Nuit calme bercée par le bruit des vagues. Réveil sous un ciel voilé. Je me prépare et vers 8h je quitte Calogero pour reprendre la route E09 et me diriger vers la pointe sud de ce 1er doigt. Par contre, après quelques kilomètres, je m’arrête prendre un expresso dans la grande ville de Kyparissia coincé entre mer et montagne. J’ai la tête dans le cul et besoin de prendre un excitant ! Et aussi envie de savoir le score de mon équipe de cœur. Super. Ils ont écrabouillé les bordelais. Sauf catastrophe, j’irais les voir jouer l’an prochain contre le Téfécé.

Je reprends la route E09. Après être passé dans cette grande ville, la circulation y est beaucoup moins dense en ce début de semaine. Au loin le ciel s’éclaircit. Je continue mon petit bonhomme de chemin avec toujours de belles surprises en bordure de route.

A Filiatra, je bifurque à droite sur une petite route pour rejoindre le bord de mer. Et, nouvelle surprise mais plus « surprenante » en ce lieu, je tombe sur le Métro … et, plus loin, une réplique de la Tour Eiffel. Ceci est évidemment un clin d’œil à ma fille Gwendoline et son nouveau compagnon Sylvain (sans oublier l’adorable et espiègle petit Ethan).

Je traverse une région où la culture du melon y est importante. Et, comme les jours précédents, je croise beaucoup d’indiens (appelés hindous, dans un précédent article, qui exprime plus la religion hindouiste) et aussi des camions bulgares qui viennent récupérer les récoltes.

Je poursuis mon chemin jusqu’à Marathopoli, joli village en bordure de mer où les terrasses doivent être bien remplies en été, vu le cadre idyllique en face l’île de Proti. Je m’y arrête déguster un baklava de la mort qui tue et un second expresso. Il faut dire que l’emballage me parle un peu.

Les habitants sont toujours aussi accueillants et prévenants. J’adore les Grecs ! A côté de moi, un vieil homme passe le temps en égrenant son komboloi (sorte de petit chapelet que les vieux « tripotent » à longueur de temps pour le passer justement).

Je continue sur ma route en bord de mer avant de rejoindre la route E09 qui va vers Pylos. Je double 2 couples de VTTistes allemands cramoisis et ventripotents. Ils tirent un peu la gueule quand je les salue en passant avec tout mon chargement. Je fais une pause à Vromoneri et sa belle plage de sable fin. Mais la chaise longue ne m’attire pas trop …

Puis à Galiova, il me faut grimper une belle bosse à 10% avant de replonger sur Pylos. Des résidences se construisent mais en essayant de garder le charme de la pierre du coin. Ce ne sont pas de grands hôtels bétonnés comme sur beaucoup de côtes hélas. Je remarque aussi un magnifique golf 18 trous qui épouse le tracé de la côte. Spéciale dédicace à Pascal, compagnon de Jessy, ex-golfeur émérite (handicap -1 pour celles et ceux à qui cela parle).

Après cette belle grimpette, je plonge vers le joli port touristique de Pylos où j’arrive en début d’après-midi. Je m’éloigne de l’hyper centre pour trouver un restau où manger une salade grecque. Alors que je m’engage dans une ruelle le long du port, un bus touristique manœuvre pour essayer de s’y engager. Finalement, il réussira mais en marche arrière. Bonjour la dextérité du conducteur.
Je me pose dans un restau en bord de mer. Et je vois débarquer de ce bus un vingtaine de touristes d’un certain âge (pour ne pas dire d’un âge certain) … français. Une seule des petites dames et petits messieurs me salue. Nous engageons la conversation et elle me dit qu’ils viennent tous de la région niçoise. Quant à elle, elle est québécoise de Montréal mariée à un niçois. Décidément, le monde est petit. On papote un moment avant que son mari (bonjour monsieur !) ne la rappelle l’ordre. Ma salade grecque arrive. Bon appétit.

Il est 14h, je repars vers Vasilitsi tout au sud est de cette pointe. 36kms m’attendent avec 200m D+. Je descends vers Methoni toujours sur la route E09 mais il n’y a pas grand monde, tout le monde s’est arrêté à Pylos. J’arrive à la pointe ouest de cette patte qui est défendue par un imposant château qui occupe tout le bout de la péninsule. Au large se dressent les îles de Sapientza, Bomba, Santa Marina et Schiza.

