Ayant orienté ma tente plein est, je suis à nouveau réveillé aux aurores. Je me lève à 6h30. La nuit a été douce. Le soleil tape déjà. Le ciel est immensément bleu. Je suis frais et dispo après avoir dormi comme un bébé à l’ombre de ce majestueux chêne centenaire. Quel magnifique bivouac !

Ce matin, j’ai envie de faire l’école buissonnière. J’étudie mes cartes et décide de partir à l’intérieur des terres. J’ai envie de redécouvrir la Toscane avec ses douces collines, ses villages perchés, ses alignements de cyprès … Je quitte ce parc avec regret d’autant plus que, en rejoignant la sortie, je débusque un couple de daims. Incroyable !
J’emprunte une route charmante (SP16) qui me fait gravir ma première colline de la journée. J’arrive au village de Montiano et monte la forte pente pour visiter ce petit village.

Des petits vieux discutent à la terrasse du café et me saluent d’un « Buon giorno » chantant. Je me baladent à travers ruelles et tunnels pour arriver sur la charmante place de l’église.

Je repars et admire la vue sur les collines environnantes plantées de champs d’oliviers, de vignes et de blés. Au loin, je devine la mer à qui je fais des infidèlités.

En milieu de matinée, je m’arrête dans une pasticceria dans le village fortifié de Magliano in Toscana.

Cette pâtisserie-bar est tenue par trois charmantes femmes ô combien volubiles. Je commande mon café et ma pizza piccolo. Je me régale aussi en les écoutant s’interpeller d’un bout à l’autre du magasin et discuter, avec force geste évidemment, avec les clients.

Mais il me faut repartir. Je vadrouille à nouveau à travers monts et vallées. Dans un grand virage à gauche, j’aperçois à droite une trattoria. Il est 12h30 et je commence à avoir faim. Par contre, il n’y a pas un client en terrasse. Je zieute sur mon GPS pour repérer le prochain restau. Celui-ci n’est pas indiqué et le prochain est assez loin. Je m’arrête. Je commande une bonne bière bien fraîche puis un plat de tortelli fourré au beurre/sauge et au ragoût et saupoudré de parmesan : nouvelle tuerie ! Par contre, les plats sont servis sans pain. Et sans pain, ça ne le fait. Heureusement que j’ai mes sacoches et mon quignon de pain à disposition pour pouvoir saucer mon assiette !

Au sujet du pain acheté dans les boulangeries locales depuis mon arrivée en Italie, je ne le trouve pas extra. Il est sans sel et sans air. Par rapport aux pains confectionnés par mon ami Gilles dans sa boulangerie-pâtisserie de Gratentour, c’est le jour et la nuit. Si vous avez l’occasion, passez et dites que vous venez de ma part (sa femme Pascale tient la caisse). Ils ont également une excellent jeune pâtissière. A ce sujet, je choisis un dessert dont je ne connais pas le nom. Le jeune serveur a beau essayé de m’expliquer, je ne comprends pas. J’aime bien les découvertes même culinaires. Effectivement, quand il me l’amène, la surprise est bonne ! C’est du Vin Santo, vin doux de Toscane servi avec des cantucci (biscuit sec à base d’amandes). Par contre, je crains un peu quand je vais remonter sur le vélo …

Effectivement, le démarrage est délicat. Mais les effets sont surprenants. Au bout de quelques kilomètres, je pense voir un troupeau de moutons sans tête ?!?

Puis je pense déposer sur place 4 gars en mode Gravel et Bike-packing. D’ailleurs, même en les doublant, ils ne me répondent pas. Ce doit être une hallucination vu le degré d’alcool et la chaleur accablante de ce début d’après-midi. Alors que je suis mon GPS tant bien que mal, me voici maintenant en pleine course cycliste pro dans les Strade Bianche (Les Routes Blanches qui se courent du côté de Sienne). Vous remarquerez que j’ai sorti mes panneaux solaires pour recharger ma batterie externe.

Par contre, je suis bien seul sur ce chemin qui va me faire suer dans tous les sens du terme. De plus, le paysage a changé. Ce sont maintenant des champs de blés qui s’étendent à perte de vue sur les collines avoisinantes. Ça grimpe, ça descend, ça tape, ça cogne … ça me dé-saoule !

Au bout de kilomètres interminables, je rejoins enfin une route bitumée (la SP3). Je n’ai rempli qu’un bidon d’eau en partant du restau et je suis bientôt à sec. De plus, l’eau est chaude. Je ne croise aucun village, aucun bar depuis la trattoria de ce midi. Que cette longue route est monotone … D’ailleurs, je suis entré dans la province du Latium. Arrivederci Toscana ! Alors que j’allais m’arrêter dans une ferme pour demander de l’eau, je tombe à point sur un étal installé devant une ferme. J’achète melon, abricots, brugnons et fais le plein d’eau de mes gourdes. De plus, les fruits choisis par la fermière sont mûrs et juteux. Un véritable délice …

Après m’être arrêté pour les déguster, je zieute ma carte. Je n’ai pas d’autres choix que de continuer dans les terres avant de rejoindre le littoral plus au sud. L’heure avance. Les cuisses ont été mises à nouveau rude épreuve. La prochaine ville Tarquinia est encore loin et je n’ai pas envie de m’y pointer en fin d’après-midi. Je vais traverser une grande forêt et je pense y trouver un coin tranquille pour bivouaquer. Las ! Chaque parcelle est entourée de barbelés et les portails sont cadenassés. Impossible d’y pénétrer. Alors que je me résouds à filer vers la ville, je tombe sur une route cimentée qui dessert des vignes … et 2 propriétés plus-bas. La caravane passe alors que les chiens aboient. Je descends le coteau par un sentier et finis par tomber devant une barrière m’interdisant d’aller plus loin. Je suis assez loin des maisons. Je me pose !
Résumé : 105kms, 6h15, 16,8km/h, temps chaud, bivouac