J13 – dimanche 24 avril – Podgora / Rupa

C’est à nouveau le vent qui me réveille à l’aube. Ça se remet à souffler. Vers 7h30, j’émerge. Le ciel est plombé. De gros nuages noirs accrochent les sommets. La température est douce. Toujours pas de rosée sur la tente. Je me prépare puis déjeune. A 8h30 je reprends la route du sud. La circulation est calme sur la route 8. Le paysage toujours aussi somptueux et sauvage.

A Drasnice, je prends sur la droite pour récupérer un chemin qui longe la côte. Je me régale. Je suis seul au monde en ce dimanche matin. Je vais de village en village.

Après le village au loin, je retrouve la route 8. Elle monte, descend, tournicote à travers les pins maritimes. C’est un régal. Cependant, de nombreuses stèles rappellent la dangerosité de cette route pour de jeunes fous du volant ou du guidon. Je croise un couple de cyclotouristes. Un signe accompagné d’un « Have a nice trip ! » et chacun poursuit à sa route.

A Drvenik, le ferry, en provenance de Sucuraj sur l’île de Hvar, accoste dans cette crique. Comme dans toutes ces criques, une belle plage de pierres blanches incitent au farniente.

Je poursuis ma route et m’arrête prendre mon café à Zaostrog. La patronne bosse alors que son mari casse la croûte et picole avec ses potes. Elle est pas belle la vie !

Je laisse ce petit monde phallocratique à ses occupations et reprend ma route toujours aussi agréable. A un moment, celle-ci s’enfonce dans les terres pour couper la péninsule vers Ploce.

Alors que je traverse le village de Rudine, des hirondelles m’accompagnent en me faisant de grands coucous. J’ai bien évidemment une grosse pensée pour mes ami.es d’Ecosol (notre symbole est justement l’hirondelle). J’espère pouvoir participer à distance à la rédaction de notre 2ème gazette municipale de « l’Hirondelle déchainée ». A ce sujet, je pense évidemment aux élections présidentielles de ce jour. Et aussi au mail reçu de Martine, secrétaire du PC blagnacais, avec le courrier de F. Roussel et sa demande d’union de la gauche pour les législatives. Dommage qu’il n’ait pas réagi avant. Ils nous auront vraiment enquiquiné jusqu’au bout les cocos que ce soit au niveau local et qu’au niveau national ! Franchement, j’aurais vraiment aimé un 2nd tour entre Macron et Mélenchon (même si je n’apprécie pas forcément le personnage). Cela aurait quand même eu une autre gueule et proposé deux visions d’une autre société. Tant pis. « On a les politiques qu’on mérite » paraît-il.

Arrivé à Ploce, je m’arrête pique-niquer dans cette cité portuaire aux immeubles décrépis et délabrés. Cette ville est d’une tristesse sans nom. D’autant plus avec les nuages gris qui la surplombent. Les cafés sont bondés. Chacun y noie son ennui en fumant, buvant, discutant et consultant internet. D’ailleurs, je me faisais cette remarque en roulant ce matin. Je n’ai vu aucun groupe cycliste en ce dimanche matin.

Je repars sur la route 8 mais plus pour très longtemps. En effet, je franchis le fleuve Neretva puis je bifurque ensuite sur une petite route à l’est alors que la route 8 contourne cet immense delta par l’ouest. Cela faisait un moment que je n’avais pas vu un fleuve !

Auparavant, je m’étais arrêté acheter quelques fruits locaux (pommes, oranges) dans un stand en bordure de route. En prime, la vendeuse, parlant quelques mots de français, me donnera quelques mandarines. Cette région très fertile est en effet recouverte de pommeraies, orangeraies et mandarineraies (!).

Je finis par rejoindre à regret la route 8. J’étais bien tranquille sur ma route longeant ce delta et traversant une réserve ornithologique. Alors que le vent me souffle toujours autant dans les naseaux, j’arrive dans la région des vins de Komarna. J’aurais bien gouté ce vin au nom bizarre mais tous les stands ou commerces sont hélas fermés.

Cela m’aurait redonné des forces pour contourner l’immense fjord qui se présente devant moi. Le vent s’engouffre dedans et j’ai parfois l’impression de retrouver le Bora. Un énorme chantier est en cours pour accéder à un immense ouvrage d’art (le pont de Millau en plus petit) qui franchira ce fjord d’un bord à l’autre de la Croatie.

Hélas pour le moment, il me faut contourner ce fjord en rentrant en Bosnie-Herzégovine. En effet, une bande d’une dizaine de kilomètres de large permet à ce pays d’avoir accès à l’Adriatique. La capitale de ce pays est Sarajevo où l’archiduc François-Ferdinand fût assassiné provoquant le début de la 1ère guerre mondiale. Sa monnaie est le mark convertible (0,50€) et son abréviation BIH.

Comme je commence en avoir plein les bottes, je repère une plage sur une bande de terre de l’autre côté de la ville de Neum. Pour y accéder, je descends une forte pente et emprunte un tunnel de 500m de long. Malheureusement, en arrivant au bout, il s’avère que c’est privé. Dommage.

Je me fade la remontée vent dans le nez et arrive en haut sous les encouragements et applaudissements de jeunes à la terrasse d’un hôtel. Ce n’est pas non plus la côte de la Redoute et l’arrivée de Liège-Bastogne-Liège mais cela fait plaisir. Puis je reprends la route M-2 bosniaque et traverse à nouveau la frontière méchamment accueilli par la cerbère de service. Il est plus de 17h et il me faut trouver un emplacement. Après un parking où se trouve des stèles commémoratives, j’aperçois un chemin qui descend vers la mer. Il y a une terrasse à l’abri du vent avec vue sur un îlot fortifié et le village de Hodilje. Ce sera parfait pour ce soir après cette longue mais superbe journée de cyclotourisme.

Résumé : 100kms, 6h25, 15,6km/h, couvert venté, bivouac

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