J19 – samedi 30 avril – Golem / Darëzezë

Réveillé aux aurores, vu que les rideaux ne fermaient pas complètement les fenêtres, je me lève et vais me doucher debout dans ma bassine. En effet, comme hier, la douche arrose partout. Puis je déjeune avant de reprendre mes pérégrinations.

J’ai à nouveau tracé ma route en tirant des bords pour éviter au maximum les axes principaux. Je traverse ainsi les villes et villages. A Kavaje, j’ai vraiment l’impression d’arriver au Maghreb !

D’ailleurs, je confirme que l’Albanie est aussi le pays du vélo. Faut dire que le diésel est à 233lek le litre soit 2€ … énorme pour ce pays. Je pourrais m’installer ici pour réparer les cycles, comme ce petit magasin à droite. Je pense qu’il y aurait du boulot …

Je continue mes tirages de bord en basculant d’un côté et de l’autre de la route SH4. Je pense aussi que cette impression d’oppression ressentie hier est dûe à la forte densité d’habitation. En effet, il y a très peu d’endroits vraiment déserts dans cette immense plaine. Les villages succèdent aux villes.

Et, comme il y a très peu d’immeubles et pratiquement que des maisons individuelles, ceci explique cela. D’ailleurs, un peu d’urbanisme en ce samedi matin. Les anciennes fermes étaient ces cubes construits en brique peintes en blanc. Elles ont ensuite été enduites puis colorées (bleu, vert, jaune, orange, …). Ces maisons ont ensuite été rehaussées soit par un toit en tuile, soit par un étage en brique rouge.

Pour les plus fortunés, ce sont de grandes maisons qui ont été construites. Cependant, beaucoup de constructions ont démarré mais les chantiers n’ont pas abouti. Elles sont shitet (à vendre). Il est à noter que, sur la plupart des maisons neuves, trônent l’aigle, symbole de l’Albanie.

En poursuivant mon chemin, au sens littéral du terme, je tombe sur l’imposant marché du samedi à Tharasaj avant de traverser la rivière Shkumbin. Forcément, j’ai une grosse pensée pour mes amis de L’Arche qui tiennent un stand sur celui de Blagnac qui est un peu mieux organisé.

Quant à l’état de ce pont « routier-ferré », je dois à nouveau faire gaffe où je pose mes roues.

Je poursuis mon périple à travers la campagne. Dorénavant, je circule sur de longues lignes droites bordées de grandes parcelles maraîchères ou céréalières. Je m’arrête boire un café dans un petit village. La wifi ne passe pas bien. L’expresso est à 0,40€. J’y croise encore, comme il y a 45 ans lorsque j’avais traversé l’ex-Yougoslavie, avec mon oncle Dédé, ma tante Claudie et mon grand frangin Yves-Marie, pour nous rendre en Grèce en Simca 1100 (ou en Diane ?), des attelages avec âne ou mulet.

Vers 12h30, je m’arrête dans le village de Këmishtaj. J’y trouve un restau sympa dans lequel le jeune serveur, fils du patron, parle très bien anglais. Il me propose un plat de côtelettes avec aubergines et poivrons braisés et tzatziki accompagné d’une bière Elbar. Parfait pour recharger les accus ! Et pour une somme à nouveau modique après une légère incompréhension avec la jeune serveuse qui a pris le relais du frangin. Elle me présente la note qui se chiffre à 5.500. Cela me paraît évidemment énorme. Je comprends qu’elle me parle d’anciens et de nouveaux leks. En fait, il s’agit bien de 550leks comme hier donc. A peine 5€ le repas, bière et café compris !

Je profite d’une bonne réception de la wifi pour finaliser mes impôts sur les revenus 2021 qui vont sacrément diminuer (1/2 salaire + retraite). Je fais également le point sur ma destination. Sur les recommandations de Christian, le cyclo de Nice, j’avais prévu d’aller à Berat visiter la citadelle. Mais cela m’oblige à m’enfoncer encore plus dans les terres et d’aller vers les montagnes où de gros nuages noirs s’amoncellent. Finalement, je décide de repartir vers le bord de mer.

Une fois repu, il est temps de repartir. A un important noeud de circulation, je traverse la grande ville de Sheq i Vogël. De nombreux immeubles ont été réhabilités et repeints. C’est très coloré.

Cependant, d’autres quartiers n’ont pas encore eu cette chance. Et là, c’est beaucoup moins joyeux. J’ose à peine imaginer toute la ville dans cet état il y a quelques décennies. Cela devait être lugubre !!!

Je sors de cette grande ville et prend la route vers la mer Adriatique, vent dans le nez. Vers 17h00, j’arrive enfin à destination. Et, je dois avouer que j’étais rarement arrivé sur la mer ou l’océan de façon si tristoune : un hameau perdu, un marécage à traverser, des baraquements en bordure de mer, quelques voitures stationnées sur le parking de sable … Vraiment pas l’image de la station balnéaire.

De toute façon, je vais devoir trouver un bivouac dans le coin. Je prends un chemin parallèle au bord de mer où sont posés d’autres baraquements inoccupés. Je repère une maison avec auvent qui a l’air plutôt sympa. Ce sera parfait pour cette nuit.

J’installe mon bivouac pour la nuit en récupérant des portes en bois pour m’abriter du vent qui souffle fort. Je dîne léger d’une salade de thon sur les marches de ma cabane en Albanie. Puis je vais faire un tour sur l’immense plage déserte et admirer le coucher de soleil sur le drapeau albanais avant de rejoindre mon petit duvet bien chaud. Le soleil s’est couché, et comme par enchantement, le vent est tombé. Bonne nuit les petits …

Résumé : 110kms, 5h50, 18,9km/h, beau, bivouac

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