Alors que j’allais repartir, un couple d’hollandais voyageant en camping-car m’interpelle. Cela me rappelle mon périple à Oslo où les nordiques veulent savoir d’où je viens, où je vais, quand je suis parti, pourquoi je voyage seul, … Alors que dans le sud, tout le monde s’en bat les coucougnettes ! Je finis par partir avec leurs encouragements. Je suis dans un décor somptueux. Je pense que c’est ces magnifiques paysages sauvages loin de tout qui me redonnent la gnaque pour endurer les journées sans intérêt. Je survole ensuite la baie de Finikounda. Dommage que 2 avions militaires s’amusent à faire des ronds (et du bruit surtout) dans le ciel !

Je m’y suis d’ailleurs arrêté chez un vélociste en bord de route pour demander s’il n’aurait pas par hasard une K7 en 11*32. C’est une jeune femme qui m’a reçu. Elle avait l’air de bien s’enquiquiner la pauvre. Après appel à son compagnon, elle m’a répondu par la négative. Tant pis. Je vais me coltiner la longue traversée de cette pointe sur le 28 dents. Mais, comme la pente est régulière et pas trop rude (5 à 6%), cela passe sans problème. J’ai quand même ouvert mon maillot cycliste du STC vu qu’il n’y a pas un poil d’air, ni sur le torse, et que ça cogne fort (j’imagine en plein été). Presqu’arrivé en haut, dans un virage, j’aperçois un panneau indiquant « Atelier du sud ». Tiens. Je continue et quelques virages plus loin, je vois un Kangoo immatriculé en Isère (38) garé devant 3 bâtiments cylindriques. Je m’y arrête.

Dans celui de gauche (l’atelier), je rencontre Didier. C’est un ancien navigateur, maintenant à la retraite, qui s’est installé ici avec sa femme hollandaise (décidément) il y a 30 ans. Sa femme est décédée il y a 10 ans mais il a choisi de rester ici. Il adore l’endroit (tu m’étonnes !) et les Grec (bis repetita). Dans le second bâtiment sur la droite se trouve l’exposition de ses œuvres (peinture et céramique) et de celles d’autres artistes qui ont repris la gestion de l’endroit. Si vous voulez en savoir plus, il suffit d’aller sur Google et chercher « Atelier du Sud & Finikounda ». Pour l’anecdote, il vient de racheter un voilier en Tunisie à côté duquel l’autre voilier s’appelle « Titouan ». Cela ne s’invente pas. A ce sujet, il me dit qu’Antoine (pour l’anecdote aussi, le vrai prénom de Titouan Lamazou) vient du grec Adonis. On discute un long moment. Il aurait voulu me proposer de rester passer la soirée avec lui mais il a une contrainte avec son véhicule à emmener chez un ami. Tant pis. Je repars.
Je finis par basculer et descendre vers la pointe est. Auparavant, j’immortalise ce paysage fabuleux avec les 4 îles pré-citées au loin. Ces paysages sont d’autant plus extraordinaires que vous avez fait l’effort physique pour les atteindre. Si on vous dépose au pied du Mont-Blanc, il vous paraîtra beaucoup moins merveilleux que si vous avez marché 2 jours pour l’atteindre ! Ce n’est pas le but qui est beau, c’est le chemin pour y parvenir.

Comme je n’ai plus grand chose à becqueter, j’ai la chance de trouver une petite épicerie dans le charmant village tout blanc de Vasilitsi. Il me reste 6€ en poche, je m’en tire pour 5,60€. Parfait. Je n’ai plus qu’à rejoindre la route côtière coté est et sortir mon radar. Par contre, cette côte est moins sauvage et il y a beaucoup plus de constructions. J’en trouve une d’ailleurs qui m’a l’air désertée. Je descends le chemin, fais le tour. Tout est fermé. Des carreaux sont cassés sur la terrasse qui donne sur la mer. Je m’y installe pour la nuit. Je dormirai à la belle étoile avec vue sur la seconde pointe qui m’attend demain.

Résumé : 105kms, 6h00, 17,5km/h, beau, squat