Après une excellente nuit réparatrice, je me réveille au premier rayon du soleil vers 6h du mat’. A 7h15, je remonte le chemin pour retrouver la route goudronnée et striée et descendre vers la route E90. Je quitte la baie de Eleftheres et poursuis ma route vers l’est.

Jusqu’à Kavala, la route est particulièrement chiante et dangereuse. Le vent est de retour plein dans le pif. Ça monte et ça descend d’une baie à l’autre. La circulation est dense en ce jeudi matin sur cette 2*2 voies sans bande d’arrêt d’urgence. J’arrive enfin dans cette grande ville portuaire sans aucun charme. La 2*2 voies traverse la ville de part en part avec, sur la droite, un trottoir et en-dessous la plage et, sur la gauche, des rangées d’immeubles. Bonjour le bruit et la pollution ! Je sors en passant sous l’aquaduc d’origine romaine mais reconstruit par les Bysantins au XVIé siècle.

Je quitte sans regret cette ville et continue toujours sur la route EO2. Le profil devient plus plat mais c’est toujours aussi moche. A un moment, je longe l’autoroute A2 en travaux avec une usine au fond. Bonjour l’ambiance !

De plus, de nombreux camions font la navette avec des chargements de bloc de marbre. Il y a, comme partout en Grèce, d’énormes carrières de marbre et de granit qui défigurent les montagnes. Dans la vallée, se trouvent les usines où sont usinés ces blocs.

Je dois ensuite contourner l’estuaire de la rivière Mesta dans lequel se trouve l’aéroport de Kavala. C’est la raison pour laquelle je croise aussi énormément de bus. En milieu de matinée, je m’arrête dans le bourg rural de Neos Xerias. Il y a toujours autant de monde en terrasse. Même le pope (à droite de dos) boit son café matinal et fait la tournée des popotes (normal, il fait son boulot de pope !).

La patronne me propose en grec de manger quelque chose. Tout du moins, c’est ce que je comprends vu qu’elle a apporté des plats à la table d’à côté. Il est encore un peu tôt et je ne comprends pas trop ce qu’elle veut me servir. Je décline et reprends ma route EO2. Après quelques kilomètres, je franchis la rivière Mesta qui permet d’irriguer tout ce delta. C’est d’ailleurs le seul pont depuis la mer qui se trouve à une vingtaine de kms. Et juste après, je prends à droite la route 7207 pour rentrer dans cet immense delta.

Le vent d’est souffle dans cette plaine immense et pratiquement plate. Pour l’instant, je l’ai sur le côté. Cela ne va pas durer. Je traverse de petites bourgades paysannes. Je m’arrête dans l’une pour acheter une boisson fraîche et des gâteaux. Je repars sous le cagnard. Arrivé à Mikrochori, je tourne à gauche et me prends le vent pleine face. Le « calvaire » commence. Je vais me prendre le vent pendant 26 bornes sur une longue ligne droite bordée par des champs. Bonjour le moral !

Je me traîne à 14km/h tête dans le guidon. J’ai branché la musique sur Led Zepp’ pour me filer la pêche. Je ne traverse aucun village. Et les rares bourgades ne proposent aucune taverna. Ma flotte est chaude. L’heure avance et moi aussi … mais vraiment péniblement. J’arrive enfin à Nea Kessani, une bourgade un peu plus importante. Je rentre à l’intérieur et trouve une taverna sur la place principale. Cela ne paie pas de mine. Mais j’ai juste faim et soif. Le patron me propose des souvlakis au poulet accompagnés une salade de tomates, concombres, oignons. Et une bonne bière fraîche de la tireuse. Pour 10€, ce sera parfait. Je règle puis vais m’allonger sur un banc à l’ombre en réglant mon horloge sur 16h00. (A gauche au fond : la taverna, à droite en haut : les cigognes, derrière moi : mon banc ombragé).

Avant de quitter ce bourg, je vais prendre un café grec au café Anonymous. Le patron, la quarantaine svelte mais au crâne qui se dégarnit, vêtu d’un jean et d’un tee-shirt noir, m’accueille et me demande d’où je viens. Je lui raconte mon périple et où je me rends : Istanbul qu’il traduit par Constantinople au client grec à sa table. Au moment de payer mon café à 1€, je lui tends un bifton de 20€. Il me le rend et insiste pour me remplir toutes mes gourdes d’eau fraîche. Je repars et retrouve la route EO2 pour aller vers Lagos. Je franchis cet isthme avec sur ma gauche l’immense lac Vistonida …

… et sur ma droite le lac Dalliani .

Je passe Lagos au milieu de l’isthme puis prends vers l’ouest, vent dans le dos à +30km/h jusqu’à Fanari. Je m’y arrête faire mes emplettes quotidiennes. Puis retrouve enfin ma mer nourricière, inspiratrice et apaisante. Je longe un chemin menant à un cul-de-sac et à un petit emplacement parfait en bord de plage. Je m’installe, vais me baigner, prends une douche et attaque la soirée. Bonjour la journée !

Résumé : 115kms, 6h55, 16,6km/h, chaud, bivouac