J69 – dimanche 19 juin – Kemer / Termessos

Après la journée de « qué merde ! » d’hier, je décide de lever le pied en ce dimanche printanier. L’appel à la prière m’a réveillé avant 5h du mat’. J’ai voulu enregistrer l’appel suivant mais je ne l’ai pas entendu ou il a aussi fait grasse mat’ ? Je me lève un peu plus tard que d’habitude. Puis je descends prendre mon p’tit déj’ turc composé de crudités, fromages variés, œufs durs et simit accompagné bien sûr de çay.

Je pars ensuite vers les plages. La rue commerciale est super sympa avec un grand bassin en son milieu. Je comprends assez vite que cette station balnéaire et les suivantes sont (étaient) prisées par les russes au vu des panneaux en cyrillique. Il est clair que les grecs et les turcs morflent grave au niveau touristique entre le Covid puis la guerre en Ukraine. Cependant, les méga-hôtels 5* avec leurs plages privatisées ont l’air de bien fonctionner. Je dois aller tout au bout de cette longue plage pour pouvoir me baigner parmi les « sans-dents ». A ce sujet, merci François pour cette superbe sortie après tant d’autres et aussi merci d’avoir introduit le loup dans la bergerie. Après cela, il ne faut pas s’étonner de faire 2% aux Présidentielles et se faire bouffer tout cru, mais avec toutes ses dents, par La France Incisive !

Je quitte cette jolie ville de Kemer surplombée par le mont Tahtali surnommé l’Olympe Lycien qui culmine à 2.366m et est accessible en téléphérique. Je repars tranquillement en milieu de matinée par la D400 vers Antalya. Aujourd’hui, je vais être en « roue libre ». Maintenant qu’elle fonctionne à nouveau, et c’est quand même beaucoup plus facile et sécurisant de rouler ainsi, je m’y mets aussi ! Je poursuis mon bonhomme de chemin avec toujours la mer turquoise d’un côté et les flancs de montagne à pic sur ma gauche. Je traverse ainsi Beldibi et me pose à nouveau pour faire un plouf sur une plage de gros galets. J’arrive en fin de matinée dans l’immense baie d’Antalya.

Côté pile

Le fait de voir toutes ces habitations ne me donne qu’une envie : fuir ! J’admire une dernière fois l’immensité turquoise. J’ai bien fait de me baigner avant. Ce sera mon dernier bain et ma dernière vision de la mer avant un long moment. A l’entrée de la ville, je bifurque à gauche sur la route à flanc de montagne pour me diriger vers le site archéologique de Termessos perché à 1.600m dans les montagnes. Je vais prendre de l’altitude et du frais. Avant de partir dans la pampa, je me pose dans une boulangerie-snack d’un quartier résidentiel sans charme pour casser la croûte de simit.

« La vie ne fait pas de cadeau.

Et nom de Dieu, c’est triste Turquie le dimanche,

Avec ou sans Bécaud … ». (Jacques BREL)

Il me faut reprendre la route D400-secteur 09. À Toulouse, il y a la canicule. Mais ici, cela fait un moment que ça cogne très fort. Il doit encore faire 35°c à l’ombre. Heureusement, il y a un peu d’air qui vient de la mer … quand je suis dans la plaine. Forcément, cela finit par grimper. Et là, c’est le four complet. Et aucun endroit, bar ou restau pour me poser. Je suis encadré par des barrières de sécurité. Je roule tel un robot.

Côté face

Dans la montée, je remarque des cerises à terre et un sac pas loin. Je m’arrête. Dame Providence me fait cadeau d’un sac entier de cerises, prunes et abricots (que je ferais en confiture). Je fais un peu de place dans une sacoche et mets ce précieux cadeau au frais après avoir prélevé quelques cerises au passage.

Je continue ma route jusqu’en haut de ce col avec ensuite un gros carrefour multi-directionnel. Je prends la route D350 en direction de Fethiye en bord de mer où j’étais il y a quelques jours. Quelques kilomètres plus loin, je m’arrête dans ces endroits en bord de route que j’affectionne particulièrement. C’est une forte femme au regard noir, au tee-shirt rouge et à la main verte qui tient la boutique. En toile de fond, un reportage sur les inuits passent à la TV. Drôle de contraste.

