La nuit, sous air conditionné vu la touffeur dans la chambre, fût bien agréable. Ce matin, ce sont le cri des mouettes qui m’ont éveillé vers 6h du mat’. Comme je n’ai rien à ranger, ni à préparer, je trainasse. Par contre, le temps semble bien couvert. Je range mes affaires puis, vers 7h30, je descends déjeuner. Qu’elle n’est pas ma surprise de voir des trombes d’eau ! Il y a un groupe de jeunes sportifs qui font la queue devant le buffet. Je patiente et déjeune tranquillement. Une fois que l’orage est passé, je décolle vers 8h00 et quitte ce bel endroit.

Je reprends la route D300 qui longe la mer. Comme il n’y a pas de système d’évacuation d’eaux usées, les bords de route sont gorgés de flotte. Je fais gaffe, lorsque je veux éviter une méga flaque, en contrôlant avec mon rétro gauche vraiment indispensable. Puis à Güzelbahçe, je bifurque à gauche pour couper la péninsule qui mène à Cesme (arrivée des ferries en provenance de l’île ionienne de Chios) et emprunter la route 39-35 à 2*2 voies. La circulation devient mois dense à part que je croise de nombreux convois militaires. Étonnant. Hier déjà, j’avais constaté de nombreux vols d’avions en formation aux couleurs blanches avec l’empennage rouge. Et, ce matin, à la TV, j’ai vu des images de généraux passant en revue des troupes.

La route est agréable à travers de petites collines. Le temps est couvert. Le vent me pousse dans le dos. J’avance bon train. J’aperçois toujours des sitesi qui se construisent partout. Cela me fait penser à des ?? En Israël. Certaines de ces sitesi sont surveillées et clôturées comme celles-ci.

Je rejoins la côte. Les collines font place à des montagnes. Le dénivelé s’accentue. Ce matin, c’est aussi 50 nuances de gris : gris de la route, gris du ciel, gris du sable de la plage, gris de la mer.

Je passe devant un immense terrain militaire où des cibles sont dessinées à travers la montagne. C’est le Canjuer turc (le camp militaire varois juste derrière où habite mon grand frangin). Je ne prends donc pas de photo. Déjà que je me suis fait crier dessus quand j’ai pris le convoi … Un peu plus loin, je repère un café-restaurant devant un moulin, perché sur un éperon rocheux. J’y grimpe.

Je suis accueilli par un … dunkerquois dont les parents sont turcs ! Il se nomme Erdme, la quarantaine déjà fatiguée. Il me dit qu’il a commencé à travailler à 15 ans. Il a beaucoup bossé dans la restauration. Il loue l’endroit depuis un an avec sa femme qui travaille avec lui. Il a un fils de 13 ans et une fille de 15 ans. Mais il espère pouvoir rentrer chez lui dans le Nord et « travailler en usine » pour être tranquille. On discute entre 2 clients. A ce sujet, je lui pose la question de sa clientèle. Il me répond que beaucoup de villas (environ 800 dans les alentours) sont occupées le week-end et l’été. D’ailleurs, il m’apprend aussi que les prix de l’immobilier sont devenus excessifs, l’équivalent français alors que le salaire moyen n’est que de 500€ je crois. Je lui pose aussi la question sur les convois croisés. Il me dit que les turcs ont fait de grandes manœuvres pendant 2 semaines avec la marine, l’aviation et l’armée de terre. La route a même été coupée (donc plus d’activité pour lui). Et là, l’armée de terre rejoignait ses casernes. Je les quitte en leur souhaitant tout le bonheur du monde pour leurs futurs projets.

Je repars sous un gros orage et manque me casser la gueule dans la descente alors que la route est rendue glissante. Je reprends ma route en direction d’Efès. Vers 13h, je m’arrête à Ürkmes dans un restau en bord de route où pas mal de monde fait sa pause-déjeuner. Les bourgades traversés ne donnent pas vraiment envie de s’y installer …

Je choisis en fonction des photos. Cette fois-ci, je suis tenté par la fajita. Choix judicieux : c’est délicieux !

Au moment de repartir, le déluge tombe. Je commande un autre çay en attendant que ça se calme. Je repars. Je n’ai pas fait 500 mètres que ça reprend de plus belle. Je m’arrête sous un abri avec un papy qui attend le bus pour aller dans la prochaine bourgade pour acheter un nouveau pneu et un jeune occupé sur son portable.

L’orage gronde dans les montagnes. Je pense à mon ami Riri qui doit s’y rendre pour attaquer son Raid demain. La route devient presque impraticable à certains endroits. J’attends une nouvelle accalmie et me voilà reparti. Autant dire que je suis trempé malgré mon ciré jaune. Finalement, ça se calme et je repars à nouveau. Par contre, c’est la route qui devient difficile. Je me tape de grosses montées suivi de grosses descentes alors que a route est passé à 1*1 voie. Autant dire que je sers les fesses. Je profite quand même du paysage et de ces sitesi toujours aussi incroyables.

J’oubliais. J’ai enfin réussi à joindre Damien. Finalement, il n’est pas passé par Izmir. Il est à 10kms d’Efes qu’il va visiter aujourd’hui. Je devrais le retrouver demain. De mon côté, je continue mon p’tit bonhomme de chemin sur ces toboggans. Cette côte est à nouveau splendide et sauvage (ou Lycée de Versailles).

Après les toboggans, j’arrive dans le bac à sable et une grande plaine marécageuse où se trouve un noeud routier. Je m’arrête consulter ma carte. Il me faut de l’eau (aucune source ou robinet comme auparavant sur cette route) et quelques courses. Il y a un commerce indiqué en direction de Pamucak. Je m’y rends. C’est un büfe. Une petite boutique qui vend essentiellement des chips, des barres de céréales, des glaces, des cannettes et de l’eau. Mais j’y trouve aussi du fromage blanc et de la bière : une Tuborg gold 100% malt. Et oui, il n’y a plus de bière Efes juste à proximité de Efes … c’est un comble !
Je continue dans cette direction pour y trouver un bivouac. La plage est crade et les turcs y viennent en voiture pour y pique-niquer. Derrière la plage, il y a des espaces ombragés par des palmiers mais, avec les marais, je ne le sens pas (dans les 2 sens du terme). Je décide d’essayer de trouver dans la pinède au-dessus de Disneyland. Après une grosse montée d’1km à 8% (estimé au pifomètre), je trouve mon bonheur au bout d’un long chemin empierré. C’est une ancienne briquerie je pense. Parfait. Je ne devrais pas être enquiquiné par les voisins.

Demain, le site archéologique ouvre à 8h. J’en suis à 10 kilomètres pile-pool. J’essaierais d’y être à l’ouverture comme à Troia pour ne pas être enquiquiné par les cars de touriste. On verra bien … Je vais faire un tour de la propriété avant d’aller sous la couette. Cette ville est en fait un méga-complexe de Resort&Spa avec également un centre d’attraction aquatique.

Résumé : 100kms, 6h15, 16km/h, orageux, bivouac