J72 – mercredi 22 juin – Yukari Gökdere / Yagcilar

Le vent a soufflé toute la nuit. J’ai bien fait de m’abriter sous cette pommeraie. Je n’ai entendu que les canons pour éloigner les oiseaux. J’émerge vers 6h00, plie le campement et trouve une maison abandonnée avec une terrasse à l’abri du vent pour déjeuner. Puis je repars à travers cette gigantesque pommeraie.

La route est rectiligne en faux plat montant. Le bitume ne rend pas. Le vent souffle fort. Le destrier peine à avancer à 13km/h. Les cerises m’appellent. La montagne de marbre saigne.

Les ressources se font piller. L’Environnement se fait violer. La Biodiversité se fait éliminer. L’Homme se fait meurtrier.

Après 20 kilomètres à travers Apple Land (le nom d’une pommeraie), j’arrive enfin à Egirdir et son immense lac.

Je me pose dans un café où je trouve enfin de la bonne wi-fi. Puis je pars me balader dans cette jolie ville en bord de lac. Le marché s’installe. Le réparateur de vélos (et loueur de quads) a du boulot pour un moment.

Je prends la direction de Konya, conseillé par le Routard dans ses incontournables turcs, qui se trouve à 200 kms plein est, en contournant le lac et empruntant la route D330. Le spectacle de ce lac vert émeraude est superbe. La circulation est tranquille.

Le long de ce lac se trouvent aussi des producteurs de fruits qu’ils vendent dans de petits stands. Je m’arrête à l’un d’eux pour acheter 500g d’abricots. Au moment de payer, le couple de vieux refuse. Je ne comprends pas trop. Un homme muet arrive et me tend 3 courgettes à fleur. Puis il me dit de prendre des cerises et me lave le tout. Incroyable ! Je repars avec un sac empli de fruits et légumes.

Je continue mon tour de lac. Je m’arrête dans le premier restaurant trouvé. Je commande de la perche (qui j’espère a été pêchée dans le lac). Je me régale d’autant plus que la vue est splendide.

Je repars mais pas pour longtemps. En effet, je trouve à l’écart de la route un abribus avec un banc où je peux pouvoir siester. Trente minutes plus tard, c’est reparti. Je quitte le lac et, comme par enchantement, le vent s’estompe. Les reliefs s’adoucissent. Je continue mon chemin alors que les plantations fruticoles font place à des champs céréaliers. L’après-midi s’écoule tranquillement. Avant 17h, je quitte la route principale pour rejoindre le village de Madenli et y faire mes emplettes pour le dîner. Je trouve un market. Le patron parle quelques mots de français. Je fais rapidement le tour du magasin. Un vieil homme bien sapé (pantalon gris en flanelle, chemise et chaussures noires … ce qui détonne dans le coin), me salue dans un français impeccable. Le patron est allé le chercher pour nous servir de traducteur. Il nous invite à boire le çay. Je reste un long moment à papoter avec ces 2 hommes fort sympathiques. J’apprends que le vieux monsieur, prénommé ??, a vécu 30 ans à Oyonnax. Il travaillait dans les usines de plastique. Il voulait m’inviter chez lui mais sa femme est souffrante. Dommage … Il me faut repartir.

Je suis les conseils de Ömer et me dirige vers Yalvaç pour aller visiter le site archéologique de Antioch Pisidia. Je traverse quelques bourgades où je remarque ces maisons construites en brique de torchis avec une avancée en bois. Je recherche aussi un endroit pour bivouaquer. Alors que je roule tranquillement, je sens à nouveau un flottement à l’avant : nouvelle crevaison lente ! Ces pneus Vitoria de chez Décathlon ne valent rien. Je regrette mes Schwalbe Marathon Plus. Je dois trouver rapidement un endroit pour me poser et réparer alors que je suis en plein village. Je prends au pifomètre en m’éloignant au maximum du village et finis par tomber à l’orée d’un champ de luzerne. Je n’ai plus qu’à monter la tente, réparer la crevaison en remplissant d’eau mon Tupperware pour repérer le trou, me laver et dîner. Je me rends compte à ce moment que j’ai oublié le pain sur le comptoir trop occupé à faire mes adieux. Ce sera sans pain.

Fin de journée compliquée !

Résumé : 90kms, 6h20, 14,2km/h, beau venté, bivouac

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