La nuit a été humide, ventée et courte. Malgré mes boules Quiès, je suis réveillé à 6h30 du mat’ par mes voisines d’origine d’un pays de l’est (Russe, Ukraine, ?) mais immatriculées en Belgique. Déjà qu’hier soir, la tribu avait été bruyante … Comme je suis réveillé, je déjeune et plie mes gaules et à 8h00 je suis d’attaque sous le crachin normand . Après quelques kilomètres et arrivé à Fécamp, je suis obligé de m’arrêter car, comme il a fallu que je démonte la roue pour changer le pneu, j’ai aussi dû enlever les fils branchés sur la dynamo et la batterie ne se recharge plus. Il faudra que je demande à mon ami Vincent qu’il ressorte son fer à souder parce qu’enfiler les fils tournicotées dans la prise n’est pas évident. Finalement, j’y parviens et fais quelques courses puis le tour de la ville encore endormie en ce dimanche humide.

Après une belle grimpette pour sortir de la ville, je retrouve « l’EV4 – la Vélo-Maritime » sur cette côte d’Albâtre ô combien sauvage surtout par ce temps maussade.

Je ne croise pratiquement personne excepté ce qui me fait penser, à chaque fois que je vois un champ d’éolienne, aux machines des extra-terrestres de la « Guerre des Mondes » de H. G. Wells.

Vers 11h30, je finis enfin par trouver un café ouvert mais avec un patron pas très sympa qui se fout de la gueule des joggeurs du dimanche matin (et certainement des cyclistes aussi) mais, vu son gabarit imposant il ne doit pas beaucoup sortir de son bistrot le pépère, et surtout cher (le café à 2€ pas le patron) à Veulettes-sur-Mer. J’admire une nouvelle fois ces falaises impressionnantes. Tous ces villages de bord de mer sont accessibles par de grandes descentes puis arrivée sur le bord de mer avec sa promenade, ses restaus et ses cafés, ses cabines pour se changer et ses falaises des 2 côtés puis grosse montée pour revenir sur le plateau. J’enchaîne cela toute la journée sous un bruine persistante. Heureusement, j’ai vent dans le dos dès que je suis en-haut.

Après avoir fait mon marché matinal dans un petit village, je m’arrête à Saint-Valéry-en-Caux. Je file jusqu’au bout de la promenade et, à côté du casino, je trouve un algéco transformé en baraque à frites tenue par des jeunes très sympas. J’y achète une portion de frites énormes avec sauce au gingembre + saucisses + café au même prix que la saloperie bouffée hier au Mac’Do. Si vous passez dans le coin, n’hésitez-pas à vous arrêter là-bas. Trop cool ! Je profite également d’une éclaircie pour faire sécher ma tente. Mais ça ne dure pas …

Je ferai bien la sieste comme ces vaches dans le bocage normand mais la météo ne s’y prête pas trop.

Dans la montée pour sortir de la ville, je me fait rattraper par un gars de Laon en Saône-et-Loire. Il effectue un périple avec juste de vieilles sacoches et une carte papier sur une sacoche devant. Il s’arrête à l’hôtel et taille la route toute la journée mais je ne pense pas qu’il s’arrête pour se balader. D’ailleurs, quand on arrive à un rond-point en sortie de ville, il préfère suivre la départementale D925 très empruntée plutôt que de bifurquer sur l’EV4 que je continue à suivre. On se quitte sans même avoir le temps de se souhaiter bon voyage. Nous ne sommes pas dans le même trip. A ce sujet, je profite des petites routes pour admirer aussi les belles demeures planquées dans le bocage. Rien que les dépendances m’iraient bien !

Je fais une nouvelle halte à Veules-les-Roses, un des plus beaux villages de France. Effectivement, c’est typique avec ses maisons de tuffeaux et de briques et, bien sûr, ses falaises.


En sortant de cette bourgade, je croise à nouveau Joseph et sa femme. On s’arrête échanger quelques mots. Puis chacun reprend sa route. Je m’arrête à nouveau en-dessous de Hautot-sur-Mer pour admirer à nouveau ces paysages magnifiques.

Sur le parking, je suis abordé par un couple en vacances. Lui est de Langon, elle de Ussel en Corrèze. Ils m’interrogent sur mon périple et je leur fais « l’éloge de la lenteur » auquel je pensais en roulant. En effet, dans cette époque où la vitesse est reine, où il faut être toujours speed, où il faut produire de plus en plus vite et être de plus en plus rentable, ce moyen de voyager permet de prendre son temps, d’être libre, de ne plus subir ce diktat.
J’arrive à Dieppe où je m’arrête boire mon cidre quotidien et pianoter un peu. Par contre, j’ai le diktat du soir de trouver un lieu où me poser. Il faut donc que je reparte en suivant bien les panneaux de l’EV4 tout en faisant gaffe de ne pas percuter ou me faire percuter par une bagnole voire d’écraser un piéton. Je déteste vraiment ces traversées de grandes agglomérations surtout qu’il n’y a aucune piste cyclable.

Je trouve assez facilement la sortie en direction de Neuville-les-Dieppe mais il me faut encore grimper une sacré pente pour sortir de Dieppe. A l’entrée de Neuville, je croise un couple d’une soixantaine d’années de type portugais. Ils se tiennent la main. L’homme pleure. Ils sont seuls au monde. Ce couple m’émeut. Que lui arrive-t-il ? Un décès ? Une séparation ? Une maladie ? Une perte d’emploi ? Je ne saurais jamais. La vie continue …
Je m’arrête au cimetière faire le plein d’eau avant de trouver un bivouac. Je regarde Maps.me et voit des chemins qui partent vers la mer. Le 1er pris sera le bon. Au bout, je franchis un fossé certainement creusé par l’agriculteur pour interdire l’accès au camping-car. Avec mon vélo, même chargé, je passe et m’installe pour un bivouac 4* au-dessus de la falaise. De plus, le soleil et le ciel bleu ont refait leur apparition après cette journée maussade. Je vais dîner en admirant les mouettes planer sur les flots verts.

Pendant ma balade digestive le long de la falaise, je fais fuir un chevreuil qui avait dû trouver une couche dans le champ de blés. Je le regarde s’enfuir en sautant par-dessus les épis. Superbe ! Il est temps de retourner à l’abri du vent, de bouquiner et de se récupérer.

Résumé : 95kms, 5h30, 17.3km/h, bivouac