Comme d’hab’, levé à 6h, parti à 7h. Par contre, je n’ai pas dormi où j’avais initialement prévu. En effet, alors que j’étais tranquillement installé, un homme est venu me demander d’intervertir nos abris. A part le banc et l’emplacement pour la voiture, ce sont les mêmes. Je ne comprends pas mais, après lui avoir mimé que je voulais dormir sur le banc, j’accepte en lui faisant comprendre que je vais dormir sur le banc. Lui me mime qu’à 10 heures ils partiront. Lors de l’appel de la dernière prière du soir à 10 pétantes, je me rapproche mais ils n’ont pas l’air de vouloir bouger d’autant plus que des amis les ont rejoints. Je leur dit ma façon de penser en quelques mots d’anglais : aucun respect, aucune parole, aucune confiance, mauvais musulman. Je n’ai plus qu’à partir plus loin planter ma tente à la frontale. Demain, je vous raconterais une mésaventure identique arrivée à Antalya il y a 22 ans.


Je reprends ma route D400 à la fraîche à l’ombre des montagnes. J’adore cette heure où tout est encore calme et serein. Je contourne l’immense lagon à la sortie de Demre et continue sur cette belle route en corniche. Je roule plaqueur du milieu pour amortir les petites bosses. La route est magnifique et le paysage également.

Des criques aménagées ou non invitent à la baignade et au farniente. Ce sera pour cet après-midi j’espère. Je continue tranquillement ma route jusqu’à la belle station balnéaire de Finike. Je m’y arrête pour boire mon çay dans une patisserie-café. Un couple de retraités français avec leur fille sont installés en face de moi. Je ne les calcule pas. Comme je capte la wifi, j’en profite pour télécharger l’Equipe. J’y apprends que le Stade a perdu sa 1/2 finale contre les castrais, leur voisin et bête noire. Décidément, il y a des années avec (l’an dernier avec les 2 titres) et des années sans (deux 1/2 perdues). C’est le sport. Je repars.

En voyant des jeunes, armés de sacs poubelles, nettoyer une plage après Finike, je pense à ces endroits (notamment Demre avec ses superbes espaces pique-nique) dégueulassés par ces salopards qui ne respectent rien, à ces connards qui balancent leurs bouteilles en verre (ou en plastique, métal, …) sur la route, à ces charognards qui balancent leurs détritus en pleine nature et, sans oublier ces politicards qui ne font rien pour arranger les choses (installation de poubelles, tri et ramassage des ordures, déchetteries, …). Comment peut-on être aussi irrespectueux de notre Environnement ? Cela me sidère. Alors après, il ne faut vraiment plus s’étonner d’avoir la canicule mi-juin à Bordeaux chez ma fille , des pluies diluviennes à Edmonton chez mon fils, des catastrophes partout. Les scientifiques nous alertent depuis des années. On y est. Faut pas pleurer.
Quant à moi, j’arrive sur mon p’tit vélo à Kumluca, dernière station balnéaire avec ses chalets en bois sur pilotis alignés comme à Gruissan (remember le début de « 37,2° le matin ») avant de couper la péninsule et rejoindre Olympos. Je longe l’immense plage déserte. Ça donne vraiment envie …

Et, comme un peu plus loin, je trouve une zone de baignade « surveillée » avec douches et cabines, je m’arrête me baigner seul au monde dans l’immensité bleue turquoise. Je prends un çay (en sachet) accompagné de délicieuses pâtisseries orientales, dans un bar de plage pas loin de l’abandon puis repars. C’est quand même plus cool de ne plus avoir cette « pression » que je me suis mis depuis 3 jours. Mais l’instant était tellement fort que je ne regrette nullement. Bien au contraire. Vincent fait partie de mes rares amis sur qui je sais pouvoir compter en cas de coup dur. Et vice-versa.

