J32 – vendredi 13 mai – Gythio / Paleokastro

Réveillé de bonne heure par la Patrouille de Grèce qui est repartie faire des ronds (et du bruit) dans le ciel. Je me prépare tranquillement sous un ciel couvert avant de plier les gaules vers 8h00. Mes charmants voisins sont encore endormis lorsque je reprends la route.

Je longe la baie et passe par les petites routes de cette immense plaine couverte d’orangeraies. Les poids-lourds attendent leur cargaison, les tracteurs et pickups leurs chauffeurs grecs et les oranges leurs ramasseurs indiens.

De mon côté, je fais le plein de vitamines, et de ma sacoche avant droite SdB-Garage, avant d’attaquer cette 3ème pointe. Cela part tranquillement à travers de petites collines à la roche friable. Je m’arrête à Elia chez Mr-Donut pour y boire mon premier café-frappé accompagné d’un donut évidemment. J’en profite pour appeler les amis. J’arrive à joindre Loïc en stand-bye à Toulouse avant de repartir vadrouiller. Et également Nico en stand-bye au Petit Nice à Siguer en Ariège pour les derniers préparatifs avant son départ à vélo ce dimanche. Je repars avant de m’arrêter admirer la charmante église d’Asopos.

Le revêtement de la route a été refait. Le relief n’est pas important. La circulation est presque inexistante. Le vent est quasi nul et le soleil a refait son apparition en milieu de matinée. Que du bonheur ! Je laisse sur ma droite la péninsule de Pitra pour filer vers Archalegos.

Avant d’arriver dans cette superbe crique, je fais un nouvel arrêt admirer cette chapelle au bord de la falaise.

Je croise le pope qui me salue et me fait terriblement penser à Georges Moustaki. Qui me rappelle également mon père (et mon grand frangin Yves-Marie). Même stature imposante,même barbe grise, même front dégarni, même regard noir qui, enfant, suffisait à nous faire cesser nos conneries. Me reviennent alors les paroles de sa chanson :

Avec ma gueule de métèque, de juif errant, de pâtre grec et mes cheveux aux quatre vents.

Avec mes yeux tout délavés qui me donnent l’air de rêver (moi qui ne rêve plus souvent).

Avec mes mains de maraudeur, de musicien et de rôdeur qui ont pillé tant de jardins.

Avec ma bouche qui a bu, qui a embrassé et mordu sans jamais assouvir sa faim.

Vers 13h30, je m’arrête donc dans ce charmant mais retiré village de Archagelos et, ce, dans le seul restaurant ouvert. Trois tables ne sont occupées que par des grecs. C’est plutôt bon signe. Une nouvelle fois, le cadre est magnifique. Je commande une salade grecque (envie de verdure) et une bière (envie de houblon). Le patron m’amène un saladier grec pour au moins 2 personnes (poivrons, concombres, tomates, oignons, olives, féta à profusion) et une bière de 0,50cl. Je me régale et finis évidemment le saladier … et la bière ! Ensuite je vais boire le café sur la terrasse d’à coté en lisant l’Equipe d’hier. Je me repose un peu car je vais devoir remonter sur la route 1634 dans la montagne.

Après une belle grimpette accompagnée par mes potes de Téléphone, je rejoins la route principale avant de replonger vers Marathias en bordure de mer. Je sais. Je dois être un peu maso quelque part pour m’infliger toutes ces montées et ces descentes. Mais bien m’en a pris à nouveau.

J’arrive dans un endroit quasi désertique. Les rares maisons sont vides d’occupants. Aucun commerce. Aucun bar. Aucune chapelle. Grand moment de plénitude. La végétation oscille entre le mauve des chardons, le jaune des genêts, le vert des buissons, le marron-gris des pierres et le bleu-vert de la mer. Un véritable enchantement. Comme disait l’ami Gaugau : « Je suis dans le paysage ». Aucun bruit. Aucun humain. La nature à l’état sauvage et moi (à l’état sauvage aussi !).

Je traverse ainsi les hameaux de Marathias, Limnes et Platanias sans rencontrer personne. Sauf un chat juste au moment où je prends cette photo de la route du bout du monde. Au loin à droite, une nouvelle tour de guet.

Il me faut alors bifurquer à gauche et grimper la colline pour retrouver la route 1634. La route se transforme vite en chemin. J’avance tranquillement. Pas le choix de toute façon.

Presqu’au niveau de la jonction avec la route 1634, je tombe sur un panorama d’énergies renouvelables : panneaux solaires et éoliennes. Avec le soleil pratiquement toute l’année et le vent sur les crêtes, faut en profiter ! Dame Nature est généreuse.

Je finis hélas par revenir à la civilisation et à redescendre dans la plaine et les villes. J’arrive dans la baie et la ville de Neopoli qui dessert les îles de Elafonsisos juste en face et la grande île de Kythira au large en mer de Crète. Aucun charme particulier. Je fais mes emplettes, le plein d’eau et pars à la recherche d’un nouveau bivouac à l’extérieur de la ville. Au loin, je repère une chapelle érigée sur un promontoire qui ferme cette baie au fond à droite.

Je m’y dirige en suivant une dalle en béton en bord de mer. L’accès y est difficile. Un portail ferme l’accès du chemin qui mène au site de Paleokastro et à la chapelle Paraskevi. Mais, après repérage à pied, je décide de tenter le coup. J’enlève toutes les sacoches et arrive à passer mon destrier dans l’interstice entre 2 barreaux dont un tordu (un peu comme moi …).

Au retour …

J’arrive dans un de mes plus beaux bivouacs. Cette chapelle donne sur la baie et sur l’île. C’est d’un calme et d’une quiétude (je sais, c’est la même chose mais ça renforce cette impression).

Alors que je m’installe, un couple germano-grec me font une légère frayeur. La femme grecque parle très bien français. On papote un bon moment notamment sur le manque de propreté des grecs ce qui, avec sa nouvelle culture allemande, la désole beaucoup. Elle me conseille d’aller sur l’île de Kythira qui est paraît-il superbe. Je verrais demain. En sirotant ma bière et tapotant sur mon clavier, j’admire le panorama sur la baie. Par contre, de gros nuages noirs s’amoncellent sur les sommets. Moi qui est prévu de dormir à la belle étoile …

Je dîne en admirant le coucher de soleil dans les nuages hélas. Quelques gouttes tombent. Pas de auvent pour m’abriter et trop la flegme de monter la tente à cette heure avancée, je fais le tour de l’église et … une porte s’ouvre. C’est un prieuré. Je m’y installe pour la nuit. « Tout se fera ! ».

Résumé : 85kms, 6h00, 14,2km/h, beau, squat

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