Je suis déjà à la moitié de mon périple de l’an dernier (85 jours) sachant que j’avais effectué une sacré pause festive entre la péninsule ibérique et l’Italie. Cette année, il n’y aura pas d’interlude. Ce matin, je suis réveillé dès 6 heures par les aboiements des chiens du berger dans la montagne. Je me prépare rapidos et à 7h je suis déjà en route. Par la porte du Paradis des baroudeurs, je quitte mon presbytère à regret.

C’est très agréable de rouler à cette heure. Il fait bon. Peu de circulation. Le paysage est superbe. Je grimpe tranquillement à mon rythme. Alors que je suis en pleine montagne, je repère l’ancienne route sur la droite avec le petit pont. Cela devait être sportif.

Au bout de 13kms depuis mon départ, j’arrive enfin à Arachova vers 8h30. C’est une magnifique bourgade de montagne accrochée à la falaise. Je pense que je suis arrivé au sommet avant de redescendre dans la vallée. Je suis à presque 1.000 mètres d’altitude. Il y a quand même 35 bornes de montée depuis Livadia (200m d’altitude). Je me fais une pause Expresso à 3€ dans un café hyper chic avec cave à vin en sous-sol. Je me croirais en Suisse. J’attaque la descente à 50km/h vers Delfi.

J’arrive sur site vers 9h30. Il n’y a pratiquement personne. Je retrouve la magie de mes 2 précédentes visites il y a 35 et 45 ans environs (!). L’impression d’être transporté dans une autre dimension, d’être connecté avec une force mystérieuse. Difficile d’expliquer ce ressenti. Il faut dire que l’endroit est extraordinaire.

La mer est tout au fond à gauche et de nouvelles montagnes enneigées sur la droite.

Je me balade dans ce sanctuaire puis zappe le musée déjà vu et, surtout, 3 bus scolaires ont débarqué et de nombreux jeunes font la queue. Sans moi. Je reprends ma descente vers la côte (Itea) avant de bifurquer à droite vers Amfissa.

Je m’arrête d’ailleurs dans cette ville pour refaire le plein en carburant (pâtisserie et café frappé). Je ne regrette vraiment pas d’avoir fait ce grand détour par Delphes. Même si j’ai encore un gros morceau qui m’attend. Je vais devoir traverser cette péninsule pour me rendre vers Lamia : 66kms avec 450m D+. En attendant je me pose à l’ombre d’un platane parmi mes amis grecs (au masculin !).

Et c’est reparti pour la grimpette. Je me tape encore 20 bornes de montée régulière à 8km/h environ. Je vous laisse calculer la durée ! D’ailleurs, une fois arrivé en haut, on se croirait presque à la montagne avec les vaches qui se baladent en liberté.

Le paysage est à nouveau superbe. Je ne m’en lasse pas. Je roule veste ouverte toujours sous un magnifique soleil et superbe ciel bleu.

Arrivé devant une méga usine métallurgique et sa mine dans la montagne, j’entame la descente avec une pointe à 60,5 km/h. Ca envoie du lourd ! Par contre, il commence à faire faim mais je ne trouve rien sur cette route. En bas de cette longue descente, je vois un panneau indiquant Taverna. Super. Il est 14h30 et j’ai envie d’une bonne moussaka. Je bifurque à droite vers le village de Gravia. Manque de bol, la taverna est fermée, la boulangerie ne vend pas de produits salés et les autres commerces sont fermés … excepté une petite épicerie. Je m’achète quelques denrées pour me faire un mauvais pique-nique en bordure d’un moche ruisseau. Cela arrive.

Et la grimpette repart ! Au bout de quelques kilomètres, je me rends compte que j’ai encore oublié d’acheter de l’eau. Je suis à sec, au milieu de nulle part et ça cogne méchamment. Sans eau, ça craint du boudin. Comme d’hab’, Dame Providence arrive à mon secours. Une petite chapelle à la bifurcation d’une route pour monter dans un village montagnard. Un robinet à coté dont le poussoir ne fonctionne pas. Mais en ouvrant la vanne, l’eau coule à profusion. Je remplis mes 2 bidons et m’asperge abondamment la tête et ma casquette. Et c’est reparti comme en 40 ! Je finis par arriver en haut de la colline et basculer enfin vers la mer.
En contrebas à gauche Lamia et son aéroport, devant des marais et au fond à droite le cul-de-sac marin côté nord.

Il est déjà 17h et la journée a été rude. Je me pose dans une station-service-café-restau pour faire le point. Je me bois un coca vu que le truc que j’ai bouffé ce midi ne passe vraiment pas. Je n’ai pas trop envie de faire tout le tour de cette baie avec encore cette satané autoroute A1 et ces marais à traverser.
Je décide donc de descendre vers le sud pour trouver un bivouac en bord de mer. Puis, demain, descendre jusqu’à Arkitsa, prendre un traversier pour l’île de Chalcis, traverser à vélo jusqu’à Agioskambos, reprendre un traversier jusqu’à Glyfa de l’autre côté de la baie. Et ensuite je pourras prendre des petites routes pour suivre à nouveau la côte. Je poursuis donc ma descente jusqu’à Thermopyles où a eu lieu la fameuse bataille entre les Grecs et les Perses en 480 av JC. et j’en profite pour immortaliser Leonidas 1er visant le soleil déclinant.

J’arrive enfin à la chapelle que j’ai repérée en bord de plage. Pour la plage, je laisse tomber. C’est venté et ça sent le marais. Je vais encore profiter de l’hospitalité et du auvent de l’église orthodoxe. Merci !

Une spéciale dédicace, en cette ô combien longue et rude journée à vélo, à ma nièce Zoé qui fête ce jour ses 26 printemps. Bon anniversaire Zoé avec ce magnifique coucher de soleil sur la baie de Lamia.

Résumé : 115kms, 7h20, 15,7km/h, chaud, bivouac