J34 – mercredi 1/7 – Tourlaville(50) / Carentan(50)

Réveillé de bonne heure en ce 1er jour de juillet, je trainasse dans ce bon lit bien douillet, ouvre les volets et constate qu’il ne pleut pas, contrairement à ce qu’annonçait la météo hier soir. Je décide donc de partir plus tôt que prévu. Hier soir, j’ai pu recharger mes appareils, charger de nouvelles versions puis sauvegarder mes iBidules, poster les photos chez Claude, téléphoner à mon grand frangin et aux potes, prendre des nouvelles de mes suédoises préférées et, surtout, me reposer !

Ce matin, je prends connaissance de mes messages et constate qu’un de mes fidèles lecteurs, les KD en vadrouille (il faudra qu’on se rencontre à mon retour), me signale que des photos sont absentes sur les articles publiées hier. Comme j’ai la connexion, je m’y attelle. Il me faut aussi rattacher les sacoches, laver sommairement mon destrier qui a pris cher hier et, surtout, graisser la chaîne. Il est 10h, je décolle plein est pour rejoindre Gatteville-Phare.

Je prends la longue rue Carnot puis une belle piste cyclable qui me sort facilement de Tourlaville. J’attaque la route touristique du Val de Saire vent dans le dos et j’avale les kilomètres à bon train : 22 parcourus la 1ère heure et pourtant ce n’est pas la Beauce … Je laisse le phare du Cap Lévi et les vaches normandes à leurs occupations respectives.

Et je poursuis ma traversée de villes : Bretteville, Fermanville, Cosqueville, Vrasville, Réthoville, Gouberville, Gatteville-la-Magnifique où je commence par me rendre sur le port et admirer le phare à la pointe nord-est du Cotentin …

Puis je vais dans le village mais, manque de bol, je ne peux prendre mon café (fermé le mercredi) mais visite la petite chapelle des Marins et la massive église aux 2 transepts et à l’architecture austère du pays.

J’entame ensuite ma descente du côté est du Cotentin et m’arrête à Barfleur (bug!) pour prendre un café dans le bar des pêcheurs devant le port et profite de la lumière magnifique alors que des nuages menaçants refont leur apparition.

Je suis abordé par 2 cyclistes qui finissent le Tour de France des Randonneurs organisé par l’US Métro. Ils finissent à Honfleur après 5.000 bornes au compteur en 3 semaines ! Ce sera mon plan C si la GB est fermée ou si les pays nordiques ferment leur frontière aussi.

Je quitte cette charmante cité puis m’arrête peu de temps après pour casser la croûte à l’abri du vent et devant une charmante petite crique où un gars du coin viendra, avec sa petite barque, récupérer son bâteau bleu et ramasser ses casiers.

Peu de temps après, je retrouve l’EV4 qui a coupé depuis la Baie du Mt-Michel pour monter direct vers ici.

Je reprends l’itinéraire et m’arrête visiter St-Vaast-la-Hougue avec son fort Vauban.

Par contre, je suis mon itinéraire initial sans m’occuper de l’EV4 qui renvoie dans les terres. Je descends la côte en profitant du spectacle offert par les nombreux cavaliers (la Normandie est le pays du cheval) qui se balade sur l’immense plage.

Je suis bien évidemment la route « 1944 », m’arrête devant le monument à la gloire du Général Leclerc et de la 2è DB.

Puis fais également une halte à Utah Beach où eut lieu le débarquement des forces alliées le 6 juin 1944.

Une fois sorti d’Utah Beach, je me trouve devant la baie des Beys alimentée par la Douve et la Vire qu’il faut contourner pour atteindre Carentan. Je me tape vent dans le nez et commence à accuser la fatigue. Et plus je m’enfonce dans les terres, plus les nuages noirs s’amoncellent. Je vois le clocher de l’église au loin mais cette route qui serpente dans la campagne me paraît interminable. Je finis enfin par arriver en fin d’après-midi et me pose dans le bar des sports qui sent bon le formica mais pas trop le camphre.

