Réveillé aux aurores, je m’éveille sous un beau ciel bleu et un soleil resplendissant. Enfin ! La nuit fût excellente. Je déjeune au soleil et plie rapidement mes affaires. Un coup de graissage sur la chaîne et à 8h pétante, je reprends la route plein nord, après avoir contourné la baie d’Authié, par la D940 bordée par une belle piste cyclable jusqu’à Berck où je m’arrête chez Mac’Do faire une pause cacafé, recharger les batteries, faire le point sur la route à faire et publier les derniers posts en attente de Wifi. J’ai déjà quitté la Somme, après juste ce fameux petit somme, et suis déjà dans le Pas-de-Calais. Quant à Berck, elle porte bien son nom et, en plus, le ciel se couvre à nouveau malgré l’absence de vent ce matin et ça fait du bien.

Digression. J’étais déjà passé ici il y a fort longtemps puisqu’à l’époque, j’avais à peine 17 ans et finissais mon année de 1ère H (informatique). Je rentrais de 3 semaines de vacances en Ecosse où j’étais parti de Tours en auto-stop avec ma correspondante d’Edimbourgh et un couple d’amis à elle. Au retour, après avoir pris le bateau Douvres-Calais, j’avais été pris en stop par un représentant de commerce, comme on disait à l’époque, qui se proposait de me déposer à Paris. Je me souviens que nous étions en fin d’après-midi, que le temps était (encore) pourri et que, au départ, tout se passait bien. Puis, au lieu de prendre la route directe pour Paris (A16 peut-être) à la sortie de Boulogne/Mer, il s’était enquillé sur cette fameuse D940. Je lui demande pourquoi il emprunte cette route mais ne me répond pas. Puis lourd silence. Je commence à flairer si je puis dire le plan galère. Et effectivement, il commence à se tripoter et me donner des coups de coude. Je me serre de plus en plus contre la portière et, au bout de quelques kilomètres, il prend un chemin sur la droite puis s’arrête. Ni une, ni deux, je sors de sa voiture, récupère mon sac à dos à l’arrière, balance un grand coup de pieds dans la portière et me barre. Quelques minutes plus tard, alors que je remonte à pieds sur cette D940 en colère et planté en plein cambrousse sous la flotte, je le vois passer en trombe, après s’être vidé les coronès j’imagine.
Heureusement, je suis pris assez rapidement par un chauffeur d’un petit camion frigorifique qui monte sur Rungis déposé le poisson pêché. A Rungis, je trouve facilement un routier qui descend dans le sud-ouest et me déposer au péage de Monnaie au nord de Tours, pas très loin de la station-service où nous bossions le week-end et les vacances avec mon grand frangin. Il tombe des trombes d’eau et je me farçis les quelques kilomètres à pied avec mon sac à dos pour rentrer chez mes parents à Tours Nord. Arrivé au lever du jour trempé et fatigué, je sonne. Mon père ouvre la porte, me dit un vague bonjour et part se recoucher ! Bonjour la réception. Je rentre, vais me prendre une bonne douche, déballe mon sac et déjeune. Avec tout ce boucan, mes parents finissent par se réveiller et sont tout surpris de me voir là; mon pè re croyant que c’était le grand frangin qui était rentré de la station pour le créneau 22h-6h. Et oui, à l’époque, il n’y avait pas de portable et il n’était pas toujours facile de trouver une cabine téléphonique de France Télécom en état de marche. Une autre époque en « somme » ! Fin de la digression.
Je finis par arriver à « Le Touquet-Paris-Plage », véritable caricature de la bourgeoise à la française. Et là, c’est changement complet d’atmosphère par rapport à Beurk. J’arrive par une magnifique piste cyclable qui longe un large trottoir alors que le bitume de la chaussée est violet, passe devant le golf, me fait doubler par un couple qui s’enquiert de ma destination. Lui se nomme Charles-Henri, il porte un veste molletonnée à manches courtes, et elle Anne-Charlotte avec un magnifique polo fuschia sur les épaules. Tous les deux montent les vélos électriques dernier cri de chez Moustache, fabricant français. Ils sont droits comme des piquets sur leur engin, les fesses bien serrées et conversent nonchalamment sur la fraîcheur de la température. Ils viennent de finir un 18 trous et se proposent de m’accompagner récupérer leurs enfants. Fort volontiers très chers.