Parenthèse sur le çay. C’est un peu l’équivalent du thé servi au Maghreb. Notamment lors de treks au Maroc, je me souviens qu’il y avait aussi ce temps sacré de la pause thé. Nous devions en boire presqu’une dizaine dans la journée. Là, c’est la même chose. Et, si vous finissez votre verre, le serveur vous en ramène un autre sans que vous demandiez. Au début, je ne comprenais pas. Et j’ai fini par percuter quand je voyais les verres repartir alors qu’il en restait encore un peu au fond. Fin de la parenthèse çay.

Je poursuis tranquillement ma route vers Termessos. Un panneau indique un point d’eau. Je m’y arrête. L’eau fraîche achetée en boutique devient chaude au bout de trente minutes. Et, vu la quantité que je bois dans la journée, heureusement que je tombe sur ces « sources ». Contrairement aux autres pays traversés depuis le début de mon périple autour de l’Europe, ici aucune stèle ne marque la mort d’un automobiliste, motocycliste, cycliste ou piéton. Je pense (il faudra le confirmer) que ces points d’eau sont des sortes de stèles érigées en l’honneur d’un disparu. Là, c’est un gamin qui se fait un plaisir de me remplir tous mes bidons à l’approche de mon futur bivouac.

En effet, peu avant 17h, j’arrive à l’entrée du Parc National de Termessos et du mont Güllück. Il ferme à 17h30. Je demande au gardien si je peux planter ma tente à l’entrée mais ce n’est pas possible. Il m’indique un café-restau-camping à 800 mètres. Je m’y rends. Je tombe sur Hamed un jeune turc débrouillard qui, avec son traducteur et son anglais scolaire, essaie de me faire comprendre qu’il n’y a que des chalets à louer et qu’il me faut aller dans un autre camping pour planter ma tente. Il m’offre un çay. Je lui achète une bière. Ce jeune doit effectuer son service militaire (soldier) pendant 6 mois avant de partir aussi en voyage. Vu comment il se débrouille, ça devrait le faire. Je pars dans la pinède pour trouver un emplacement et me poser pour la soirée.

J’allais oublier de vous conter l’anecdote sur Antalya. J’y suis donc déja venu il y a de cela 22 ans. A l’époque, je vivais avec Hélène la voileuse et maman de Titouan âgé d’à peine un an. C’était son premier voyage à l’étranger et nous, nos premières vacances depuis se venue au monde. Nous avions réservé une semaine hors saison dans ces fameux grands hôtels en bord de mer qu’affectionnent, entre autres, les allemands pour picoler et bronzer puis bronzer et picoler. Bref. Nous avions pris le bus pour aller visiter la vieille ville. Installés à l’extrémité d’une grande terrasse d’un café, nous commandons des boissons. En poche, je n’avais qu’un gros billet de 1.000 TL de l’époque. Le serveur nous apporte nos consommations. Je lui demande l’addition et lui donne mon gros billet avec un mauvais pressentiment. Il revient, pose la monnaie sur la table et se barre vite fait. Je vérifie rapidement et me rends de suite compte qu’il ne m’a rendu la monnaie que sur 100 TL ! Je lui cours après, l’interpelle, lui montre. Il fait semblant de ne pas comprendre. Esclandre. Je vais voir le patron qui ne parle que turc. (Cela n’a pas beaucoup changé). A une table, un allemand parlant français me demande ce qui se passe. Je lui explique. Il a l’air surpris. Me dit que ce n’est jamais arrivé. C’est parole contre parole. Je vais revoir le gars et lui fait comprendre par geste que son Mahomet là-haut l’a vu faire et qu’il sera puni. Fin de l’anecdote qui m’avait laissé un souvenir mitigé à l’époque de la Turquie (du très peu que j’en avais vu évidemment). Mais, avec l’expérience, je ne donne plus de gros billets non plus sans être en face à face avec la personne. Fin de l’anecdote et de la soirée.

Résumé : 65kms, 4h10, 15,5km/h, chaud, bivouac

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