J64 – mardi 14 juin – Datça / Örnekköy

C’est bien ce que je craignais en me couchant hier soir. Déjà qu’en dînant, j’ai commencé à être attaqué par les moustiques. La nuit fût pour le moins compliquée. Ces salopiots ont réussi à entrer dans la tente et le combat a été féroce. En plus, le gérant a eu la bonne idée d’allumer des guirlandes suspendues dans les arbres. Sans parler des chiens errants qui ont fait hurler les chiens de la ferme d’à côté. A 2h, j’étais déjà réveillé. J’ai réussi à replonger jusqu’à 6h. A 6h30, j’avais déjà plié les gaules.

J’ai décidé d’aller déjeuner en bord de mer à Datça. Cela m’oblige à faire un léger crochet pour descendre dans cette ville mais, paraît-il que ça vaut le détour. C’est un jeune boucher croisé sur le bateau qui me l’a conseillé. Effectivement, c’est un enchantement. Je me croirais dans une des îles des Cyclades : maisons blanches, enfilade de restaus aux tables blanches et bleues, baie splendide. Je m’installe sur un banc pour déjeuner devant ce beau tableau.

J’ai droit, en fond sonore, à du jazz accompagné du clapotis des vagues. Je recommande avant que cela ne devienne un Bodrum bis. Je récupè re ensuite la route D400 pour filer vers Marmaris. Cela part tranquillement en bordure de mer jusqu’au village d’Emecik qui s’éveille. Les paysages sont à nouveau magnifiques. Ce sont de petites baies qui s’enchaînent les unes derrières les autres. Les plaisanciers peuvent y mouiller sans crainte.

Par contre, la route rentre à l’intérieur des terres et cela commence à grimper. Au départ, c’est en bordure de mer. La vue y est magnifique sur les ilets. Mais cela ne dure pas. Je me retrouve en pleine montagne au départ sur la très belle route D400 …

… mais qui se trouve en travaux sur de nombreux kilomètres. Elle n’est pas fermée à ma circulation. Cela circule dans les deux sens avec les gars qui bossent sur le chantier. Par contre, à vélo, c’est limite.

J’arrive à sortir de ce chantier si je puis dire et descendre à plus de 60km/h sur la partie achevée en direction de Marmaris. Arrivé tout au bout de ce golfe où le bras de mer se termine à Hisarönü, je fuis l’endroit. C’est un rassemblement de 4*4 qui doivent débarquer des criques de la pointe de Marmaris, juste au nord de l’île de Rhodes, inaccessibles en voiture. Ils sont bondés de touristes en maillot de bain. Et il y a aussi des quads qui arrivent. Il est presque midi. Je file jusqu’au village suivant de Degirmenyani. Au début, j’avais juste prévu de prendre un çay et un çimit (rond brioché salé) mais finalement je déjeune sur place. J’ai trop faim après cette rude matinée.

Je reprends la route mais, plutôt que passer dans Marmaris, j’emprunte à l’ouest une magnifique petite route qui passe par le village de Yesilbelde. Je me retrouve sur ces routes isolées que j’adore, à travers la montagne et au revêtement incertain, mais avec très peu de circulation. Dans ce bourg sans âme et très étendu, un homme tient un stand de légumes et de conserves. Il bouquine. Il n’y a personne qui passe. Moment de solitude partagé. Je me fais à nouveau une razzia de mes fruits cueillis dans mes « arbres à mûres ». Il y en a des tout blancs et des rouges qui deviennent noires. C’est un délice mais pas pour les doigts par contre.

Je retrouve la D400 au niveau de lac de Kocaalan. Je me dirige vers la grande ville de Mügla mais je bifurque à droite vers Antalya en suivant toujours la route D400. Heureusement, c’est devenu plus plat. Le soleil tape fort dans le dos. Un thermomètre indique 34°c à l’ombre. Je suis cramé mais j’aimerais encore avancer un peu. Ce qui est terrible mentalement, c’est ce genre de route. Après déjà pas mal de dénivelé, vous espérez rouler sur du plat mais, au loin, vous apercevez les véhicules qui montent une bosse. Là, c’est un raidard à 8% pendant 1,2km.

Au village suivant à Kizilyaka, je m’arrête dans un café-restaurant qui à l’air « moderne ». La patronne me dit qu’elle reçoit la wifi. Je me pose et commande un nouveau çay. J’en profite pour faire le point et voir où je pourrais me poser dans ce no man’s land. Pour la wifi, c’est encore en panne. Pour la peine et la panne, la patronne m’offre la conso. Toujours aussi sympa. Je vais faire aussi quelques courses au market du coin.

J’aurais aimé aller jusqu’au lac Köycegïz mais c’est à une vingtaine de bornes et il est trop tard. Je me dirige vers le cimetière du petit village de Örnekköy que j’ai repéré à l’écart de la grande route. Je m’y dirige. A part une ferme assez proche, c’es tranquille. Je me pose. J’ai même deux robinets à moi tout seul pour me laver. Le grand confort après ma plus longue journée à vélo.

Résumé : 120kms, 8h10, 14,7km/h, chaud, bivouac

Une réflexion sur “J64 – mardi 14 juin – Datça / Örnekköy

  1. Petit exercice de maths : sachant que tu progresses vers l’est à 100km/ jour de vélo et moi vers l’ouest à 30km/jour en courant, quand allons nous nous croiser ?
    En tout cas, comme toi on a les moustiques et désormais la chaleur remplace les orages…
    Bonne route, sacré aventure que tu réalises là!

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