La fin de soirée a été marquée par l’arrivée d’une famille, avec jeune garçon et fille, qui a débarqué fort tard et s’est installée … juste derrière ma tente. J’adore les campings ! Ce matin, à 6h je suis réveillé et à 7h parti. Je laisse ma charmante famille intrusive roupiller, mon voisin ronfler après qu’il a passé sa soirée en charmante compagnie avec trois jeunes blondes Tuborg, le couple d’amoureux turc à la jeune femme aux mèches de bleues se câliner. Je retrouve ma route D400 et prends la direction d’Antalya.

A Enneköy, je bifurque à droite pour trouver une petite route. Comme je n’arrive toujours pas à recharger mon iPhone, je vais tenter de faire sans au maximum pour économiser les 60% de batterie restante. Je vais donc essayer de ne pas me paumer en passant par ces chemins de traverse. Je m’arrête dans ce village rural pour y boire mon premier çay de la journée. Des joueurs de carte sont déjà au boulot en ce jeudi matin.

Après une trop courte escapade sur cette petite route, je rejoins à nouveau la D400. Sur la gauche de la D400, il y a un nouveau contrôle de police. Dans beaucoup de sortie de ville, la 2*2 voies est réduite à une voie avec des plots et, au bout, se trouve un poste de contrôle. C’est soit la Trafic Polisi, soit la Jandarma. Hier, ils contrôlaient tous les véhicules dans le sens inverse de ma route. En quelques minutes, un embouteillage monstre s’était créé. Il y a aussi les contrôles de vitesse avec les radars « Ségolène » sur les portiques. Quant à moi, je ne suis pas trop concerné.

Je retrouve ma bande d’arrêt d’urgence et mes coups de klaxon pour m’encourager. D’énormes travaux sont à nouveau en cours dans ce secteur. La D400 est une 1*1 voie qui est en cours de passage en 2*2 voies. Il y a des chantiers sur de nombreux kilomètres. La route est agréable et traverse une immense vallée où les villages se suivent les uns, les autres. C’est une région de maraîchage notamment de tomates et de melons. D’ailleurs, il y a beaucoup de stands le long de la route. Je m’arrête à l’un d’eux où je peux aussi y boire un çay.

Ce stand est tenu par deux femmes (mère et fille ou frangines, je ne sais). La plus jeune, une belle jeune femme me pose beaucoup de questions avec son traducteur. J’en profite aussi pour manger un melon d’eau. Quant un Combi VW immatriculé en France (74) arrive. C’est un jeune couple auxerrois en vadrouille. Lauren, jeune femme blonde pétillante et bavarde et Lahcen, beau brun ténébreux plus réservé mais très sympa. Elle bosse à son compte sur Internet. Lui est dans le bâtiment. Ils sont partis pour 6 mois avec leurs deux chiens et ont suivi le même itinéraire que moi. Par contre, eux remontent vers le Cap Nord. J’aimerais bien mais cela va faire un peu, beaucoup … Nous passons un long moment à discuter autour de çay. Quant aux deux femmes, pendant ce temps, elle dépiautent un lapin renversé par un automobiliste.

Il est temps de se repartir chacun de son côté. Bon voyage les jeunes ! Je reprends ma route solitaire qui devient un peu plus montagneuse. Par contre, l’heure avance et je commence à avoir faim. Entre mes arbres à mûres et mes abricots picorés ici et là ainsi que ma moitié de melon d’eau, cela ne nourrit pas son cyclotouriste. Des panneaux indiquent un restaurant. Je les suis jusqu’en haut du village de Kinik et tombe à nouveau sur un restau ouvrier : poulet en sauce, riz et haricots blancs avec le verre de Coca-Cola, la salade de crudités et le çay offert. Et tout cela, pour la modique somme de 40TL (2,50€ !). Le fiston et la fille sont au service, la mère en cuisine et le père au four et au moulin. Et ça usine ! Sur la table du fond sont attablés des syriens.

Les batteries sont rechargées. Je peux repartir en direction de la mer et de Patara. Je pense y arriver plus tôt que prévu mais, en fait, ce n’est pas la mer mais un océan de serres. Après avoir rencontré le couple d’Auxerre, je tombe sur la vallée « aux serres » ! Par contre, je connais ma plus grosse frayeur depuis mon départ (hormis le vent). En bas de la descente, alors que je roulais à bonne allure, un taré me double avant de se rabattre pour tourner à droite. Heureusement que j’avais les mains sur les freins. J’ai dû passer à 30cms de sa bagnole. Il ne lui a rien manqué. Il s’est même fait klaxonné par d’autres automobilistes. C’est chaud parfois …

L’envers du décor des serres n’est pas terrible non plus. Peut-être ces mêmes syriens rencontrés au restau sont-ils hébergés dans ces baraques entre serre et fossé aux eaux pesticidées ?A

Arrivé au fond de cette vallée, je bifurque à droite en direction du site archéologique de Patara. Auparavant, je vais faire un tour sur la plage de Patara, l’une des plus belles de Turquie avec ses dunes de sable fin.


Le parking pour accéder à la plage est blindé. Celui pour le site beaucoup moins. Cette ville était un ancien port. La mer s’est retirée. Ne reste que les vestiges dont ce superbe théâtre.


Je retourne sur la route D400 et, comme je suis en fond de vallée, il faut à nouveau grimper un col et, ce, toujours en plein cagnard. Je double à nouveau un turc, mais en mode cyclotouriste chargé comme un mulet, qui pousse son vélo à l’ombre de la montagne. Le pauvre me fait peine. Je le salue mais il ne me répond pas. Une fois la bascule effectuée, je retombe sur la mer avec, à nouveau aussi, des paysages à couper le souffle. J’arrive à Karkan. Vu le dénivelé pour descendre au port, je continue ma route.

Après avoir passé cette ville, la route redescend presque au niveau de la mer et emprunte une corniche avec une barrière de sécurité tout le long. Après mes emplettes quotidiennes, j’aimerais bien me poser pour la soirée. Mais cette belle langue de terre bien tentante est occupée par un restaurant. Je dois continuer en direction de la ville de Kas.

Quelques kilomètres plus loin, je trouve une autre crique magnifique avec un restaurant sur la gauche de la route. Je m’arrête et avance sur la terrasse pour demander si je peux planter ma tente pour la nuit. Deux femmes blondes discutent avec un homme. Je m’approche. Elles parlent français ! Ce sont deux … auxerroises (véridicte) en vacances à Patara pendant 2 semaines. Elles sont venues l’an dernier pour l’anniversaire des 50 ans de l’une d’elle et ont tellement aimé l’endroit et les gens qu’elles sont revenues. Incroyable. Alors que le jeune serveur ne veut pas me laisser bivouaquer au risque d’être contrôlé par la police (toujours cette peur du flic omniprésente), l’homme turc qui accompagne les 2 femmes intervient. Finalement, c’est bon. Je m’installe derrière le restau au pied de la montagne et la mer en face.

Il est déjà tard. Je monte vite fait la tente, enfile mon maillot de bain et vais faire un plouf dans cette crique paradisiaque (je vous montrerai demain). J’ai même ma douche en sortant de l’eau. De retour au bivouac, ma bière Efes est encore fraîche. Quelle belle journée et que de belles rencontres à nouveau. Demain, j’espère que ce sera surprise …
Résumé : 110kms, 7h05, 15,5km/h, chaud, bivouac