Réveillé dès que le soleil perce au-dessus de la montagne à l’est, j’ai passé une bonne nuit à la belle étoile. Je déjeune et plie mon barda rapidement. A 7h30, je suis déjà prêt pour quitter le Marmari Paradise et attaquer la grosse montée qui me ramènera sur la route principale au village de Korogonianika.

Effectivement, cela grimpe dur. Je passe pratiquement 40’ debout sur les pédales avant de retrouver la route. Le paysage est à couper le souffle. Pas trop quand même car il faut que je respire !

Une fois que j’ai basculé sur le versant est, le paysage change. C’est beaucoup plus vert. Un grand plateau s’étend le long de la côte où paissent de nombreuses vaches. Sur un replat, j’aperçois un camping-car qui a trouvé un magnifique spot avec vue sur mer. Je m’approche.
Il est immatriculé 57 (Moselle). Je m’arrête et taille la causette pendant un long moment avec cette famille en vadrouille. Aurélie, Geoffrey et leurs deux ados sont partis pendant un an. Ils habitaient Metz et vont s’installer à Clermont-Ferrand à leur retour. Leurs fils étudient avec le CNED. Ils doivent d’ailleurs rentrés, via le ferry de Patras, pour que l’aîné passe son bac de français. On se quitte en se souhaitant mutuellement bon voyage.

J’en profite pour me faire tirer le portrait aux couleurs du Stade.

Je repars en solitaire sur ma splendide route 1623. A Lagia, je m’arrête dans le café du village. C’est d’un calme. La patronne ne parle que grec. Je commande un café et un cake. Ce sera gâteau maison à l’orange. Délicieux. Lorsque son mari arrive, il engage la conversation dans un anglais aussi laborieux que le mien. Mais je comprends que c’est le pope du village, propriétaire de ce café-restaurant … et du Marmari Paradise ! Incroyable. Il me montre les photos avant et après les travaux. Il a également 4 fils dont l’un m’a servi hier soir. Je les quitte après avoir quand même payé un peu cher je trouve (6€). Mais bon, ce n’est pas en étant philanthrope que l’on monte des affaires …
Le paysage est toujours aussi sauvage. Je ne croise pratiquement personne. Je monte et descends en fonction du profil de la côte.

D’ailleurs, je pense qu’il doit y avoir une course cycliste dans le secteur qui doit partir d’Aéropoli. En effet, tous les kilomètres sont affichés en gros sur la route. A Loukadika, je bifurque à droite pour redescendre et faire le tour d’une péninsulette. A gauche, je repartirai vers Aeropoli. Je traverse ce village aux nombreuses tours de défense.

Puis je descends vers Kotronas, charmant port perdu au fond de cette baie. Je m’arrête acheter une barre de céréales dans le seul commerce aperçu depuis mon départ. Je commence à avoir les crocs. Mon p’ti déj’ est déjà loin.

Je m’arrête prendre une photo de cette baie alors qu’au loin dans les nuages on aperçoit des sommets enneigés sous les nuages au centre (non, non , je n’ai pas fumé). Un fourgon aménagé immatriculé 22 me double. Bonjour les costarmoricains ! Vers 13h00, je descends sur la plage de Skoutari où j’ai repéré un restau.

Je me pose en terrasse en bordure de plage et je me commande un calamar grillé de 400g, me précise la patronne vu que le prix affiché est pour 300g, accompagné d’un pichet de vin blanc. Je me régale. Je termine par un café grec (même chose que le café turc avec le marc au fond) et reprends mon petit bonhomme de chemin.

Je repars par une toute petite route vers la péninsule qui ferme cette baie en direction de Kalivia puis Kamares. Quelques hôtels et résidences de luxe se disputent les emplacements en bord de plage de sable loin de tout. Je m’arrête devant une superbe maison : terre, pierre, bois. C’est sobre mais j’adore. Par contre, il fait un cagnard. Pas un souffle de vent et au moins 30°c à l’ombre. J’imagine même pas en été. Nico, si tu me lis, évite !

Je suis obligé de rejoindre la route 1609. Les collines diminuent. Les maisons et plantations augmentent. La circulation reprend. Je reviens à la civilisation. J’approche en effet du port de Gythio avec son ferry qui dessert la grande île de Kythira au large de la 3ème pointe. Je m’y arrête pour faire mes emplettes du soir.

Je poursuis mon chemin sur la route 1626 en bordure de mer. Je me dirige vers la 3ème pointe. Mais, comme la journée a été longue, je commence à chercher un endroit pour mon bivouac. Je m’éloigne de la ville. Sur l’immense plage de sable fin de Valtaki, un bateau échoué. Au loin, la 3ème pointe que j’attaquerai demain.

Je continue et recherche un chemin qui part vers la droite et l’Ekklisia Panagia. Je le trouve. C’est une petite église orthodoxe charmante. Le chemin continue vers la mer et d’anciennes fortifications en ruine. J’y trouve un terre-plein en bordure de falaise. Parfait pour ce soir.

Je fais ma bonne action du jour en collectant toutes les saloperies laissées autour de cette église. Puis je pénètre au frais pour rédiger ces lignes et me reposer de cette longue et belle journée.
Alors que je monte mon bivouac, un premier camion aménagé immatriculé dans le Rhône arrive. Le jeune couple a quelques difficultés à trouver un emplacement stable. Puis, c’est un second camion aménagé qui débarque. Ce camion est, lui, immatriculé en Haute-Savoie. Ils se rejoignent sur ce « spot ». Décidément, c’est la journée des camping-cars français !
Une fois installés, nous faisons connaissance autour d’une bonne bouteille de muscat grec bien frais. Le premier couple, Julien&Camille sont de Lyon. Julien est pâtissier et Camille va passer ses examens pour faire le plus beau métier du monde : institutrice (comme on disait de mon temps). Le second couple féminin, Virginie & Anne-Gaëlle, arrive lui d’Annecy. A son bord, deux charmantes et dynamiques femmes et leurs jumeaux bien délurés de 8 ans : Swan & Elouan. Elles sont parties pour 6 mois de balade. Ce soir, tout ce petit monde dînera des poissons (rougets et soles) péchés par les jumeaux avec la complicité d’un vieux grec ancien haltérophile ayant participé aux J.O.
Belle soirée en charmante compagnie. Merci à tous les 6 pour ce beau moment de convivialité.
Résumé : 85kms, 5h30, 15,5km/h, beau, bivouac