J71 – mardi 21 juin – Ahirtas / Yukari Gökdere

Aucun chien qui aboie. Aucun muezzin qui appelle à la prière. Aucun soleil levant. Aucun coq qui chante de bon matin. Aucun bruit. Je me réveille vers 6h30, plie le campement, déjeune tranquillement assis sur ma chaise, me prépare et reprends la route 1h plus tard. C’est immuable. Je retrouve ma route montagnarde. Je ne traverse que quelques hameaux où les femmes s’activent aux tâches domestiques et jardinières.

La route est bien défoncée et compliquée. C’est à nouveau une succession de petits cols à monter et descendre. Mais le paysage est tellement beau que cela passe.

Deux heures plus tard, j’arrive au village de Kocaaliler. Je m’y arrête manger un simit et boire un çay à 2 TL. Je m’installe sur la grande place du village. Le thé n’est pas encore prêt. Tout est calme. Comme moi, d’autres hommes patientent. Un troupeau de chèvres, mené par une bergère, traverse la place. Un papy s’installe en contre-jour devant le drapeau turc. La vie s’écoule paisiblement loin du bruit du monde.

Je vois passer une Renault 12 TL. Alors qu’en Grèce le véhicule rural était le pickup japonais, ici c’est la Renault 12 SW Toros. J’en vois partout. Sans parler des motos, mobylettes et scooters sur lesquels circulent jusqu’à 3 personnes.

Je reprends ma route montagneuse et sinueuse avant de redescendre dans la vallée pour rattraper la route D685 AntalyaIsparta. Elle longe d’immenses lacs et réservoirs à la couleur vert émeraude. La circulation y est plus dense que sur ma petite route. Là, ce sont des longues montées de 2 à 3 kms qui précèdent de longues descentes. Le vent s’est levé et je l’ai dans le nez.

Vers midi, alors que les rares villages traversés n’offrent pas de restauration, je m’arrête en bord de route. L’endroit est occupé par une famille avec l’aîné au service, le papa en cuisine, la maman à la lessive et le petit dernier à faire trempette. Je déjeune d’un tost kudsuk (pain turc coupé en 4 toasté à la saucisse). Je profite du banc et du vent pour faire une bonne sieste avant de repartir toujours sous la chaleur. Pendant ma pause déjeuner, je n’ai vu aucun autre véhicule s’arrêter. Je ne sais pas comment cette famille fait pour (sur)vivre.

Les montagnes rapetissent et se transforment en pain de sucre. Je continue ma remontée vers le nord. A une trentaine de kms d’Isparta, je bifurque au nord-est vers Egirdir et son immense lac par la route 32-26. Je traverse un torrent qui, pour une fois, n’est pas à sec.

Je retrouve une petite route de montagne qui longe un autre torrent en contrebas. Dès que la route est au même niveau, je m’arrête, jette un œil et décide de me baigner. Il y a une belle piscine sous le gros arbre au fond à droite. Je me fous à loilpé et à l’eau pépé. Waouh !!! Elle est beaucoup plus fraîche que la mer. Par contre, cela me permet de refroidir mes 4 réacteurs nucléaires : mollet1, mollet2, cuissou1 et cuissou2. Et j’ai ô combien bien fait !

Je me tape en effet une montée de col à +8% pendant 1h15. Cela n’en finit pas. Quand le vent s’engouffre, je me dis que j’arrive à la bascule. Et ça regrimpe derrière. Une fois, deux fois, trois fois. J’alterne les séances en danseuse puis le cul sur la selle pour faire baisser le rythme cardiaque. Cependant, à 17h, alors que je suis en plein effort, j’entends le muezzin qui appelle à la prière. Le chant raisonne dans toute la montagne. C’est carrément magique. Et également bon signe. Quinze minutes plus tard, j’arrive au village de Haymana. Malheureusement, il n’y a aucun commerce sinon je me serais posé là tellement la vue est magnifique. Sur la droite de la photo, la montagne en blanc est une carrière de marbre. J’ai croisé quelques camions chargés de gros blocs.

Si je veux trouver à manger, il faut que j’aille jusqu’au village de Yukari Gödzeke à 14 bornes. C’ est reparti vent dans le pif. J’arrive sur un plateau planté d’arbres fruitiers. Je ne peux résister à l’appel de la cerise ! Puis je traverse un canyon alors que je suis sous le lac Kavala que je ne verrais pas. Je descends à nouveau et retombe sur une plaine fruticole. Je poursuis péniblement ma route jusqu’à l’entrée de ce village où se trouve une station servie et un restau. Vu l’heure plus qu’avancée, je décide de dîner ici. Je me pose et commande des köfte pour 45TL (2,60€). Cela ne vaut vraiment pas le coup de m’enquiquiner faire des courses …

Pour le bivouac, cela va être à l’arrache ce soir. Je prends le premier chemin qui part dans les plantations et je me pose au milieu d’une rangée de pommiers. Et le pommier qui rigole, j’en fais de la compote ! Au moins je serai à l’abri du vent. Une tisane, quelques biscuits et au dodo. A ce sujet, j’ai sorti hier soir mon duvet. Ça caille la nuit à la montagne. Je note aussi la moyenne hallucinante de la journée : la plus petite depuis mon départ et certainement le plus gros dénivelé. Mais quel spectacle m’a encore offert Dame Nature …

Résumé : 90kms, 7h25, 12,1km/h, chaud venté, bivouac

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