Après avoir traversé une nouvelle aire de serres, j’attaque le gros morceau de la journée avec le franchissement du col pour basculer de l’autre côté de cette péninsule. Effectivement, c’est un gros morceau d’autant plus que j’ai un autre gros souci avec la roue libre de ma roue arrière. Elle est en train de lâcher. Le symptôme est simple : dès que j’arrête de pédaler, la cassette se bloque et bloque aussi la chaîne. Quand je pédale, ça va. Quand j’arrête de pédaler, ça va plus ! Pour le moment, je me pose pour déjeuner dans un restaurant avec une superbe vue alors que je suis pratiquement en haut du col. Il n’y a personne. Pourtant je déjeune très bien : entrées variées, côtelettes de mouton avec accompagnement et café turc.


Après ce très bon repas, je repars mais pas pour très longtemps. En effet, je repère un coin-repos un peu plus haut à côté d’un autre restaurant. C’est une plateforme ombragée et ventée parfaite pour la digestion et pour un repos bien mérité après cette belle grimpette. Beaucoup de turcs (je n’ai pas dit de turques !) font la sieste dans ce genre d’endroits aménagés avec pouf et lit.

Après ma sieste de 30’, je finis de monter le col et attaque la descente en direction d’Olympos. Je suis obligé de pédaler sans arrêt au risque de bloquer la chaîne. Autant dire que je ne m’arrête pas pour faire des photos ou recharger la gourde. L’eau est chaude. Je fais avec. J’arrive à la bifurcation pour descendre les 11 kms jusqu’au site. Je me pose dans un café-restaurant où des minibus s’arrêtent. Je demande l’horaire pour le prochain qui va au site. Il est dans une heure. Cela me laisse le temps de démonter la roue arrière et vérifier l’étendue des dégâts. Hélas, c’est grave docteur. La roue libre est morte. Je fais un croix sur Olympos et recherche le vélociste le plus près. Il est à Kemer en bord de mer à 29 kms. Je n’ai plus qu’à descendre en mode fixie (en pédalant tout le temps).
J’arrive enfin devant le magasin repéré sur Map.me : définitivement fermé ! « Quelle merde à Kemer ! ». Et d’ailleurs, ma ville de départ Demre est l’anagramme de Merde. Incroyable non ! Il y a un market à côté où je vais faire mes courses. Puis je vais prendre un çay au café du coin, où ça joue aux cartes et aux dominos, pour faire le point. Il est 17h30. En discutant avec le patron, il va chercher un gars qui jette un œil au vélo. Je lui explique que c’est Kaput ! Il va chercher un papier et me dessine un plan avec autre magasin dans la ville. C’est parti. J’y vais.

Je tombe sur un superbe magasin EndurOBike. Le patron parle anglais et ses 2 employés turcs. L’un des deux prend les choses en main. La roue libre est bien foutue. Il faut changer la roue arrière ou la roue libre. Ils n’ont ni l’un, ni l’autre en stock. Le patron donne des coups de fil à droite, à gauche. Le mécano turc part. Quelques minutes plus tard, il revient avec une nouvelle roue libre qu’il remonte en refaisant le rayonnage en un temps record. Ça, c’est un truc que je ne sais pas faire.

Comme l’heure avance méchamment, je demande au patron s’il connaît quelqu’un qui pourrait me louer une chambre pour la nuit. Il m’indique un hôtel à quelques encablures du magasin. Après avoir réglé la facture et laissé un pourboire à Hassan pour son super boulot, je n’ai plus qu’à suivre la trace pour rejoindre un grand hôtel impersonnel mais avec une belle chambre avec SDB et à un prix très raisonnable. Une bonne douche, une bonne bière Efes fraîche, un bon dîner préparé avec amour, un superbe concert avec l’Orchestre Philhamornique de Vienne et une douce nuit de sommeil après cette journée « merdique ». Mais qui se finit très bien. « TOUT SE FERA ! »

Résumé : 95kms, 5h50, 16,3km/h, chaud, hôtel
C’est vraiment chouette que le bouclard local ait pu te changer le moyeux complet avec un nouveau corps de roue libre…
Surveille bien les tensions des rayons dans les jours qui viennent et n’hésite pas à les rééquilibrer, car ta roue arrière va drôlement travailler avec ce rayonnage neuf…
C’est drôle de voir sur tes photos plein de coins où nous sommes passés durant les transferts entre étapes… Bonne suite d’aventure !