Nuit blanche. Idées noires. Cela faisait un bail que je n’avais pas passé une aussi mauvaise nuit. Impossible de m’endormir. Sieste trop longue ? Ambiance orageuse ? Moustiques pénibles ? Manque d’activités physiques ? Je n’en sais rien. Je sais seulement que j’ai tournicoté, bouquiné, pissé, marché jusqu’à 3h du mat’. Heureusement que le soleil donne de mon côté pour me réveiller sinon je dormirais encore. Je plie vite fait les gaules et vais m’installer en bordure de plage pour déjeuner.

Il est 7h15. Un charmant couple âgé arrive en se tenant par la main. Il me salue d’un respectueux Kalimera. Il pose leur sac sur la plage. Puis se dévêtent. Et rentrent dans les rayons du bain de jouvence. Que j’aurais aimé (que j’aimerais ?) rencontrer la belle personne et devenir un tel couple qui semble en si parfaite harmonie. Je les laisse à leur baignade matinale et reprends mon chemin solitaire sur la route 6416.

Jusqu’à Stavros, la route est, comme hier, quelque peu montagneuse. De plus, je suis doublé par de nombreux camions transportant chacun un container. De toute façon, je n’ai pas le choix. Il n’y a que cette route. Je m’arrête pour prendre en photo cette vipère passée de vie à trépas. Tout au long de ma route, ce doit être une bonne centaine de vipères, couleuvres, … que j’ai vues sur ces routes.

Arrivé dans la grande station balnéaire de Stavros, je m’arrête faire une pause mécanique pour huiler et vérifier ma chaîne et la distribution, les derniers jours ayant été particulièrement rudes pour mon destrier en terme de montées. Je n’ai plus qu’à suivre la route EO2 en bordure de mer qui m’emmène en Turquie. Au fond à droite, je pense que c’est l’île de Thasos que j’aperçois. Je rentre dans la région de Macédoine Centrale. Ne pas confondre avec la Macédoine du Nord, petit pays au nord de la Grèce dont la capitale est Skopje, issu de l’ex-Yougoslavie. Et, pour l’anecdote, ce pays a éliminé l’Italie en éliminatoire de la Coupe du Monde au Qatar ! Avant de se faire éliminer, elle, par le Portugal.

Avant d’arriver à Nea Kerdylia où je m’arrête pour ma pause syndicale, je découvre un chantier archéologique sur le site de Ancient Argilos. De nombreux jeunes échangeant en anglais sont à l’ouvrage.

Puis, quelques kilomètres plus loin, je passe dire bonjour au Lion of Amphilopis, tombe datant du 4è siècle avant JC. J’arrive juste avant qu’un car scolaire ne déboule. Je contourne ce delta puis rejoins une petite route en bord de mer.

Je peux à nouveau longer la côte en toute sérénité et traverser quelques petites stations balnéaires aux plages de sable fin. Et, ce, jusqu’à une nouvelle pointe où, le paysage change à nouveau et devient encore plus sauvage. En face, on aperçoit la 3è pointe de la Thrace.

Je me retrouve à nouveau seul au monde dans ce paysage entre mer et montagne. La circulation est redevenue très calme. Les villages n’existent plus. Je suis à nouveau seul au monde. Alors que je suis la côté, un panneau indique des thermes avec eau chaude. J’imagine que ce sont d’anciens thermes grecs voire romains. Je tourne à gauche et me dirige dans un défilé jusqu’à Louftra Eleftheron à un km de la route. En fait, ce sont d’anciens thermes modernes mais qui ont été abandonnés. De nombreux bâtiments, ayant accueillis des curistes, sont à l’abandon. J’arrive à trouver une source d’eau chaude sulfurée et m’y baigne à loilpé.

Je retourne sur ma route côtière 5510 et reprends mon chemin vers Kavala. Alors qu’aucun panneau annonciateur ne l’indique, ni sur ma carte Maps.me d’ailleurs, je tombe sur un bar-taverne en bord de route. Je m’y arrête pour commander ma fameuse moussaka auprès du chef. Le cadre est exceptionnel et la moussaka excellente (pas d’aubergine, feuilleté avec des pommes de terre).

Il est déjà 15h30. Je repars avant de trouver un endroit ombragé, sous le auvent d’une chapelle évidemment, pour me faire mon petit siestou avec alarme. Juste derrière se trouve une maison d’agriculteur. Et, attaché à une chaîne, un jeune chien qui est tout étonné de me voir débarqué. Par contre, il ne moufte pas et n’aboie pas. Il me regarde comme s’il voulait m’apitoyer. Je l’aurais bien emmené avec moi mais ce n’est pas possible. C’est triste parfois une vie de chien …
J’arrive en approche de la grosse ville portuaire après avoir laissé la route 5510 et fiburqué à droite sur une petite route côtière. Les « lidos » jouent à touche-touche jusqu’à l’entrée de la ville. Ce n’est pas là que je vais bivouaquer. Je m’arrête au 1er market pour faire le plein d’eau et mes courses habituelles. Je regarde ma carte et décide de partir sur l’éperon rocheux (Red Rock) au dessus du port afin de rejoindre une crique. Après une belle grimpette sur une route en béton, je décide de me poser avant la crique, la pente étant vraiment trop raide à descendre (donc à remonter). Je monte la tente et prépare mon bivouac. Cela faisait un bail.

Je suis juste en face l’île de Thasos. Au loin sur la gauche, j’aperçois l’île de Samothrace. Il est 18h30. Je suis installé, douché, frais comme un gardon. Je peux attaquer l’apéro, dîner, passer quelques appels (merci la 4G) et aller faire un tour jusqu’à la crique … inaccessible avec mon vélo. Puis au dodo.

Résumé : 100kms, 6h10, 16,2km/h, chaud, bivouac