint après Montmartin/Mer (bug !) sur une magnifique piste cyclable comme il devrait y en avoir le long des axes départementaux.

Par contre, je dois avouer que cet après-midi dominical aura justement été pénible du fait de devoir rouler le long de ces départementales très empruntées en cette belle journée estivale et sans axe cyclable. Impossible de suivre la côte par d’autres routes : que des culs-de-sac pour aller dans les villes côtières et obligation de contourner les havres, les abers bretons. Et puis j’ai aussi eu droit au défilé de motards pétaradants, à celui de vielles voitures bien puantes, aux papy-mamy en vadrouille et qui n’osent pas doubler, aux jeunes conducteurs avec le A au Q qui n’ont pas dû apprendre la règle des 1,50m d’écart pour doubler et aux éternels abrutis qui roulent à tombeaux ouverts (expression ô combien imagée sauf que moi je n’ai pas envie de finir ni dans un tombeau, ni dans une urne à cause d’un abruti non fini).
Christian m’ouvre la route sur son VTT pour ces derniers kms et je suis bien content de l’avoir devant moi à pouvoir discuter après cette longue journée. Nous finissons par arriver et retrouver Martine dans leur superbe maison familiale normande coquettement aménagée après cette journée de 120 bornes. Ils me proposent de m’héberger ce que j’accepte avec beaucoup de plaisir et de gratitude. Enfin une bonne douche chaude, quelques verres de cidre bien frais, un dîner succulent (poulet fermier et grenailles au four, fromages et dessert avec glace cassis et coulis de mûres maison) qui me change de mon Tipiak quotidien et un bon lit douillet.
De plus, en discutant de nos parcours respectifs, il s’avère que le beau-frère de Christian, originaire de La Flèche dans la Sarthe comme mon père, habite le village de St-Jean-de-la-Motte où se tenait la ferme de mes grands-parents paternels. Incroyable coïncidence !!!
En ce 31é jour d’itinérance, le seul bémol de cette journée aura été la réélection très serrée de la guimauve Moudenc, le Cyrano de Toulouse. Espérons que ses projets pharaoniques (3é ligne de métro, la tour Occitanie) ne verront pas le jour après la déflagration COVID-19. Et que son urbanisation tactique sera pérennisée … Mais quelle déception de ne pas voir la liste Citoyenne et Écologique emmenée par Maurice emporter la mairie et apporter un souffle novateur sur cette métropole à la croisée des chemins.
Je me couche avec vue sur un superbe coucher de soleil sur l’île de Jersey au loin. Merci à tous les deux pour votre chaleureux accueil. J’adore aussi ces voyages pour ces belles rencontres improbables et cette hospitalité.

Résumé : 120kms, 6h40, 18.0km/h, hébergement
Gael de bien belles photos des comptes rendus tres complets
Avec même une tirade sur les élecstions…..
continue à nous faire profiter de ton ^périple
la bise virtuelle
jlouis