Comme d’hab’, réveillé aux aurores. Je traîne un peu ce matin car je dois aller à Troia et je n’ai pas réussi à trouver les horaires d’ouverture. Après mon rituel matinal, je remonte la colline par une forte pente sur un chemin en terre. Je préfère pousser mon vélo plutôt que de me prendre une gamelle ou de me péter un muscle à froid.

En passant dans le premier village, je salue un couple de p’tits vieux. Cela me rappelle une photo prise lors de mon 1er périple vers Budapest mais je ne sais plus où.

Heureusement, je trouve pas mal de sources pour me ravitailler en eau. Vu la chaleur, le vent, la poussière et l’effort, les bidons défilent. Je dois me boire pas loin de 3 à 4 litres par jour. Je trouve celle-ci (de source) particulièrement belle avec cet arbre encastré dans la roche.

J’arrive à Troia peu après 8h. Le site ouvre à 8h30. J’ai le temps de retourner au village et boire mon premier çay de la journée. A 8h30, je suis devant l’entrée du site. Deux minibus sont déjà là. A l’intérieur, je pense que ce sont des américains. Me voila donc à Troie et son fameux cheval.

Le site est remarquablement aménagé avec un cheminement en bois pour se balader entre les « pierres ». Il faut imaginer comment c’était avant.


Après m’être baladé tout seul dans ce site, alors que quelques groupes avec leur guide arrivaient derrière moi, je reprends un mauvais chemin dans la campagne. Je retombe sur un carrefour où il me faut décider si je reprends la D550 pour couper cette péninsule ou si je repars faire un tour dans la pampa par la route 17-55. Vu la circulation sur la route principale, j’opte pour la seconde option. Je verrais bien.
Arrivé dans le gros bourg de Pinarbasi, je me pose. Il y a toujours autant de monde en terrasse. Et, vous remarquerez, que des hommes ! J’ai réussi à joindre Adrien, prof des écoles à Amiens et croisé en Albanie, que je dois rejoindre à Izmir. Il s’est fait embaucher à l’Ecole Française d’Istanbül.

Finalement, je prends l’option 3 qui me fait passer par la petite route jusqu’à la ville de Ezine. Puis je reprendrais la route principale cet après-midi plutôt que de reprendre des chemins de traverse. Comme d’hab’ sur ces routes, je ne croise pas grand monde. Si ce n’est quelques grosses mobylettes ou tracteurs. Par contre, je confirme que c’est presqu’aussi dégueulasse qu’en Grèce. Il y a seulement moins de gobelets en carton, d’emballages et de canettes. En arrivant sur la ville, je tombe sur la décharge qui se trouve sur une colline exposée à tous les vents. Il y a des plastiques et des saloperies partout accrochés aux arbres, aux buissons.

Heureusement, sur la colline suivante, le paysage retrouve son charme.

Arrivé à Ezine, je me rends dans le centre pour trouver un endroit où déjeuner. Ce n’est pas ce qui manque d’autant plus que c’est l’heure de la pause. Je choisis au hasard. Comme le plat d’ailleurs. Je demande une carte mais tout est en turc avec une petite photo. Et le serveur ne parle pas anglais. Je choisis donc au hasard et le hasard m’amène une sorte de pizza avec des boulettes de viande servie avec une assiette de crudités. Ce sera parfait. De toute façon, je ne suis vraiment pas difficile et j’ai tellement faim.
Je repars repu et retrouve la D550. Je branche ma musique sur U2 et c’est parti pour la traversée de cette péninsule le long d’une 2*2 voies. Alors que je pensais arriver sur la mer, ce sont de nouveaux travaux de création d’un tunnel (comme hier en arrivant sur le traversier). La route se réduit à une voie et ça grimpe à 7% dans la montagne. De plus, la route est défoncée et le bitume fond avec la chaleur. Les poids lourds me rasent les miches. Un moment, ça ralentit sérieux. Un tracteur s’est mangé la barrièr

Je finis enfin par voir la mer au loin. Je double un poids-lourds puis descends à fond et arrive dans la ville au nom imprononçable et qui rapporterait son pesant de cacahuètes au Scrabble : Küçukkuyu.

Je me pose pour boire mon çay et regarder où je pourrais bivouaquer dans les environs. Comme d’hab’, 2 options se présentent à moi : soit je traverse la ville vers l’est en suivant la D550, soit je remonte un peu à l’ouest en suivant une petite route côtière. Je choisis la 2nde option. Depuis le café, je remonte en suivant une belle piste cyclable, m’arrête faire quelques courses, contourne un lotissement, continue sur cette route côtière et tombe sur le camping Yöruk Yasar’in yeri (selon Maps.me) en bordure de plage et de route qui est abandonné. « Tout se fera ! ». Je m’éloigne un peu de la route, planque le vélo, me change et vais me baigner. Au retour, je me change et me tape l’apéro : bière Efes Malt de 500ml et Salt yellow Chickpeas (que j’avais pris pour des noisettes sans mes lunettes).

Après toutes ces émotions, je dois avouer que je suis légèrement pompette. De toute façon, je ne bouge plus. J’ai même récupéré une chaise dans le café de bord de plage du camping également à l’abandon. Enfin, remettez à l’endroit si vous voulez. Tout cela pour dire que le fait d’être seul entraîne une plus grande liberté encore : liberté de choix, liberté de décision, liberté de se tromper, liberté d’aller à son rythme, liberté de manger ce qu’on veut, quand on veut (ou de ne pas manger), liberté de se taire, de ne pas avoir à parler pour ne rien dire, de ne pas appréhender les silences. Mais le prix à payer est celui de la solitude. C’est un choix assumé. Plus j’avance, plus je m’éloigne de tout. Je comprends le choix de Moitessier le navigateur, de faire demi-tour avec son voilier plutôt que de revenir dans le monde « normal ».
Résumé : 100kms, 6h20, 15,8km/h, beau, bivouac
Pas possible d’écrire Küçukkuyu au scrabble , il n’y a pas assez de K! Peut-être au scrabble truc😉