J41 – dimanche 22 mai – Varnavas / Mouriki

Réveillé aux aurores vers 6h30 après une excellente nuit qui avait pourtant mal commencé. En effet, je me suis installé sous la porte du couvent mais les lumières au-dessus sont restées allumées toute la nuit. Heureusement, en plus de mes boules Quiès, j’ai aussi un cache yeux. Après un bon p’tit déj’ avec table et chaise (c’est un luxe en mode bivouac !), je repars vers le village de Varnavas avant de plonger vers la mer. En arrivant dans la vallée, je me rends compte que toutes les collines ont brûlé. Les incendies sont hélas fréquents en Grèce.

Je rejoins une route qui longe l’autoroute A1. Je suis à 40kms d’Athènes. Heureusement, cette portion n’est pas trop longue avant que je bifurque à droite pour me diriger vers la station balnéaire de Nea Palatia.

Je tourne donc à Malakasa avant d’entamer une longue descente vers ce cul-de-sac maritime de la mer Egée. En sortant de ce bourg, en plein campagne, je tombe sur un immense camp de réfugiés en fin de construction. Je m’y arrête et suis interpellé par deux cerbères. J’engage la conversation et leur demande si je peux prendre une photo. « Oïch »me répond le chef. (En grec, Oui se dit « Nè » et Non « Oïch »; au début, c’est un peu déstabilisant). Mais trop tard les gars. Puis je leur demande si c’est bien un camp de réfugiés pour africains. « Refugiees » me dit-il. Bon, je n’en saurais pas beaucoup plus. Mais je ne pense pas que ce soit pour nos amis ukrainiens …

Toujours est-il que cela me fait plutôt penser à un camp de concentration avec tous ces barbelés, les vigiles, les chiens, l’absence d’arbres et donc d’ombre, les barraques alignées (j’ose espérer qu’il y a un système de climatisation). Et cela me fait aussi penser au Centre de rétention à Cornebarrieu, derrière les pistes de l’aéroport de Toulouse-Blagnac. Pour celles et ceux qui sont du coin, allez donc faire un tour en longeant les pistes pour voir comment sont traitées les personnes en attente de régularisation. C’est plus petit mais c’est le même combat. Je continue ma route et finis par arriver sur la côte.

Auparavant, je me suis arrêté devant une église orthodoxe attiré par la douce mélodie qui s’en échappait. La messe est psalmodiée. C’est très beau. En voici un petit extrait en ce jour dominical.

J’arrive à circuler sur le cheminement piéton. Il n’y a pas foule non plus. Après avoir fait quelques emplettes dans une bakery, je m’arrête à l’ombre d’un tamaris ???. J’enfile mon maillot de bain et plouf ! J’engouffre mon pique-nique et miam-miam ! Je m’allonge sur la plage et bzzz-ron-bzzz. J’avale un double-expresso et un morceau de chocolat et vroummmm !

En suivant toujours la côte, j’arrive à Vathy au bout d’une baie protégée en face l’immense île de Chalcis, parallèle au continent, et qui doit faire 250 kms de long ! Quelques navires sont en cale sèche bien à l’abri des tempêtes.

Je rejoins ensuite un important noeud de circulation entre la fin de l’autoroute A11, une voie ferrée, l’imposant pont qui rejoint l’île. De ce fait, ce n’est plus une île mais une presqu’île ! Entre les deux piliers principaux, on perçoit le sommet enneigé du mont Xiro qui culmine à presque 1.000 mètres. Tout est affaire de « presque » finalement …

Je continue sur le continent en empruntant la route 0336 avec le dernier cul-de-sac marin et ces fameux marquages dont je vous ai déjà parlé entre le 13 (Bouches-du-Rhone) et le 7 (l’Ardéche).

Je me retrouve à nouveau dans des paysages sauvages toujours à longer cette mer intérieure coincée entre la presqu’île de Calcis et le continent.

