Réveil à 7h30. Départ à 8h00. P’tit déj’ dans la première gargote venue à 8h15. On se prend une délicieuse salade de papaye, soja, cacahuètes, tomate, œufs, crevettes. Et avec vue sur mer et sur Crocodile Island en sus. Quant à cette nuit, papy Nico s’est levé 4 fois pour se soulager la vessie. De mon côté, je tiens encore toute la nuit. C’est dur de vieillir … Je me moque mais ce n’est pas vraiment très charitable de ma part connaissant les petits pépins de santé de mon pote. « Mais, qui aime bien châtie bien ! » comme dit Maxime.

Nous prenons ensuite la route en direction du port de Chumphon pour voir si on peut attraper un ferry pour l’île de Ko Pha-ngnan. Nous longeons la mangrove qui mange toute baie de Ban San Siam.

La brume de chaleur enveloppe cette petite baie fermée qui laisserait presque croire que de multiples îlots sont au large. D’ailleurs, perso, j’adore cette photo. Elle me fait penser à la chanson de Maxime Le Forestier « Comme un arbre dans la ville … perdu entre béton et bitume ». Là, ce serait plutôt « Comme un arbre dans la mer. Perdu entre eau et terre. … ».

Pour le moment, nous pédalons à l’ombre comme ce buffle en bordure de plage. Toutefois, contrairement à ce beau bestiau, nous sommes en totale liberté, attaché ni par le museau, ni par la queue, ni par les c…. J’espère que les poètes apprécieront ce trait d’humour grivois.

Après une pause café où j’arrive enfin à commander un vrai café noir alors que Nico se retrouve avec un thé glacé sucré et crèmé (tout ce qu’il adore), nous repartons sur nos montures. Nous pédalons tranquillement en devisant sur la route Thaïland Riviera (rien que ça !). Nico m’alerte alors sur la présence d’un pickup dans une cocoteraie, un singe en hiver sur le capot.

Notre intuition était bonne. Ce sont bien des macaques qui sont dressés pour aller faire tomber les noix de coco vraiment très haut perchées. Ce singe est attaché à une longue laisse alors que son maître le guide à la voix. Pour les anciens, cela devrait vous rappeler la marque de tourne-disque « La voix de son maître ». ????

Nous restons à distance respectable de ce « spectacle ». En effet, il ne faudrait pas se trouver au-dessous de la coco quand elle tombe au sol dans un bruit mat. La coco doit faire bobo (je confirme) et et, après, gros dodo. Bravo l’artiste …

Nous reprenons notre route et, vers 12h30, nous arrivons à l’embarcadère de Pak Nak Chumphon. Le hall d’accueil est fermé jusqu’à 15h. Nous arrivons quand même à distinguer le panneau des départs. Pour notre île, il n’y a qu’un seul bateau à 7h du mat’. La traversée dure 4h15. Le prix serait de 900THB (24€) par personne. Quant aux vélos ?

Nous décidons d’un commun accord de continuer notre route jusqu’à Surat Thani plus au sud où un autre port dessert cette île. Les cocoteraies sont toujours aussi verdoyantes et les vaches aussi grasses.

Nous contournons ensuite la baie de Ban Lep Karok à l’intérieur des terres vu qu’aucune route ne suit la côte. Les cocotiers ont fait place à d’autres plantations qui nous intriguent fortement. Les troncs sont couverts d’épiphytes. Les feuilles ressemblent à celles d’un cocotier. Les fruits sont comme une énorme mûres et sont présentes dans en grappe à la naissance des feuilles. Il s’agit en fait de palmiers à huile pour fabriquer la controversée huile de palme.

Nous croisons d’ailleurs de nombreux side-cars, pickups, camions chargés de leurs précieuses récoltes. Ces fruits sont déposés, après pesage, chez un grossiste. Nous assistons au déchargement d’un site-car. L’homme à gauche est cagoulé, non pas parce que c’est un travailleur clandestin, mais tout simplement pour se protéger du soleil. Nombre de paysans travaillent ainsi dans les champs.

Ces plantations sont en train de progressivement prendre la place des cocoteraies, bananeraies et autres cultures locales. Sans parler de la déforestation intensive, comme c’est aussi le cas en Amazonie (merci M. Bolsonaro-le-facho). Cela doit rapporter beaucoup plus. Il n’est qu’à voir le véhicule et l’habitation d’un propriétaire d’une de ces plantations. Pour en savoir plus : huile-de-palme-en-thailande

Vers 12h30, nous nous arrêtons dans une gargote à un croisement de routes. Toujours le même étonnement de nous voir débarquer. Nous déjeunons d’un excellent Pad Thaï. Après cet excellent plat suivi d’une banane offerte, nous trouvons une maison vide pour héberger notre sieste. La planche est dure mais, au moins, je ne me fais pas piquer par les bestioles sur l’herbe.

Au réveil, mon GPS nous emmène ensuite sur de petits chemins ombragés dans les montagnes. La fraîcheur y est bienvenue. Malgré les nuages qui obscurcissent quelque peu le soleil, la chaleur est toujours aussi pesante.

Au détour d’un sentier, nous croisons une vieille femme qui part au champ la serpe à la main. Elle doit se demander ce que deux farang à vélo peuvent bien faire sur ce chemin. D’ailleurs, il ne doit pas y avoir beaucoup de touristes dans le secteur. En effet, nous sommes salués d’un grand « Hello » accompagné de charmants sourires à chaque rencontre.

Après nos pérégrinations à travers chemins et petites routes bétonnées, nous retrouvons la Scenic route. Il est temps de faire notre pause-fruit. Aujourd’hui, ce sera ananas épluché consciencieusement par la fille de la patronne. On se régale.

Cependant, il faut bien avouer que l’épluchage d’ananas et la vente d’œufs rapportent certainement beaucoup moins que le commerce d’huile de palme. La pauvre demeure, qui se trouve juste derrière le comptoir de la patronne, en atteste.

A ce sujet, nous avons remarqué que, dans beaucoup de baraques, le linge était simplement suspendu dehors par faute de place certainement à l’intérieur. Contraste toujours aussi saisissant entre ces 2 mondes qui se côtoient. En redescendant vers le front de mer, je m’arrête pour photographier cette maison en bois sur pilotis typique de cette région.

Après un dernier coup de cul, nous entamons enfin la descente vers la baie de Pak Talo, terme de cette longue étape de près de 100 bornes. A l’entrée de cette bourgade portuaire sans aucun charme, nous repérons un resort. Je me renseigne sur le prix des bungalows avant d’aller prospecter en ville. Aucun autre hébergement. Malgré les apparences trompeuses (avec une photo, il est facile de pervertir la réalité) …

… cette baie ne donne vraiment pas envie d’un séjour prolongé. D’ailleurs aucun complexe ou restaurant touristique n’est implanté ici.

Nous revenons sur nos pas pour tenter de négocier le prix du bungalow. Mais, vu que nous n’avons pas d’autres choix (et que le fils du patron chinois parlant un peu anglais doit bien le savoir), nous payons le prix (700THB soit 9,50€ notre lit séparé) bien que la piscine soit à l’abandon et qu’il n’y ait pas d’autres clients.

Nous partons ensuite à pieds dans le restaurant le plus proche boire notre Chang quotidienne. Une grande tablée de 8 farangs anglophones, accompagnés de leur guide thaï, arrivent juste après nous. Ils doivent être hébergés dans l’autre complexe hôtelier à l’extérieur de la ville.

On se dépêche de commander un plat de crevettes très bien cuisinées.

Il est temps de rentrer pour pianoter et se reposer un peu après cette très belle journée à travers les monts thaïlandais.