J61 – mardi 28/7 – Kristiansand(N)/Mandal(N)

Les journées se suivent mais ne se ressemblent décidément pas. Hier soir, je vous ai quittés dans la brasserie en pensant pouvoir attendre jusqu’à 22h30, heure de fermeture annoncée. Mais à 21h15, faute de clients, les serveuses ont commencé à mettre les chaises sur les tables, signe qu’elles souhaitaient qu’on déguerpisse. Ce que je comprends fort bien. Nous sommes donc repartis dans le port au bureau de la FjordLine pour attendre dans le hall d’accueil. A 22h30, nous repartons sous un déluge pour rejoindre le terminal d’embarquement. J’arrive trempé n’ayant pas pris le temps de mettre mes affaires de pluie. Tant pis pour moi. Nous montons les premiers avec nos vélos dans ce monstre d’acier à la gueule béante prêt à engloutir toutes ces voitures qui attendent impatiemment d’entrer dans ses entrailles.

PS: ça c’est un ferry de la ColorLine !

Nous nous installons confortablement dans un des nombreux salons et, à 23h30 pétante, le ferry largue les amarres en direction de la Norvège. Je sors masque pour les yeux et boules Quiès pour les oreilles et essaie de dormir malgré la lumière, les conversations, les annonces et aussi la houle assez forte qui secoue cette grosse carcasse. A 1h45, nous arrivons à destination légèrement comateux et sortons, cette fois-ci, les derniers sous un léger crachin. On demande à un des stewarts si un salon d’accueil de la compagnie est ouvert et nous répond négativement en nous disant de nous rendre à la gare routière juste à côté. Ce que nous faisons mais nous trouvons également porte close ainsi qu’à la gare de train à côté. Iker, légèrement patraque après avoir un peu trop dîné puis grignoté puis secoué, regarde pour trouver un hôtel. Les premiers prix sont à 280$. Gloups ! Je lui propose de nous poser au sec devant la gare et d’attendre l’ouverture. Ce que nous faisons …

Je sors le matelas, le duvet, les boules Quiés et c’est reparti pour un dodo de courte durée. En effet, un peu avant 4h du mat’, j’entends vaguement Iker discuter. Je jette un œil et, effectivement, il est en discussion avec un vigile de Securitas qui nous demande de plier le campement avant l’ouverture de la gare. Nous obtempèrons et attendons avec impatience que les portes s’ouvrent pour rentrer au chaud dans le hall d’accueil. Iker se rendort installé en chien de fusil sur les sièges inconfortables et, ce, malgré les annonces lancinantes et répétitives en norvégien puis en anglais ainsi que les néons qui éclairent tout le hall comme en plein jour.

Je profite de ce temps suspendu et de la wifi gratuite de la gare pour d’autres occupations plus personnelles. Dehors, il tombe des hallebardes et le vent souffle fort … « Good Morning Norway !!! ». Et dire qu’à Toulouse, c’est la canicule ! Vu les conditions météo désastreuses et la fatigue accumulée, nous allons nous poser en attendant une amélioration avant d’attaquer notre périple norvégien.

Nous partons nous balader dans les rues piétonnes de cette ville portuaire, retirons de l’argent en Couronne Norvégienne (10 NOK = 1€) et trouvons un café sympa pour prendre un bon café-gâteau. Nous attendons au chaud que le temps pourri s’éloigne et nous laisse reprendre la route.

Nous retournons à la gare pour récupérer nos vélos et je suis tout surpris d’entendre un cycliste, arrivé ce matin avec un vélo B-Twin en mode Gravel, parler français. Il est lillois et a dû abandonner ces 2 potes, avec lesquels il accomplissait un périple scandinave, pour rentrer en stop jusqu’ici vu que la patte de son dérailleur est cassée. On le laisse et à 11h, c’est reparti sur de belles pistes cyclables pour sortir de cette ville pas très folichonne en direction de Mandal à l’ouest et, ce, d’autant plus que la piste suit la route principale E39 où il y a énormément de circulation.

Dès qu’on sort de la ville, le décor change radicalement par rapport à ces dernières semaines. Déjà, on retrouve du dénivelé et un paysage montagnard avec de grandes forêts de pins agrippés à des blocs de rochers d’où ruissellent de nombreux torrents. De nombreux lacs sont disséminés à travers ces paysages. Et de petites tâches rouges apparaissent ça et là dans ce décor.

Puis nous retrouvons le bord de mer sous un ciel à nouveau plombé. Nous passerons d’ailleurs le reste de la journée sous le régime des giboulées de mars avec une température qui doit avoisiner les 15°C, du vent et des déluges intermittents. Le pied pour faire du vélo !

Sans parler des montées et des descentes qui s’enchaînent pour contourner nos premiers fjords.

Heureusement qu’il y a ce décor somptueux parce que, après notre nuit particulièrement agitée, l’envie n’est vraiment pas au rendez-vous en cette première journée norvégienne. Même notre déjeuner n’est pas terrible. On s’arrête dans une station-service faute de trouver un restau sans faire des kilomètres en sus. Et, vu ce qui tombe par moment, nous n’avons pas spécialement envie de pique-niquer au bord d’un lac. Pourtant ce doit être bien sympa …

On finit même par se planter de route alors qu’un panneau de la « route 1 » est aux abonnés absents à un croisement. On se retrouve sur une mauvais piste en terre et Iker n’en peut plus de monter ces raidards, d’autant plus que son dérailleur arrière présente des signes de fatigue. Il faudra que je regarde cela dès que la météo sera clémente. Je dois avouer que moi non plus et que je n’ai qu’une envie : prendre une douche bien chaude !

Décidément, quand ça veut pas, ça veut pas ! Dans ces cas-là, il n’y a qu’une solution : faire le dos rond et attendre que l’orage passe. Nous finissons quand même par arriver à Mandal et devons à nouveau trouver un endroit pour dormir au sec vu ce qui tombe à l’entrée de la ville. Je repère des auberges de jeunesse et nous nous rendons dans la première qui est une ancienne prison. C’est dans le centre ville et ça a l’air bien sympa. Mais c’est complet bien sûr.

On repart sous la flotte et bien trempée pour atteindre la seconde qui est dans la périphérie. Là il y a une chambre de libre. On prend sans demander le prix. J’ai du mal à bien le comprendre quand la personne à l’accueil nous annonce 950NOK (100$) et ajoute « the room is not very nice ». Effectivement, c’est même limite glauque.

Mais on peut se doucher avec de l’eau chaude et dîner dans un autre bâtiment avec une salle principale qui a dû avoir du cachet il y a pas mal d’années mais qui sent plutôt l’humidité et le renfermé. Iker me prépare un plat roboratif : riz/pois chiche/sauce tomate que j’accompagne d’une pinte de Carslberg pour « arroser » cette arrivée en Norvège vraiment pas folichonne du tout. Il est 21h30. Au dodo. Demain sera un autre jour …

Résumé : 70kms, 4h30, 15.6km/h, pension

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