Cependant, je vais devoir rentrer à nouveau à l’intérieur des terres vu qu’il n’est plus possible de longer la côte. Je m’arrête au dernier village sur la côte à Loukisia pour y faire quelques courses pour la soirée sans oublier, comme à chaque fois, mon 1,5 litre d’eau fraîche. Juste à côté se tient une Taverna. Avant de repartir avec mes courses, je jette un œil sur la table des personnes qui viennent de la quitter. Je ne peux m’empêcher de récupérer le pain laissé dans la corbeille. Je fais un effort pour ne pas embarquer les frites et le reste. J’ai horreur du gaspillage alimentaire.

Auparavant, j’avais acheté 1 tomate, 1 poire et 1 pomme à un maraîcher qui me fait payer 2,50€. Je lui fais comprendre que c’est un peu cher du kilo. Il fait comme s’il ne comprenait pas. J’espère que c’est du bio au moins. Sinon je vais faire mon « horrible Emilie » comme disent les ami.es qui font le marché à L’Arche. Mais bon, il faut bien vivre aussi … Je commence donc à grimper pour rejoindre le lac Paralimni.

Je retrouve ma quiétude sans pratiquement aucune circulation. Cependant, j’entends le sifflement distinctif d’un pâtre grec qui mène son troupeau de biquettes à travers la plaine.

L’heure avance. Il est bientôt 17h00 et je commence à sortir mes radars pour trouver un bivouac pour la nuit. Je repère une cabane en contrebas du lac. J’y descends par un trouve mes indiens en plein gagnmauvais chemin qui sert de dépotoir. C’est sale et inexploitable. Je remonte et continue jusqu’au village de Mouriki où j’ai repéré un stade. Dans la plaine maraîchère, je retombe sur mes indiens, en plein cagnard, un dimanche après-midi, à ramasser des oignons rouges. Quel scandale !!!

Je continue la boule au ventre jusqu’au stade. Tout est clôturé. Inexploitable également. Je rebrousse chemin et descends jusqu’au lac de Yliki. Un nouveau chemin part le long de ce lac pour desservir les cultures céréalières. Je m’y engage et trouve un emplacement à l’ombre d’une haie de tamaris le long de ce lac. Je me fous à poil en ne gardant que mon short de vélo et plouf !!! Que cela fait du bien. Je me change, monte le campement, me pose sur un siège improvisé (un bidon de produits pour soigner les cultures) et me tape ma petite bibine.

Par contre, je rencontre un gros problème technique. Mon iPhone est pratiquement déchargé (Téléphone et Led Zepp’ usent les piles !) et je n’arrive plus à le recharger avec ma batterie autonome PJuice. Analysons tranquillement le problème : le câble et la batterie fonctionnent puisque j’arrive à recharger mon iPad. Je l’éteins en espérant que ce n’est que la chaleur. Sinon, je suis mal. Et d’autres orages arrivent à nouveau …

Il me faut aussi dîner rapidement. En effet, vu l’emplacement, je vais certainement avoir droit aux moustiques. J’oubliais les trois nouvelles importantes de la journée : mon p’tit cœur à thé offert par mon ami Riri est resté au couvent ce matin (snif !), mon ami Kyky a resigné au PSG (on en a rien à foot de tous ces brancques !), mon ami Manu a tout compris à l’écologie en silo (on est vraiment mal barré !).

Résumé : 100kms, 6h10, 16km/h, chaud, bivouac

Une réflexion sur “J41 – dimanche 22 mai – Varnavas / Mouriki

  1. Gaël, on continue de te suivre et de te lire.
    Une petite correction, pour le centre de Cornebarrieu. Les personnes qui y sont enfermées ne sont pas en attente de régularisation mais en attente d’expulsion.
    Expulsion justement car elles n’ont pas été régularisées.
    Je suis la secrétaire de l’association Cercle des Voisins du CRA de Cornebarrieu.

    Michèle Crémoux

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