J62 – mercredi 29/7 – Mandal(N)/Farsund(N)

Au lit et endormi très rapidement (malgré l’arrivée d’une smala indonésienne avec enfants, parents et grand-parents qui papotaient sous nos fenêtres à l’abri de la pluie) à 21h30, réveillé à 7h30 : 10h de sommeil profond ! La machine avait besoin de récupérer après cette journée n° 61 (pourtant un excellent millésime) ô combien éprouvante à tout point de vue. Nous déjeunons dans la grande salle à manger et récupérons au passage des sandwiches posées sur une table de service. Comme il n’y a encore personne, nous ne savons pas si c’est prévu dans le prix ou pas. Mais, vu le prix excessif, on considère que c’est compris dedans. A 9h00, nous quittons cette Auberge de Jeunesse pour reprendre la route plein ouest, vent dans le nez donc. Le soleil est lui aussi réveillé et le ciel bleu a refait son apparition. La journée s’annonce sous de meilleurs auspices.

Notre chambre au RDC dans la maison de droite.

Après quelques kilomètres, nous traversons un golf au parcours ma foi fort agréable. Ça swingue de bon matin …

Puis, pour éviter la route principale E89, l’itinéraire nous emmène à travers la forêt pour couper au plus court. Et là, ça devient du lourd. Après à peine 25’ de vélo et un gros p’tit déj’ dans le ventre, nous empruntons une piste forestière avec des montées « tout à gauche » (petit plateau, grand pignon) où il n’est même pas possible de monter en danseuse (debout sur les pédales) vu que la roue n’accroche pas le revêtement en terre et gravillon. On ne parcourt que 13,66kms la 1ère heure … même pas 3h au marathon. Pfff … A cette vitesse-là, la route pour Stavanger va être longue.

Heureusement, on finit par retrouver une route bitumée et un village avec un joli cimetière où sont enterrés les cyclistes qui n’ont pas survécu à l’épreuve de la forêt.

Ensuite, on retrouve la côte et ses fameux fjords que j’attendais avec tant d’impatience. Et je ne suis pas déçu du voyage. Cela valait bien tous ces kilomètres parcourus. C’est absolument magnifique.

Cependant, il n’y a aucun commerce dans ces chapelets d’habitation disséminés le long de ces côtes. Quand ils vont faire leur course, les autochtones n’ont pas intérêt à oublier la plaquette de beurre.

De plus, je pense que les habitants de ces fjords doivent posséder une voiture et un bateau pour se déplacer au vu du labyrinthe de fjords et lacs.

Nous finissons par arriver à Spangereid où nous trouvons enfin un magasin pour y boire un café. Ce magasin vend de tout : épicerie, hamburger, café, droguerie, fringue, matériel de pêches, vélos, nautisme, … Il est midi et il nous faut reprendre la route alors que de gros nuages noirs refont leur apparition à l’ouest. On va encore y avoir droit …

… et on y a droit ! A peine sorti du magasin, la pluie refait son apparition. Il me faut à nouveau sortir ma combinaison intégrale. Nous reprenons la route en direction de Lyngdal situé au bout d’un fjord mais l’itinéraire cyclable emprunte la route 4078 qui coupe direct à travers la montagne. Et nous grimpons donc notre premier col à vélo avec du 8% et des passages à 10%. C’est évidemment tout à gauche, debout sur les pédales à 5kms/h. Et, lorsque je crois qu’on bascule, il y a un léger faux-plat descendant puis rebelote pour une nouvelle grimpette. Je ne sais vraiment pas comment font les gars qui traversent les Pyrénées avec les sacoches. M’enfin … Le principal c’est d’avancer.

Nous finissons par arriver à Lingdal, ville portuaire sans aucun charme, où nous nous posons dans une boulangerie en plein centre ville très bétonné pour y déguster nos sandwichs sortis du panier accompagnés d’un café et d’un cookie maison le tout au prix exorbitant de 8€. Heureusement que les serveuses sont mignonnes et fort sympathiques mais quand même … D’ailleurs, entre les danoises et les norvégiennes, j’ai malgré tout un faible pour mes suédoises du sud (clin d’œil). Je pense que le niveau de vie doit être élevé quand on voit le nombre de Telsa, Porsche et autres grosses voitures. Quant à nous, il nous faut reprendre la route sur nos modestes vélos bien que la chaleur de l’endroit et la pluie qui continue de tomber ne nous incite pas trop à sortir dehors.

A la sortie de Lyngdal, nous passons au-dessus du port de pêche et apercevons les thoniers à quai qui partent dans le nord pour les campagnes de pêche. Je crois que ce sont des véritables bateaux-usines où, une fois les thons ramenés par d’énormes chaluts, ils sont conditionnés à l’intérieur du bateau. Tous ces thoniers sont immatriculés à Singapour et, pour l’anecdote, vous remarquerez un Don Quichotte espagnol et un Mignon français à quai.

Alors qu’on attaque une nouvelle grimpette, je stoppe net devant un buisson de groseilles pour m’empiffrer avant de me jeter sur le cerisier derrière. C’est un des petits plaisirs du voyage à vélo de glaner ce que Dame Nature nous propose gracieusement. Hier, je me suis régalé de framboises sauvages et de fraises (j’avoue que là c’était dans un champ de production).

