J42 – lundi 23 mai – Mouriki / Distomo

A nouveau réveillé par mon ami Apollon, dieu du soleil et des arts, je me réveille vers 6h30. Il a plu en début de soirée mais cela n’a pas été trop méchant. Par contre, j’ai quelque peu cogité avec ce nouveau problème d’iPhone. Ce matin, la première chose que je fais est d’essayer de recharger la batterie. Rien à faire. Je pense qu’elle est naze. Cela va être compliqué sans GPS. Heureusement, j’ai également téléchargé mes cartes sur mon iPad mais c’est beaucoup plus compliqué à consulter et, surtout, cela consomme pas mal. Je vais devoir trouver un magasin si je veux continuer mon périple.

Après avoir déjeuné puis plié mes gaules après que le soleil a tout séché, je consulte mes fameuses cartes sur mon iPad. Une route me permettrait de rejoindre la côte en coupant dans la montagne. Sinon, je dois vraiment rentrer dans les terres vu que je ne peux pas prendre l’autoroute A1. Je tente le coup. Un peu avant 8h00, me voilà reparti au pifomètre sur les petites routes. A l’ancienne, j’ai quand même noté sur mon calepin les villages à traverser et routes à emprunter.

Au départ, cela ne part pas trop mal. Mais je me retrouve assez rapidement sur un chemin à travers les cultures. Je ne rencontre personne. Sauf vipère, couleuvre, lézard à grandes pattes, gros lézard vert et autres bestioles … Je continue mon chemin et tombe sur un champ où un indien est en train d’installer l’irrigation. Rencontre improbable au milieu de nulle part !

Je m’arrête et on essaie de discuter avec nos quelques mots d’anglais. Je comprends qu’il est de la province du Pendjab en Inde et qu’il ne trouve pas son boulot trop dur (« soft » me dit-il). Par contre, je comprends aussi qu’il n’y a plus de chemin pour franchir la montagne. Gloups ! On se souhaite mutuellement bonne chance et bonne journée. Je fais demi-tour et retourne à mon point de départ avant de reprendre la route bitumée pour rejoindre Thiva (Thèbes). A 10h00, je m’arrête à l’entrée de la ville pour prendre mon café frappé et faire le point. Je repère un magasin de téléphonie et m’y rends.

Je suis accueilli par un pakistanais fort sympathique. Je lui explique mon problème. Il teste le chargement avec ses câbles et sa prise : ça fonctionne ! C’est finalement le câble qui est à changer. Un moindre mal. Bizarre qu’il fonctionne avec l’iPad. Je récupère mon nouveau câble et peux recharger l’iPhone. Je repars plus tranquille sur la route E03. Je suis dans la plaine vent dans le dos. J’avance bon train à +25kms/h. Je croise 3 couples de cyclotouristes en pleine force de l’âge (à peu près le mien). On se salue alors qu’ils sont dans un faux-plat descendant. C’est pratiquement plat, monotone et chiant !

A Thèbes, j’avais repéré des panneaux Delfi. Avant de bifurquer à l’est pour rejoindre la côte en passant par Kastro, Martino et Proskynas, je m’arrête dans un village, achète une pomme et une poire (0,56€ … le maraîcher d’hier m’a vraiment pris pour un jambon américain … un bas-con en somme !) et étudie à nouveau ma carte. La route que j’ai prévu de suivre ne va même pas longer la mer. C’est uniquement l’autoroute qui est en bord de côte. En plus, ça circule. Je décide de filer tout droit vers Livadia puis Delfi. J’irais revoir le magnifique temple d’Apollon et le fameux aurige de Delphes dont je garde souvenir. Avant d’arriver à Livadia, je trouve une Tarvena en bord de route. Je m’y arrête pour manger des souvlakis servies avec des vraies frites maisons et boire aussi une bonne bière grecque Eza de 0,5l bien fraîche. Hhhmmmm !!! Sur la table d’à côté, deux papys papotent, pipeautent (?), picorent et picolent.

« Logariasmo parakalo ! » (L’addition SVP !). 11€. Je paie et reprends ma route. J’irais boire mon café à Livadia pour essayer de choper la wifi. J’y arrive sous une température de 36°c à l’ombre et trouve un café nommé « Café à pied ». Cela ne s’invente pas. Le jeune patron est très sympa. Par contre, la musique un peu trop techno n’est pas forcément à mon goût. Je repars sur la route E048. C’est une étuve. J’espère que, en grimpant dans la montagne, cela va s’atténuer. Derrière la ville, j’aperçois les sommets enneigés du Mont Parnasse qui culmine à 2457 mètres. C’est toujours impressionnant d’être dans la fournaise et de voir de la neige. Et si vous trouvez à quoi correspond la bestiole (le yéti grec ?) sur le panneau, je vous serais fort reconnaissant.

Effectivement, ça grimpe et il y a de l’air. Je passe tout à gauche, débranche le cerveau et avance tranquillement à 8km/h. J’arrive à la station de ski du Mont Parnasse. Enfin, station de ski, façon de parler. Il y a un café et je m’y arrête. Un vieil homme sort et me propose des souvlakis. Il est habillé de 3 couches de vêtements comme si on était en plein hiver. D’ailleurs, il n’a pas la morphologie grecque. Je commence à discuter avec lui. Il parle un peu français. Il est d’origine maghrébine (je n’en saurais pas plus) et a vécu à Marseille. Je lui prends une boisson sucrée, hélas pas très fraîche, les frigos semblant débranchés. De toute façon, à part des chips, des bouteilles d’eau et des boissons sucrées (et des souvlakis), il n’y a pas grand chose dans cette grande boutique où les murs sont tendus de tapis arabes. Il me parle aussi d’Emmanuel Macron. Sensation bizarre. Personnage étrange. Décor surréaliste à cet endroit. Rencontre improbable. Je le quitte alors qu’il me répète plusieurs fois « Vive la France ! ». Je reprends ma grimpette à travers un décor de lignes à haute tension et d’éoliennes.

L’heure avance et je suis toujours dans la montagne. Je passe devant une « station service-café-taverne » et vois un gars qui lave sa voiture au jet d’eau. Vu que mon destrier a bien morflé ce matin sur les chemins rendus boueux par les irrigations, je m’y arrête et nettoie mon pépère au kärcher (c’est Sarko qui va être content !). Il est tout beau, tout frétillant. Je remercie le gars et reprends ma route. Je n’ai pas fait 500m que je repère un chemin qui mène à une chapelle. J’y grimpe. Trop parfait pour cette nuit.

Je redescends à la station (au centre de la photo derrière l’arbre) pour y acheter ma bière fraîche et de quoi dîner. Il n’y a que très peu de choix. Je prends donc la seule salade César sous plastique restante et un dessert industriel Oreo. Le patron m’offre un gâteau en prime. Je vais me régaler.

Je remonte à ma chapelle, me déshabille, prends ma douche au jet d’eau et en profite pour laver mes fringues pleines de sueur et de poussière. Que du bonheur ! De plus, une maisonnette juste à côté de la chapelle (le presbytère ?) est ouverte. Il y a même un lit qui m’attend. Bon, je vous l’accorde, la déco n’est pas tip-top et je n’arrive pas à trouver l’interrupteur. Mais pour dormir, ce sera parfait.

Delfi est à une vingtaine de kms. « Tout se fera ! ».

Résumé : 95kms, 5h55, 16,1km/h, chaud, squat

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