La nuit a été compliquée. Malgré notre superbe chambre, un bruit intermittent de tuyauterie a fortement perturbé notre sommeil. Même avec mes boules Quiès, j’ai été gêné. Dommage … Sinon tout était parfait. A 8h30, nous quittons Knight Alley Hotel pour nous rendre dans un restau hindou repéré hier soir et y déjeuner.

En s’y rendant, je suis toujours aussi surpris par ce contraste saisissant entre modernité et désuétude. Sur la gauche un méga complexe a été érigé avec un Novotel en haut de cette structure. Au fond, les nuages sont accrochés sur les sommets. Nous y allons droit dessus !

Ce matin, c’est Nico qui s’y colle pour tracer la route. Après être sorti de la ville par la route principale, nous empruntons de charmantes petites routes à travers la campagne afin d’éviter la route 1. Nous longeons notre première plantation de mangues.

De temps en temps, le chemin bitumé se transforme en chemin tout court. Mais nous sommes à couvert et hors bruit. C’est un régal !

Cependant, cela ne dure pas éternellement. Il nous faut revenir sur la route 1 qui longe parfois l’autoroute E1. Heureusement, les abords nous permettent de faire des pauses notamment pour regarder et, surtout, sentir le durian (appelé ici le The King of Fruits), ce fruit qui pue ! Il y a d’ailleurs des panneaux dans les hôtels pour interdire de les consommer sur place.

Nous continuons notre chemin en évitant au maximum la route 1. De ce fait, au lieu de faire 73 kms, nous allons nous en coltiner 20 de plus. La route est vallonnée. En descendant les pentes, nous croisons de vieux camions chargés qui se traînent à quelques kms/heure. Nous longeons à présent des massifs montagneux dont les sommets sont mangés par la brume. La roche de ces massifs est exploitée pour fabriquer du ciment. Au pied, la cimenterie de Gunong Pondok est impressionnante.

Nous traversons à nouveau d’immenses plantations de palmiers à huile. Des forêts sont déboisées pour planter ces arbres. Cela doit vraiment rapporter gros. Heureusement, dans les petites vallées, les cultures traditionnelles perdurent. Des champs de maïs et des rizières se partagent l’espace.

Vers midi, l’heure des estomacs sonnent. Nous arrivons à l’entrée du village de Kampung Geliong. Nous nous arrêtons déjeuner dans le premier restaurant qui se trouve en contrebas de la route. C’est un restau hindou. Deux tables sont occupées par des locaux. Notre arrivée soulève à nouveau des questionnements.

Nous commandons la spécialité de la cheffe : mee goreng ayam (nouilles frits au poulet et crevettes). A nouveau, on se régale. En dessert, je goûte les pâtisseries maison accompagnées d’un vrai café noir. Le tout pour 11RM (2,5€).

De nombreux chats surveillent les cuisines et, surtout, les restes dans les assiettes. Avec nous, ils risquent de crever la dalle. Nos gamelles repartent vides à chaque repas !

La reprise s’avère à chaque fois difficile. Le repas qu’ils faut digérer, les muscles qui se sont refroidis, la fatigue qui arrivent, la chaleur de plus en plus accablante. Et là, il nous faut grimper une rampe pour accéder à un passage qui longe la voie ferrée. Nous traversons le Victoria Bridge qui enjambe le fleuve Perak River. Celui-ci se jette beaucoup plus au sud dans l’estuaire de Bagan Datuk.

Nico gère le tracé. Dès qu’il peut éviter la route principale 1, il nous fait passer sur la droite ou sur la gauche pour quelques hectomètres voire kilomètres à l’écart de la circulation. Cela nous oblige à nous arrêter assez fréquemment aux interminables feux tricolores des carrefours. Mais, au moins, on roule au calme. Et, de plus, pour éviter le bruit des bagnoles et camions, j’ai branché ma musique sur Ludwig Van Beethoven. Alors que nous traversons un lotissement dans le ville de Kampung Pisang, il est attiré par un couple en train de ramasser un énorme fruit. Il s’arrête demander le nom de ce fruit. La femme nous invite à entrer dans son jardin.

Nous allons y passer une bonne demi-heure. Ce couple est charmant. Ils sont professeurs tous les deux et parlent parfaitement anglais. Ils nous indiquent des bons plans de visite. Puis, nous proposent de goûter ce fruit qui se nomme jackfruit. C’est délicieux. Comme nous adorons, ils nous remplissent le Tupperware de Nico. Hélas, la journée avance. Comme nous avons réservé un hôtel à Ipoh en buvant un jus de pomme glacé auparavant et qu’il reste de la route à faire, il nous faut quitter ce couple et le père de l’un des deux.

Il est 16h30. Nous entrons dans la périphérie d’Ipoh. Le ciel se couvre méchamment. Cela sent l’orage à plein nez. Espérons que nous aurons le temps de gagner notre hôtel.

Nous accélérons l’allure en taillant au plus direct. Plus question de faire des zigs et des zags. Le vent s’est arrêté. L’air est chargé d’électricité. Quelques gouttes commencent à tomber. Et, quelques secondes après, le déluge s’abat. J’ai à peine le temps d’enfiler ma veste jaune à un feu que je suis déjà trempé. Nous mettons le clignotant à un arrêt de bus. Un couple et une jeune femme à scooters patientent également.

En quelques minutes, la route est inondée. La rigole derrière nous est devenue un torrent qui charrie toutes les saloperies jetées sur les bas-côtés. Nous restons une bonne demi-heure en attendant que ça se calme. La jeune femme à scooter repart. Nous attendons encore un peu. Puis nous y allons aussi. Par contre, il nous est impossible de sortir les portables pour suivre la trace. On se remémore le parcours et en avant toutes et tous, je pousse ! Mais, à peine quelques minutes plus tard et, après être sorti de la route 1, l’orage repart de plus belle. Nouvel arrêt au stand sous le parking scooter d’une usine qui fabrique les gants MAPA !

Quand vous en enfilerez pour faire la vaisselle ou lorsque je reprendrais les miens pour d’autres expéditions cyclistes, rappelons-nous de cet endroit. Comme nous, les ouvriers patientent. Une fois que l’orage est passé, tout ce monde rentre chez soi. Il nous faut encore rouler 6 kms en ville pour nous rendre à notre hôtel proche du centre. Ici, il n’a presque pas plu. Nous y arrivons vers 18h00. Cette fois-ci, aucune embrouille à déplorer. L’hôtel et la chambre sont propres.
Nous partons ensuite dîner en ville. Nous y rencontrons un jeune couple français qui vadrouille en bus à travers le monde pendant un an. Ils nous renseignent pour se rendre à Cameron Highlands. Comme ils sont aussi voyageurs à vélo, ils nous déconseillent fortement d’y monter à vélo. En effet, il y a 85 kms et plus de 2.000mètres de dénivelé. Nous aviserons demain sur le programme à venir. Fin de cette nouvelle longue journée de presque 100 bornes.
Bonjour Gaël, Après l’épisode du journal du Fiston qui me fait savourer les bons plats et découvrir ce pays, je suis friande de te lire tous jours tes écrits -Merci- Bonne continuation j’espère que Nico ne souffre pas trop des hémorroïdes