Nous arrivons dans Touquet par de superbes pistes cyclables. Charles-Edouard me dira que c’est grâce à Emmanuel Kivousavé que ces aménagements ont été réalisés. Nous récupérons Jean-Eudes à son club alors qu’il joue avec ses amis sur la belle plage de cette charmante petite ville.

Puis nous passons chercher Marc-Alexandre qui vient de terminer son beach avec ses amis.

Et ensuite nous croisons en ville leur 2è fille, une jeune femme nommée Anne-Charlotte, avec une amie qui reviennent d’une balade à cheval sur la plage montées sur de magnifiques alesans et que nous rejoindrons au club hippique tout proche. Charles-Edouard me demande de ne pas la prendre en photo : « Vous savez comment c’est à cette âge-là ! ».
Après un détour fortuit, nous passons devant de belles demeures dont une avec un fourgon de CRS stationné devant. Charles-Henri ne moufte pas mais me regarde d’un œil complice. Je crois avoir compris mais n’en suis pas tout à fait certain …

Après cette agréable promenade à travers cette ville, ils me proposent de venir prendre un brunch chez eux. Je décline fort poliment leur invitation car je suis attendu chez Marcel. Je les laisse donc devant leur chaumière et reprend ma route en longeant toujours cette D940.

Effectivement, me dis-je à moi-même en mon for intérieur, les premiers de cordée sont décidément charmants. Je comprends maintenant pourquoi Manu aimerait bien qu’on arrive à les suivre. Peut-être que, si Brigitte était né à Beurk-Province-Plage, son discours et ses ami.es ne seraient pas les mêmes … Je reprends la piste D940 et finis par bifurquer vers Sainte-Cécile Plage pour admirer cette belle côte d’Opale sous le soleil et le ciel bleu. Anne, responsable du restau de l’Arche, avait raison : c’est superbe !

J’arrive enfin Chez Marcel qui me prépare une « fricadelle-frites sauce Ch’ti » que je déguste devant le front de mer. Comme mes crêpes-galettes-cidre en Bretagne, je crois que vais passer à ce nouveau régime.

Après un petit café pris à la sortie de cette station balnéaire, je repars toujours en longeant la D940 qui rejoins la D901 à St-Etienne-au-Mont et là, ça devient franchement galère. Piste cyclable terminée alors que nous rentrons dans la périphérie boulonnaise et que les zones commerciales et les villes s’enchaînent avec son flot de bagnoles et de camions. J’arrive quand même à trouver un endroit pour prendre la photo avant de repartir dans le flux.

Je finis par arriver à Boulogne/Mer et me demande si je continue ma route ou si je monte visiter la ville fortifiée. Je suis là pour visiter donc c’est parti malgré l’absence de pistes cyclables (M. le Maire, y’a du boulot dans votre ville, c’est catastrophique). Je fais le tour de cette ville fortifiée en roulant sur ses terribles pavés terribles pour les secousses et les fesses.

Je sors de Boulogne/Mer, retrouve la D940 et me dirige vers Wimereux. Le paysage change complètement. Finies les grands plages de sable blanc de la Côté Opale, je retrouve une côte plus découpée. De plus, j’aperçois l’Angleterre en face.

Arrivé dans cette commune, je m’arrête pour faire des emplettes puis me poser pour mon goûter devant la plage où quelques baigneurs et baigneuses ont le courage de se mettre à l’eau.

En sortant de cette ville balnéaire, je suis le panneau enfin retrouvé de l’EV4 (j’imagine que l’EV4 suit la D940 parce que je ne vois pas d’autres itinéraires possibles) qui me dirige vers une petite route parallèle à la D940 et, ô surprise, je tombe sur un centre de l’Arche :

Je m’arrête pour passer le bonjour et me présente en pleine réunion du personnel encadrant. Comme il est 17h passé et, vu que la pluie s’annonce à nouveau cette nuit, le directeur me propose de m’héberger. C’est avec joie que j’accepte son invitation. Je retrouverai ainsi cette ambiance si particulière mais ô combien marquante et attachante de l’Arche. Ce centre est immense et reparti sur 3 domaines. Le foyer « La Garenne » dans lequel je suis accueilli est une vieille bâtisse avec vue superbe sur la baie et la mer au loin. Je dîne avec les 8 personnes accueillies et les 2 assistants puis on regarde « Le cerveau » à la TV et dodo au chaud.

Résumé : 90kms, 4h45, 18.1km/h, hébergement