Ce matin, je fais grasse mat’. Cette nuit, j’ai mis la capuche de mon duvet sur la tête pour me protéger de la luminosité vu que les volets ont disparu. Et je n’ai pas vu le jour se lever. J’émerge vers 7h15. À 8h00, je quitte ma maisonnette et reprends la route.

Quelques kilomètres plus loin, je passe devant la prison en fin de construction d’Aksaray. Elle est immense.

Puis je traverse cette grande ville moderne aux nombreux immeubles neufs et aux grands boulevards. Quelle contraste avec les bourgades campagnardes ! La route se scinde en deux. Une qui monte vers Ankara et la mienne de D300 qui file vers Neysehir. Beaucoup de véhicules et poids-lourds filent sur la capitale. Je sors de cette ville par une longue montée. La ville est bâtie au pied du mont Fuji et de cette colline.

Le paysage change à nouveau. La longue plaine monotone fait place à des collines. Je vais devoir à nouveau jouer du dérailleur. Par contre, les nuages reviennent et la température baisse. Je renfile mon coupe-vent. Je bifurque vers Saratli pour visiter un village sous-terre. Auparavant, je me pose à la boulangerie du village. Le patron m’offre un çay et un simit en sus de ceux commandés.

Je vais ensuite visiter les maisons troglodytes à la sortie du village. Évidemment, il ne faut ni être claustrophobe, ni géant. Malheureusement, je tombe avec 2 cars de touriste : un polonais et un russe. J’ai confirmation en demandant à l’un deux. Sur le coup, j’ai un peu les boules.


A la sortie, des femmes tente de vendre des poupées confectionnées à la main. Les groupes de touriste passent rapidement en baissant la tête. Quant à moi, je ne baisse pas la tête mais je n’achète rien faute de place dans mes sacoches. Je reprends la route en passant par de petites routes pour rejoindre la D300. Je traverse, ou aperçois au loin, des bourgades paysannes qui semblent bien pauvres. Certaines maisons sont d’ailleurs encore en torchis. J’entrevois aussi dans une cour une jeune femme, aidé de son frère, qui trait ses brebis à la main.

Je vois aussi beaucoup d’hirondelles et d’autres oiseaux dont je ne connais pas le nom. Cela me fait penser à l’oiseau qui m’a réveillé au son d’une mitraillette il y a quelques jours. D’après mon expert biodiversité Pascal, il s’agirait d’un engoulevement d’Europe. Son chant est comparé au bruit du solex … ou de la mitraillette.
Alors que je rejoins le village de Akmesar, je sens à nouveau le vélo qui flotte. Décidément, dès que je roule sur de petites routes, je me prends des crevaisons lentes mais je ne sais pas sur quoi. Je m’arrête au village pour réparer. Un gamin, occupé à laver le linge et les tapis à un point d’eau avec sa mère, s’approche. Je l’embauche pour m’aider. Il voudrait essayer le vélo mais il est un peu pitchoune. J’arrive à comprendre qu’il s’appelle Besiktas. Il est curieux de tout notamment de ma tablette. je lui tire le portrait et il se fait un grand plaisir de tirer le mien.


Une fois cette 5è crevaison réparée, je rejoins la D300 au niveau d’un noeud de circulation avec l’autoroute O21. À vélo, évidemment, rien n’est prévu. Je retrouve la circulation qui va croissante en approchant des grandes villes. Comme je ne trouve aucun restaurant et vu l’heure tardive, je m’arrête pique-niquer dans une station-service. Il me reste un morceau de pain et de la saucisse complétées par des arachides et des gâteaux secs. Je repars avec la musique dans les écouteurs pour m’évader. Je continue ma remontée dans ces paysages sauvages. Je passe à nouveau à côté d’un caravansérail perdu dans les steppes.

En milieu d’après-midi, je me pose à nouveau dans une autre station-service pour faire le point. Le ciel devient menaçant. La motivation pour un nouveau bivouac n’est pas très forte d’autant plus que j’aimerais arriver à Nevsehir ce soir. La douche chaude et le lit moelleux me tentent aussi. Alors que je consulte mes sites de réservation, Booking ne propose rien contrairement à Airbnb, un homme s’approche et me propose de partager un çay avec sa famille. J’accepte avec grand plaisir. Ils viennent de Bursa au sud d’Istanbul et sont sur le chemin des vacances … en Cappadoca où ils vont camper. Lui se nomme Ferhat, sa femme Yasemin, leur ainée Bersu et la petite rose Alya. Bersu, jeune étudiante qui aimerait devenir dentiste, parle anglais. Elle fait la traduction ce qui est bien pratique pour échanger. Je partage avec eux le thé, le pain aux fromages, le gâteau fait maison et de la boisson aux cerises Organik également maison. Un délice. L’heure tourne et je dois hélas reprendre ma route après avoir réservé une chambre à Nar, un village proche de Nevsehir. Merci à tous les quatre pour ce beau moment de partage.

J’arrive enfin dans cette ville que je vise depuis pas mal de jours. Je branche mon GPS sur ma destination et arrive dans ce village de Nar. Qu’elle n’est pas ma surprise de déjà voir des maisons « cappadocienne ». C’est effectivement impressionnant.

Je finis, non sans mal, par trouver mon hébergement. En effet, c’est un dédale de ruelles qui grimpent sur la falaise. A un moment, je me plante de ruelles et me retrouve devant une côte à 15% ! Cela promet demain … Je suis accueilli par deux jeunes hommes et leur maman qui m’offre le çay évidemment. L’endroit est tout simplement magnifique : terrasse donnant sur le village, chambre aux murs de pierre, au sol en marbre, plafond en bois et à la déco sobre. Et pour 21€ !

Je sors pour essayer de trouver un endroit pour dîner mais il se met à tomber des gouttes. Et, comme j’ai bien très mangé cet après-midi, je me contenterai de céréales avec le reste de ma confiture d’abricots et je profiterai de ce bel endroit. Par contre, des orages sont annoncés pour demain soir.
Résumé : 95kms, 6h00, 15,8km/h, couvert venté, hôtel