J55 – dimanche 5 juin – Yapildak / Kavakköy

Réveillé par le premier appel à la prière du jour (levée du soleil), je ne replonge pas ce matin et me sors de mon duvet. Cela faisait un moment qu’il n’avait pas servi mais la nuit a été plus fraîche qu’au bord de mer. Je déjeune copieusement, plie mon barda, quitte ce bivouac original et reprends ma chevauchée fantastique alors qu’il n’est pas encore 7h du mat’.

Par contre, que c’est agréable de rouler à cette heure matinale. Le vent est nul. Il fait légèrement frais. Les couleurs sur la campagne turque sont magnifiques. Je rencontre mon premier pâtre matinal, manchot, peut-être macho, qui mène son troupeau de moutons. Par rapport aux grecs, chaque berger a son âne qui guide le troupeau et qui peut évidemment porter son maître.

Je chemine ainsi tranquillement à travers pâturages, cultures céréalières et aussi rizières. Plutôt que de bifurquer dans la pampa, je file vers la grande ville de Kesan après avoir récupéré la route principale D110. Je dois en effet retirer de l’argent truc si je veux subvenir à mes maigres besoins. D’ailleurs, il n’est vraiment pas certain que la CB soit acceptée en rase campagne pour mon café matinal. A ce propos, une fois l’argent retiré, je me pose dans une pâtisserie-café. J’observe ce que les clients prennent et demande la même chose. C’est donc mon premier çay (prononcez tchaï : thé) d’une longue série j’espère. Il est accompagné, non pas d’un pain au chocolat comme je le pensais, mais d’un pain aux olives !

Par contre, je n’arrive pas à choper la wi-fi. Je demande à 3 ados à la table d’à côté. Aucun ne parle anglais mais il comprenne ma demande. Un d’eux me branche sur son réseau mais cela ne donne rien. Quant à moi, je suis connecté à la « Turkcell 3G » … qui ne capte rien. Cela commence fort. Je reprend la route principale avant de bifurquer par les chemins de traverse.

A chaque entrée de village, je retrouve ces signalétique avec le nom du village en bas, la ville principale et la région. Et un mot de bienvenue. A partir de ce village, les choses se compliquent. Je vais en effet devoir grimper dans la montagne plantée de pins. Rien que pour passer le village, c’est du costaud. De plus, 2 molosses ont décidés de se farcir un français au p’tit déj. Je suis obligé de descendre de mon vélo et de m’en servir comme bouclier. Heureusement, un automobiliste s’arrête et les fait fuir. Je reprends mon cheminement de tortue sur une route dont le bitume est complètement défoncé. En fin de matinée, j’arrive enfin en vue de la mer.

Je tourne à gauche et m’arrête au premier village traversé : Sazlidere. Je me pose dans le café pour rédiger ces quelques lignes avant que je n’oublie ma déjà longue matinée et commande à nouveau un çay. Le jeune server, en tee-shirt rouge qui joue aux cartes entre 2 clients, m’en offre un second. Sur la droite au fond, une étagère avec quelques paquets de gâteaux à vendre que contrôle le patron, père du jeune serveur (j’affabule). Un client arrive qui, lui, parle anglais. On discute de mon périple. En partant, le serveur me tend une bouteille d’eau fraîche offerte par le client anglais. Et, au moment de payer, me fait comprendre que c’est offert par la maison. Incroyable ! Pour le remercier, je lui laisse un câble de connexion trouvé sur la route.

Il est midi. Je quitte ce café de village devant lequel est garée une voiture de marque Sahin ou Tofas … inconnu au bataillon ? Je repars vers le bord de mer.

Je ne trouve aucun plage ou aucun accès. J’ai trop envie de me baigner après ce long périple depuis ce matin à travers champs et montagnes. Alors que je longe la côte au plus près, je repère un chemin barré par un énorme fossé creusé pour en barrer l’accès … mais franchissable par mon super destrier.

Je fais quelques centaines de mètres et tombe sur une superbe crique avec une avancée sur la mer pour éviter les oursins au bord du rivage. A ce sujet, j’ai des 2 pointes d’oursin à l’avant du pied gauche. Je connais une très bonne podologue mais elle habite un peu trop loin. Je me suis aussi froissé un muscle au bras droit en voulant cueillir des cerises. A part ça, tout va bien !

Après une bonne baignade (l’eau est aussi chaude qu’en Grèce), je franchis le fossé et repars en direction du village de Adilhan. Il est presque 14h et je commence à avoir sérieux les crocs. Par contre, il y a bien quelques cafés mais pas de restaurant dans ce village rural. Je trouve un market à côté d’un café. Je m’y arrête faire des emplettes pour un pique-nique. La patronne me prend le tout et me l’emmène dans la salle. Elle m’amène des couverts, des piments et des tomates. Je n’ai plus qu’à casser la croûte à l’ombre et avec la musique turque en toile de fond. Et, en prime, j’ai même le çay offert. Que du bonheur !

Après ce pique-nique improvisé et cette bonne bière Efes bien rafraîchissante, je vais en direction du minaret pour y trouver un banc à l’ombre. Gagné ! Je règle mon horloge pour 30’ et dodo …

Je repars la tête dans le cul. Heureusement, il y a une source juste derrière où je peux faire mes ablutions et remplir à nouveau mes gourdes. Pour éviter la route principale D550, je reprends de mauvais chemins en direction de la côte. Ça tape fort avec toutes ces ornières. Et ce qui devait arriver, arrive : je crève du pneu arrière ! Heureusement, dans mon infortune, je suis à proximité d’un abreuvoir. Je n’ai plus qu’à réparer et repartir.

Par contre, l’heure avance et j’aimerais bien arriver en bord de mer ce soir et, aussi trouver de la wifi. D’ailleurs, après être reparti, je longe la D550 et aperçois une station-service. Je m’y arrête et discute un moment avec un des employés qui parlent un peu anglais. Mais toujours pas de wifi. Tant pis. Je continue ma route et passe le village de Kavakköy. J’ai sorti les radars au cas où … Rien de folichon.

Malgré l’heure qui avance plus vite que moi, je continue et prends le premier chemin sur ma droite. Après, il me semble que les autres chemins mènent à des lotissements et des plages. J’arrive au bout de ce chemin. Des gars picolent sous un parasol ou assis à l’arrière de la benne d’un camion. Ils me font signe de les rejoindre. J’y vais et passe la fin d’après-midi avec eux. Ils m’offrent une bonne bière bien fraîche. Ils habitent et travaillent tous dans la bourgade d’à côté. Et, à leur grand désespoir, sont tous célibataires. Je leur raconte mon périple. Un du groupe parle anglais et traduit. Sacré équipe de 9 bras cassés, certains fracassés, d’autres tracassés et quelques uns gras massés … mais tellement sympas.

Alors que l’orage gronde au loin, ils doivent rentrer. Je me décide enfin à monter mon bivouac avant que ça ne pète sur moi.

Puis, j’ai juste le temps de me laver et de finir le pique-nique de ce midi avant que la pluie ne se mette à tomber. Je rentre à l’abri avant d’immortaliser un nouveau coucher de soleil. Encore une magnifique journée riche en belles rencontres.

Résumé : 85kms, 6h15, 13,6km/h, chaud orageux, bivouac

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