Après cette halte impromptue, nous attaquons à nouveau une belle grimpette en forêt sur terrain souple. Je garde le sourire mais ça ne va pas durer …

En effet, après avoir descendu cette belle grimpette et alors que Iker a du mal à suivre dans les descentes vu que ses plaquettes de frein à disque sont mortes, nous arrivons à un croisement en T. Il n’y aucune indication pour savoir si nous devons aller à droite ou à gauche, pas de panneau non plus indiquant la direction de Farsund, mais je trouve sur la gauche de la route un panneau de tourne-à-droite pour la « route vélo 1 », j’en déduis donc qu’il nous faut tourner à gauche et, ce, sans consulter nos GPS enfouis dans nos sacoches avants vu la pluie qui nous tombe sur le coin du museau. Nous entamons donc la descente et nous retrouvons au bord d’un fjord mais pas dans la bonne direction. Entre la fatigue, la pluie et l’énervement de faire 2,5kms * 2 en trop, je m’énerve un peu et me traite de nouille jaune.

Digression. A l’époque où nous habitions St-Malo, j’allais avec mon grand-frangin au collège privé Moka. Nous avions des cours de chant avec Maître Goussain au look de Salvador Dali et 1er violon à l’orchestre philharmonique de Rennes. Comme nous chantions faux comme des casseroles au grand désespoir de ma mère qui, elle, a fait partie plus tard des Chœurs de France avec sa petite soeur Geneviève, nous devions chanter en play-back ! Et pour nous humilier encore un peu plus, cet excellent professeur nous avait surnommés « les nouilles jaunes ». Ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais rien. Pour la petite histoire scolaire malouine, un autre de mes profs, M. Le Guen, malouin de souche et enseignant l’histoire-géo m’avait pris en grippe parce que j’étais angevin donc étranger. Et oui, la devise là-bas est « Ni français, ni breton, malouin suit ». Il avait un plaisir sadique à me saquer et à vouloir me faire pleurer (je n’avais que 14 ans à l’époque) en me soulevant de ma chaise en me tirant par les pattes des cheveux. Je n’ai jamais pleuré et n’en ai jamais dit un mot à mon père qui, bien que très gentil, l’aurait je pense écrabouillé de ses grosses paluches de diéséliste. Fin de la digression.

Nous continuons notre parcours en enchaînant montées et descentes. Iker est à l’agonie mais il continue à me suivre dans les montées malgré qu’il n’ait jamais fait de vélo. Il est vraiment impressionnant. Je l’ai d’ailleurs surnommé « La panthère rose », cet animal dans le dessin animé avec des parties filmées où jouait Peter Sellers et sa célèbre petite musique lancinante. Et oui, comme la panthère rose, il a le jarret souple, les pattes fines et longilignes au grand segment, la crinière longue et blonde flottant au vent ainsi que, bien sûr, la parure rose.

Nous finissons par arriver à Farsund avec un accueil très chaleureux : tempête, pluie et froid ! Il nous faut à nouveau trouver un hébergement au sec. On se pose dans un magasin vendant des glaces (aussi bizarre que cela puisse paraître, malgré la météo pour le moins très peu estivale, les norvégiens engloutissent des énormes glaces) pour trouver un hébergement. Pour se réchauffer, Iker se prend un thé et moi une soupe chaude lyophilisée. Après recherche, il s’avère que cela va être impossible de trouver un endroit au sec à moins de casser nos tirelires. J’arrive à dégoter une auberge de jeunesse en montagne au-dessus de Feda, où nous devons passer, et à un prix très raisonnable. Mais c’est à une vingtaine de kilomètres en suivant la route 465 sans passer par l’itinéraire cyclable encore plus long.

Il est 18h00 et Iker ne le sent pas du tout. Il me propose d’aller à l’Office de Tourisme local, tout près du glacier, où l’hôtesse nous conseille d’aller au camping de la ville à 6kms de là qui se trouve en bordure de l’océan. Nous lui demandons s’il y a possibilité de louer une cabine (petite cabane) mais tout est complet en cette pleine saison estivale (sic!). Tant pis, nous n’avons pas trop le choix et nous nous rendons là-bas. Une fois arrivé, nous prenons 2 emplacements de tente (20$ chaque) alors que le camping n’est vraiment pas terrible du tout et qu’il n’y même pas la Wifi. Il me faut même payer 1$ en plus la douche ce qui a le don de m’irriter quelque peu. Nous faisons comme la dernière fois mais, cette fois-ci, sans planter nos tentes et squattons pour la soirée le coin repas / détente / TV-qui-ne-marche-pas / sans prise électrique. Je parviens à allumer le chauffage au gaz, faire sécher les affaires trempées et passer la soirée et la nuit bien au chaud. Mais nous devons attendre qu’un père et son fils veuillent bien finir leur bière et leur lecture avant de sortir le duvet. Sans parler de deux jeunes (frangin et frangine probablement) qui, après avoir fait du trampoline sous le déluge (ils sont fous ces Vikinkgs !), débarquent pour jouer aux cartes. Alors que je suis déjà couché, je leur demande par geste de la mettre en veilleuse et finis par m’endormir.

Résumé : 80kms, 5h40, 14.3km/h, camping

Une réflexion sur “J62 – mercredi 29/7 – Mandal(N)/Farsund(N)

  1. Dans nos escapades nous n’avons pas toujours les mêmes conditions atmosphériques, pour toi c’est galère et je pense sincèrement qu’il faut beaucoup de courage pour rouler dans ces conditions pluvieuses, car si l’homme est mouillé tout son chargement est humide, tout devient sale, tout le matériel ainsi que le vélo souffre autant que le bonhomme. Chapeau Gâel !!
    J’avais eu la chance dans mon tdm de n’avoir que 12 jours de pluie, et deux de neige en trois années.
    Pour répondre à Jean Louis St Livrade; “nous qui rêvons en Arizona d’avoir un peu de pluie, j’avoue que je redouterai de rouler avec autant de mauvais temps. Heureusement que le paysage est magnifique. Ici je commence le vélo à 4h du mat afin d’éviter la grosse chaleur, mais lorsque je reviens 4 heures plus tard il fait déjà 43/45°C. Bises JLouis.

Laisser un commentaire