Réveillé aux aurores par le premier appel à la prière à 5h du mat’. Le muezzin a d’ailleurs poussé la sono à fond ! Après, alors que j’essaie de me rendormir, ce sont les chants des oiseaux qui m’en empêchent. Je reconnais le croassement des corbeaux noirs et gris. Par contre, je ne sais pas quel oiseau fait une espèce de bruit de mitraillette ? Je me lève, cherche mais ne trouve pas. J’appelle un ami blagnacais de ma liste municipale Ecosol et adhérent à la LPO. Pascal ? Si tu sais … Pour info transmise par notre érudit en biodiversité, les tortues prises en photo en Grèce sont des tortues d’Hermann en voie de disparition à cause de l’Homme. Ce matin, il fait frisquet. Je sors mon coupe-vent. Cela faisait un bail. Avant 7h, je prends la direction de Yalvaç.

En traversant cette ville encore endormie, j’immortalise cette mosquée en pierre et au minaret en brique. Je monte la colline pour arriver au site archéologique de Antioch Pisidia. Il n’y a aucun horaire d’ouverture. Zut ! Comme il est à peine 7h30, je n’ai pas envie de trop poireauter. Je commence à faire le mur au moment où le gardien arrive. Il me fait comprendre que le site n’ouvre qu’à 9h. J’ai beau insister pour essayer de rentrer avant l’heure en acquittant mon ticket à 15TL, il ne veut rien savoir. Tant pis. Je redescends en ville pour prendre mon p’tit déj’ sur une table et au soleil. Puis je reprends la route bucolique D320 dont le décor semble un camaïeu de vert sur fond bleu.

Par contre, je ne traverse aucun village. L’heure du çay approche. Je rejoins la route D330 empruntée hier. La jonction de ces 2 routes donnent la D695 … alors que cela devrait être la D650 (D320+D330). J’arrive dans la ville fantôme au nom imprononçable de Sarkikaraagaç. J’essaie de trouver le centre ou, au moins, un commerce. J’erre dans de larges rues aux maisons individuelles. Mais aucun café, aucun commerce. Tant pis n°2. Je repars sur cette 2*2 voies à la circulation très fluide. Le vent me pousse dans le dos. Le paysage a changé. Ce sont maintenant des vallons dénudés qui se succèdent. J’avance bon train.

Alors que j’arrive au sud du lac de Beysehir, au moins aussi grand que celui d’hier, je bifurque à gauche sur la petite route vallonnée 42-81. Je traverse à présent des plantations de fraise avec les inévitables stands en bord de route. Je m’y arrête pour en acheter quelques unes. Elles sont délicieuses.

Comme je ne traverse aucun village et qu’il est l’heure de recharger les réservoirs, je fais un crochet vers la ville de Hüyük. Je me pose dans un restaurant en plein centre. A l’entrée, le patron me propose de goûter les plats proposés ce midi. Je prends le mijoté d’abats avec riz et ratatouille. Et, en plus, le serveur m’amène quelques hors d’oeuvre au cas où … À part le ramequin de piments jaunes, toutes les assiettes repartent vides. Je vois au visage des serveurs défilant devant la table (ils sont au moins 6 ou 7) qu’ils sont estomaqués (c’est le cas) par mon appétit d’ogre. Après deux çay, je peux repartir la conscience tranquille (et le ventre bien rempli).

Je sors du restau à la recherche d’un éventuel magasin avec wifi quand je vois un monsieur sortir d’une ruelle avec un sac contenant des pièces vélos et un pneu à la main. Je pars dans sa direction et tombe sur un atelier encore moins spacieux que le mien. Pour le trouver, il y a marqué bicyklet sur un mur. Pas évident à trouver. Un jeune homme vêtu d’une chemise à manche longue, d’un pantalon et de chaussures de ville officie. Je lui fais comprendre que j’ai besoin de regonfler mon pneu avant, et, également, d’un kit anti-crevaison. Et tout cela sans parler ni anglais, ni turc ! Avec les gestes et le traducteur iPhone, on arrive à se comprendre entre gens du métier (hhhmm …). Forcément, il me pose pleins de questions auxquels j’essaie de répondre. Avant de partir, sa maman m’offre un pot de confiture d’abricot (et un pot de cornichons et ails que je ne peux accepter faute de place). Incroyable !
Avant de reprendre la route, je trouve un banc ombragé et siestou. Je retrouve ensuite ma route 42-79. Nouveau changement de décor. J’arrive dans une zone de plateaux montagnards. A part quelques pâturages, c’est le néant. D’ailleurs, je surprends des vaches la tête fort occupée. Je connaissais l’expression « Les cochons sont dans le maïs » mise en exergue par Pierre Salviac lors de matchs de rugby. Il faudra maintenant dire « Les vaches sont dans les blés ».

J’enchaîne la traversée de plateaux séparés par de légères barrières rocheuses. La route est belle et calme. Le vent me pousse légèrement dans le dos.

Cependant, l’heure avance et je n’ai toujours pas traversé un seul village. Alors que je passe au-dessus de celui de Yenidogan, je rebrousse chemin pour demander à un jeune en panne avec sa moto Yamaska s’il y a un market dans ce village. Il me confirme qu’à 2 kms, je trouverais. Je descends donc. J’arrive pas très loin d’une des mosquées et interpelle un monsieur et sa femme devant leur maison. Il m’indique le magasin juste en-dessous sur la place et me propose de venir boire un çay après mes courses. J’achète de quoi faire mon dîner et repasse chez ce monsieur.
Nous passons la fin de l’après-midi à discuter devant le thé et un pain olivé au fromage que sa femme a préparé (mais que je ne verrais pas). Il s’appelle Mehmet Ertürk. Il est âgé de 65 ans et est aussi à la retraite. Il a 3 fils : un vivant à Rotterdam, l’autre à Chambéry (c’est pour cela qu’il parle quelques mots de français) et le 3ème à Konya où je me rends. Celui-ci a deux garçons qui sont avec nous. Heureusement que nous avons nos traducteurs pour essayer de converser. De plus, je peux me connecter sur sa wifi pour publier mon dernier article. Malheureusement, le temps passe et il me faut prendre congés afin de trouver un bivouac. Je pars dans la montagne en face le village et déniche facilement un endroit pour planter ma tente.

Ce soir, le dîner sera frugal et composé d’un yaourt mélangé avec mes fraises (citek) de ce matin. Il est déjà 20h30 et la nuit tombe. Il est temps de regagner mon igloo après cette nouvelle belle journée avec de magnifiques paysages et de surprenantes rencontres.
Résumé : 105kms, 6h45, 15,6km/h, beau venté, bivouac