Il faut aussi que j’aille faire les courses; le frigo et les placards sont à nouveau vide. Quand je sors du magasin, la pluie se remet à tomber. Bon. Il faut que je trouve un abri vite fait ou une chambre d’hôte. Enfin un endroit au sec pour la nuit parce que, vu les nuages, cela s’annonce humide. Je rebranche Maps.me pour sortir de cette bourgade et me diriger vers l’est. Je fais quelques kilomètres, entre dans Grinville, passe devant un cimetière récent, aperçois un abri. Je m’arrête et vais inspecter. Nickel, il y a un auvent mais trop exposé et, derrière, un local poubelle qui sera parfait pour cette nuit. Une poubelle retournée me servira de table; bâche, matelas gonflable et duvet de lit douillet. Je m’installe en compagnie des morts pour une nuit au sec.

En parlant de morts, digression. J’aimerais quand même revenir sur mon douloureux passé évoqué il y a 2 jours lorsque Christian m’a parlé de ses origines sarthoises et de son beau-frère habitant le village de St-Jean-de-la-Motte où mes grands-parents étaient agriculteurs dans leur ferme de « Le Grand-Friche ». Ma grand-mère avait eu une fille Réjane issue d’un premier mariage; une demi-tante avec qui les rapports furent souvent conflictuels pour de sombres problèmes d’héritage qui, au final, fût dérisoire. Au décès du 1er mari de ma grand-mère, elle épousa ensuite mon grand-père Émile et ils eurent 3 enfants. L’aîné Moïse, qui ne voulait pas reprendre la ferme, était parti fâché et vivait d’expédients en buvant ce qu’il gagnait. Après une soirée particulièrement arrosée à La Rochelle, il alla se baigner à l’aube mais ne fût pas sauvé des eaux. Il se noya. Suicide ? On peut le supposer. Leur 2nd enfant, une fille, Bernadette, se suicida dans la mare devant la ferme alors que mes grands-parents voulaient la marier avec un agriculteur qu’elle n’aimait pas. Quant à mon père, à l’heure de la retraite et alors qu’il accumulait les problèmes (santé, associatif, couple), il mit également fin à ses jours.

Tragique destin familial. De cette mort brutale, je fis le deuil rapidement en écrivant un poème retraçant sa vie pendant les nuits qui précédèrent son incinération. En voici les première strophes : « Né un 21 février, jour de la Saint-Pépin. Ton enfance, ta jeunesse : pas de câlin. Mais un beau matin, une douce angevine Tu rencontras. Ce jour, ta vie s’illumine.»

Mon père était un gentil colosse au pied d’argile. Il est parti beaucoup trop tôt. C’était sa décision. Fin de la digression et de la journée.

Résumé : 100kms, 5h30, 18.0km/h, bivouac

4 réflexions sur “J34 – mercredi 1/7 – Tourlaville(50) / Carentan(50)

  1. Salut Gaël,

    Le fameux « KD en Vadrouille » est un certain Cadet que tu as côtoyé dans ton ancienne vie :-).
    Plus piéton que cycliste, il fait beaucoup de montagne et bourlingue pas mal à travers le monde dès qu’il en a l’occasion (https://kdenvadrouille.wordpress.com/).
    Je me régale à te voir faire ce tour de France et passer par des coins que je connais parfois très bien. Plus tu vas monter vers le nord et moins je vais les connaitre par contre :-).
    Ce sera avec plaisir que je t’offrirai une bonne bière lorsque tu seras revenu par chez nous.
    Jean-Marc

    1. Hello Jean-Marc,
      Effectivement cela me rappelle une ancienne vie … que j’ai très facilement zappé (sauf à la fin du mois quand je reçois ma fiche de demi-salaire). J’espère que tu as remarqué que je portais haut nos couleurs rouge-et-noir. Donc ce sera en septembre pour la bière …
      Bonne lecture. Gaël

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